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Au MIT, des “Oreologues” percent le mystère le plus frustrant du célèbre biscuit

SI vous n’arrivez pas à séparer vos Oreos équitablement, ce n’est pas votre faute mais celle du fabricant. Et c’est le MIT qui le dit !

En science, il y a des travaux qui sont pleins d’implications pour le futur, et d’autres dont la portée est… disons, nettement moins importante. C’est le cas d’une étude aussi cocasse qu’intéressante produite par des chercheurs du prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT); ils se sont penchés sur le phénomène ô combien important de la… fission des Oreo.

Plus précisément, ils ont tenté de répondre à un mystère que certains amateurs de biscuits bicolores ne connaissent que trop bien. Chacun a sa méthode privilégiée pour consommer ces friandises; mais ceux qui ont l’habitude de faire pivoter les deux parties pour attaquer la garniture avant le biscuit savent que les Oreo comportent un défaut de fabrication rédhibitoire.

En effet, il est extrêmement difficile d’obtenir une répartition équitable. Le plus souvent, cette garniture se retrouve majoritairement sur l’un des deux biscuits.On se retrouve alors avec un biscuit qui en est recouvert, alors que son alter ego en est quasiment privé. Une situation évidemment intolérable, et il était grand temps que la science se penche sur cette question absolument fondamentale.

Un aléa de fabrication intolérable

Les chercheurs du MIT se sont donc mis au travail pour que l’humanité puisse enfin se régaler d’Oreo parfaitement scindés ! Pour ce faire, ils ont soumis les biscuits à un rhéomètre. C’est un outil régulièrement utilisé en mécaniques des fluides; il permet d’étudier le comportement et les paramètres physiques d’un fluide, comme sa viscosité, en le mettant en rotation à l’aide d’une plaque.

Et leur expérimentation a produit des résultats concluants. Ils ont confirmé statistiquement que la répartition de la crème était souvent inégale; la majorité du temps, elle se retrouve presque totalement sur l’un des deux biscuits alors que l’autre en est dépourvu. Et cela n’a rien à voir avec les paramètres que l’on pourrait suspecter intuitivement, comme la vitesse de rotation.

La distribution de la crème n’est pas affectée par le taux de rotation, la quantité de garniture ou le parfum”, explique Crystal Owens, doctorante en ingénierie mécanique au MIT. Les seuls à bénéficier d’une séparation quasiment parfaite, d’après les chercheurs, provenaient de boîtes plus anciennes.

D’après eux, cette différence est directement liée au mode de fabrication et de conditionnement des biscuits. “Ils commencent par mettre le premier biscuit, puis une boule de crème avant de refermer avec un deuxième biscuit après un délai”, explique Owens. “Apparemment, ce petit délai suffit à faire en sorte que la crème adhère mieux au premier.”

C’est donc un véritable crève-cœur pour les amateurs de ce mode de consommation; à moins de changer le mode de fabrication, la fracture des Oreo sera le plus souvent inégale. Ô rage, ô désespoir… Il ne reste plus qu’à faire tourner une pétition pour reconstruire l’intégralité des usines du groupe Mondelez sur la base de cette information cruciale.

© Owens et. al.

L’Oréologie, nouvelle vocation des scientifiques gourmands

Mais plus sérieusement, une fois que l’on passe outre le côté insolite et bon enfant, il y a quand même quelques bases tout à fait sérieuses dans ces travaux; il ne s’agit pas que d’une récréation pour scientifiques de haut niveau. Il s’agit surtout d’une expérience tout à fait sérieuse de rhéologie, la science de la déformation et de l’écoulement de la matière. Cela a d’ailleurs permis aux chercheurs de produire un petit jeu de mot bien trouvé en se baptisant eux-mêmes “Oreologues“, un jeu de mot entre le nom du biscuit et la rhéologie.

C’est une discipline d’une complexité invraisemblable, mais elle est particulièrement importante pour notre compréhension de très nombreux phénomènes. Cela concerne évidemment la science des matériaux fondamentale, mais aussi des problèmes très concrets dans l’hydrologie, la géologie, mais aussi l’industrie.

Par exemple, l’agroalimentaire doit souvent travailler avec des fluides au comportement complexe comme du miel, des chocolats, des préparations fromagères… Il est donc important de maîtriser la science qui se cache derrière pour permettre aux machines de fonctionner correctement et durablement.

Et c’est précisément ce que les chercheurs ont voulu faire en tentant de plier la crème à leur volonté. Même s’il s’agit d’un délicieux snack, c’est aussi un fluide complexe, et il est donc très intéressant d’en explorer les propriétés physiques. De son côté, Owens s’y intéresse, car elle travaille normalement sur l’impression en 3D à base de fluides complexes.

En tout cas, il semble que nous avons déjà un candidat de tout premier plan pour les prochains Ig Nobels, ce prix parodique qui récompense chaque année dix travaux scientifiques susceptibles de “faire rire les gens dans un premier temps, puis de les faire réfléchir”.

Le papier de recherche est disponible ici.

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Source : Ars Technica

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