Elon Musk, est une personnalité décidément clivante, et les récentes polémiques au sujet d’un éventuel rachat de Twitter en sont encore un excellent exemple. Mais s’il y a bien une qualité qu’il faut reconnaître au fondateur d’Xcom, Tesla, SpaceX et Neuralink, c’est qu’il a le nez particulièrement fin lorsqu’il s’agit de flairer de véritables filons technologiques.
Alors forcément, lorsque ce sulfureux milliardaire a annoncé l’année dernière qu’il comptait révolutionner le labeur humain avec un robot humanoïde (voir notre article), toute la tech a tendu l’oreille et froncé les sourcils. Le projet est encore balbutiant et Tesla n’a quasiment pas communiqué dessus pour l’instant; mais Elon Musk continue en tout cas d’y croire dur comme fer. C’est en tout cas ce qui ressort de ses propos dans une interview TED publiée hier.
L’entrepreneur commence par tirer son chapeau aux progrès fulgurants de la robotique ces dernières années. En citant explicitement Boston Dynamics, dont les cybercréations n’en finissent plus d’épater la planète, l’entrepreneur se félicite du fait que l’humanité commence à devenir très compétente lorsqu’il s’agit de produire des robots.
Mais Musk rappelle aussi qu’il y voit aussi un revers de la médaille. Si nous maîtrisons effectivement bien l’aspect robotique, nous sommes encore loin du compte pour l’aspect logiciel. “Les [robots] qui sont faits aujourd’hui manquent encore d’intelligence pour naviguer dans le monde réel et faire des choses utiles sans qu’on le leur ait spécifiquement ordonné”, explique-t-il.
“Plus important que la voiture”
C’est à cet aspect que Musk veut s’attaquer avec son futur Tesla Bot. Pour rappel, il s’agit d’un humanoïde polyvalent aux airs de mannequin de vitrine high-tech, haut d’environ 1m80. L’entrepreneur espère que ce robot assister les humains au quotidien en répondant à des commandes simples, mais aussi en anticipant ses besoins.
Au bout du compte, sa mission sera avant tout d’”éliminer les tâches dangereuses, répétitives et ennuyeuses” pour les humains en les assumant à sa place. Et il faut bien admettre que sur le papier, cette technologie dispose d’un potentiel invraisemblable. Il pourrait véritablement s’agir d’une révolution sans précédent dans l’histoire de notre civilisation, au même titre que des technologies qui ont été déterminantes dans la trajectoire de l’espèce humaine.
En tout cas, Musk en est convaincu. Il n’hésite pas à placer ces robots au même niveau, et même au dessus d’un des symboles historiques de l’industrie humaine : l’automobile. “Les gens ne le réalisent pas encore, mais les robots humanoïdes vont être plus importants que la voiture”, affirme le milliardaire sans détour. Il estime même que tous les foyers pourraient disposer d’un engin de ce type d’ici 2050.
De plus, si Musk s’attend à ce que le prix de tels robots soit évidemment très important au début, il suggère aussi que le tarif pourrait chuter extrêmement vite. En effet, ces engins deviendront de plus en plus utiles, ce qui encouragera une fabrication de masse susceptible de faire baisser les prix. Musk s’attend à ce qu’il devienne rapidement inférieur à celui d’une voiture standard.
De la voiture au bipède, il n’y a qu’un pas
Il en profite également pour affirmer qu’il s’agit bien d’un scénario très terre-à-terre, et que des entreprises commencent déjà à faire de gros progrès sur ces questions de navigation et d’autonomie… à commencer par une qu’il connaît très bien. “Ce sont deux choses dans lesquelles Tesla est très bon”, affirme-t-il.
“Ça m’a pris un certain temps pour réaliser que pour résoudre la conduite autonome, il faut résoudre plus généralement le problème de l’IA appliquée au monde réel”, explique-t-il. “Et à partir du moment où vous résolvez ces problèmes d’IA pour une voiture – qui n’est rien d’autre qu’un robot sur 4 roues-, vous pouvez aussi généraliser cela à un robot bipède”.
Mais cette perspective ô combien enthousiasmante doit aussi être abordée avec prudence. Car même si Elon Musk est du genre pressé et qu’il n’a pas peur de mettre les moyens pour maintenir le rythme, l’IA est probablement le seul sujet sur lequel il a toujours fait preuve d’une grande prudence.
En effet, il clame depuis une dizaine d’années déjà que l’IA finira par représenter un risque de premier plan pour la civilisation si ce virage technologique est mal abordé. Il en profite donc pour réclamer à nouveau une agence de régulation globale sur l’intelligence artificielle. Il assure aussi que Tesla fera tout son possible pour installer des contre mesures sur tous ses produits à base d’IA.
Une chronologie très “muskienne“
Mais d’ici à ce que ces problématiques deviennent concrètes, Musk compte bien faire honneur à sa réputation de fonceur; comme d’habitude, il ne faudra pas compter sur lui pour ralentir la cadence ou pour se montrer prudent sur les délais annoncés. “Je pense que nous aurons un prototype intéressant cette année”, affirme-t-il dans une nouvelle déclaration tapageuse.
“Nous pourrions avoir quelque chose d’utile l’année prochaine, mais je pense que c’est plus probable dans deux ans”, embraye-t-il. Il ne précise pas ce qu’il entend par “utile”. Mais dans tous les cas, comme toujours avec Musk, ce calendrier semble très ambitieux; à voir si le projet progressera aussi vite qu’il l’attend… et dans quelles conditions.
En tout cas, ce qui est indiscutable, c’est que l’explosion de ce type de technologie semble inéluctable… Et Elon Musk est encore une fois positionné à la perfection pour dominer un nouveau marché importantissime. Encore plus que SpaceX, cette niche pourrait faire de Tesla un titan commercial et industriel aux proportions encore jamais vues dans l’histoire de l’humanité. Rendez-vous dans quelques années pour les premiers éléments de réponse.
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