La Turquie veut conquérir l’espace… avec un kebab

Depuis quelques années, nous assistons à une nouvelle course à l’espace, plus d’un demi-siècle après la Guerre froide. Mais derrière les États-Unis qui dominent leur sujet et la Chine qui progresse à une vitesse étourdissante, certains doivent se contenter de projets plus modestes. C’est le cas de la Turquie, où un restaurateur s’est fixé un objectif pour le moins cocasse : envoyer la plus célèbre des spécialités locales, le kebab, aussi haut que possible dans l’atmosphère… et éventuellement dans l’espace !

Le pays n’est entré dans la course à l’espace que très récemment. L’Agence Spatiale turque est encore très jeune puisqu’elle a été fondée en 2018. Mais cela ne l’empêche pas d’être ambitieuse; l’année dernière, le quotidien Daily Sabah a relayé les propos du président Erdogan qui a annoncé un vrai programme spatial en bonne et due forme. L’objectif : permettre à la Turquie de rejoindre le cercle très fermé des nations ayant quitté notre berceau terrestre.

Le programme avance à grande vitesse et fait partie des plus prometteurs à l’heure actuelle. Mais les premiers résultats concrets ne sont pas attendus avant 2023 au plus tôt; c’est à cette date que le pays envisage d’envoyer une première mission à destination de la Lune. Et d’ici 2030, c’est le premier rover turc de l’histoire qui pourrait partir explorer notre satellite.

Au lieu de patienter sagement en attendant cette échéance très excitante, c’est un particulier au profil inattendu qui a pris le relais à une échelle très différente, et avec un projet particulièrement insolite. Interesting Engineering a en effet repéré une drôle d’histoire relatée par le quotidien local Daily Sabah. Yaşar Aydın, un restaurateur local, veut permettre aux joyaux de la gastronomie turque d’atteindre de nouveaux sommets — littéralement .

Un kebab stratosphérique comme ambassadeur gastronomique

Pour ce faire, il s’est associé à l’entrepreneur et étudiant en aérospatiale İdris Albayrak. Ce dernier a fondé Alba Loon Space, une startup qui compte produire des ballons au service de la science atmosphérique et spatiale.

Ensemble, ils ont conçu une boîte hermétique qu’ils ont accrochée à un ballon d’hélium équipé de caméras et d’un tracker GPS. Leur objectif : l’expédier le plus haut possible avec un kebab à bord. Ils ont ainsi attendu une date symbolique pour procéder au lancement, et l’occasion s’est présentée ce 12 avril.

C’est une date importante dans l’histoire de l’aérospatiale. En effet, cela marque l’anniversaire du tout premier vol spatial de l’histoire, réalisé par le légendaire cosmonaute russe Youri Gagarine à bord du fameux Vostok. Aydın a souhaité lui rendre hommage à sa manière; et il n’a pas été déçu puisque le kebab le plus “fly” de l’histoire a atteint les 38 kilomètres d’altitude ! Pas sûr qu’il soit resté chaud très longtemps.

Forcément, le ballon a fini par crever; la boîte a donc plongé droit dans la mer en contrebas. Mais il n’a pas été perdu pour autant; après l’avoir récupéré grâce au tracker GPS, Aydın et son équipe ont réalisé que les poissons en avaient bien profité. Et ce boute-en-train en a profité pour plaisanter sur l’issue de la “mission”. “Je crois que les aliens l’ont renvoyé parce qu’il était trop poivré. J’enverrai un kebab moins épicé la prochaine fois”, a-t-il plaisanté.

Le premier kebab spatial attendra

Et la formule n’est pas choisie au hasard. En effet, ce “lancement” était le premier de ce qui s’annonce comme un drôle de feuilleton. Car si le plat d’Aydın était encore bien loin d’atteindre la Ligne de Kármán, limite “officielle” de l’espace située arbitrairement à 100km, il ne compte pas s’arrêter là pour autant. Interesting Engineering a repéré et traduit une autre interview, cette fois dans le quotidien Cumhuriyet, où Aydın annonce clairement son intention de faire encore mieux.

“Nous avons réussi à envoyer ce kebab à un certain niveau de l’atmosphère, mais nous arriverons peut-être à aller encore plus haut à l’avenir”, s’enthousiasme-t-il. Parviendra-t-il à ses fins un jour ? Rien n’est impossible à une époque où des entrepreneurs peuvent envoyer des voitures dans l’espace sur un simple coup de tête (voir notre article). Et si on se fie à la traduction automatique des dialogues (à prendre avec des pincettes, évidemment), cela semble effectivement être son objectif final. Avec un peu de chance, l’essor du programme spatial turc permettra peut-être à Aydın d’atteindre son objectif ô combien insolite de revendiquer officiellement le premier kebab extraterrestre.

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