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Drones livreurs : dix ans après, Amazon Prime Air peine encore à décoller

En 2013, Jeff Bezos dévoilait un ambitieux programme de livraison aérienne baptisé Prime Air. Presque dix ans plus tard, on constate que ses drones livreurs ne se sont pas imposés aussi vite que prévu.

Cela fait bientôt dix ans déjà qu’Amazon a dévoilé pour la première fois son grand projet d’effectuer ses livraisons par drone. À l’époque, l’idée était encore assez novatrice et avait fait sensation. On pouvait donc s’attendre à ce que le programme soit relativement mature en 2022, à une époque où les constructeurs proposent des appareils volants toujours plus impressionnants. Pourtant, les drones d’Amazon Prime Air continuent de faire du sur place depuis qu’ils ont obtenu l’aval de l’administration américaine en 2020.

D’après Bloomberg, qui s’est penché sur le parcours chaotique d’Amazon sur ce segment, les obstacles sont encore nombreux et ce mode de livraison est encore loin de se démocratiser. Pour commencer, la firme aurait du mal à conserver les employés clés du programme. Le taux de turnover serait assez important, ce qui empêcherait de progresser avec régularité.

Un débat récurrent sur la sécurité

Mais surtout, le média américain s’attarde longuement sur de nombreux “risques de sécurité potentiels”. Il rappelle notamment que l’entreprise a dû faire face à cinq crashs consécutifs sur une période de quatre mois.

Elle mentionne également un épisode litigieux survenu en mai 2021. Un drone se serait écrasé au sol après avoir perdu une hélice; un scénario qui doit déclencher automatiquement une investigation. En théorie, ces événements sont du ressort de la Federal Aviation Administration (FAA), l’autorité fédérale qui gère tout le trafic aérien aux États-Unis.

Mais selon Bloomberg, Amazon aurait pris soin de faire le ménage avant l’arrivée des enquêteurs. Ces derniers auraient donc fait chou blanc une fois sur les lieux. L’entreprise a cependant rejeté cette accusation en bloc; par l’intermédiaire de son porte-parole Av Zammit, elle a expliqué qu’elle avait reçu un ordre préliminaire de la National Transportation Safety Board.

La FAA a cependant pu enquêter sur un autre incident un mois plus tard. Dans son rapport obtenu par Bloomberg, on apprend qu’un drone s’est brutalement retourné avant de plonger vers le sol. Après une chute de près de 50 mètres, il se serait écrasé violemment. L’impact aurait provoqué un feu de prairie qui aurait détruit une surface ce 25 acres. Soit l’équivalent d’une grosse dizaine de terrains de football.

Même son de cloche du côté de Wired, qui rapporte des difficultés logistiques comparables en Grande-Bretagne. Bloomberg explique aussi que certains employés accusent Amazon de donner la priorité au développement rapide plutôt qu’à la sécurité; une employée a apparemment été licenciée pour avoir manifesté son inquiétude de manière trop insistante.

La sécurité est notre priorité absolue

Mais Av Zammit, porte-parole d’Amazon, a en tout cas assuré le contraire. Dans une interview accordée à The Verge, il a déclaré que la firme continuait de travailler dur sur son programme de test. Il a aussi assuré que toutes les procédures étaient respectées.

“La sécurité est notre priorité absolue”, se défend-il. “Nous utilisons un terrain privé pour tester nos engins bien au-delà de leurs limites réelles. Avec des tests rigoureux comme ceux-là, ces événements sont attendus. Nous appliquons l’expérience collectée lors de chaque vol pour améliorer la sécurité du suivant. Personne n’a jamais été blessé dans le cadre de ces vols, et chaque test est réalisé en accord avec la législation en vigueur”, martèle-t-il.

Ce qui est certain, c’est qu’entre les obstacles environnementaux, technologiques, réglementaires et logistiques, Amazon n’est décidément pas sortie de l’auberge. L’arrivée de cette technologie semble plus ou moins inévitable à long terme; mais il faudra encore probablement patienter de longues années avant de pouvoir être livré par un drone n’importe où en moins d’une demi-heure, comme Jeff Bezos l’a promis en 2013.

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