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La capture de carbone va-t-elle devenir un marché à plus de 20 milliards ?

De nombreux acteurs croient dur comme fer à cette technologie qui permet d’extraire le CO2 de l’atmosphère. Suffisant pour récupérer un peu de marge de manœuvre ?

Dans un rapport repéré par SciencePost, un cabinet de recherche qui travaille sur les enjeux énergétiques de demain explique qu’il croit dur comme fer au concept de la capture de carbone pour lutter contre le réchauffement climatique. Pour le cabinet norvégien Rystad Energy, en plus d’être l’une des solutions les plus prometteuses, cette approche pourrait aussi cacher un véritable filon industriel.

La capture de carbone fait partie de ces technologies qui ont en vent en poupe en ce moment. Le concept est on ne peut plus simple; si le dioxyde de carbone pose problème dans l’atmosphère, il suffit de le renvoyer d’où il vient ! Il s’agit donc d’extraire le C02 atmosphérique manu militari, afin qu’il cesse de participer à ce fameux effet de serre.

Aujourd’hui, une partie des observateurs reste un brin sceptiques; mais cela n’a pas empêché de très nombreux industriels de s’emparer de la question. Après tout, la méthode est souvent présentée comme l’avenir de la lutte contre le réchauffement climatique.

La séquestration de carbone est vue comme une composante fondamentale de la décarbonisation de la société, nécessaire pour passer le cap de la transition énergétique”, explique un analyste du groupe dans le communiqué. “Même si cette technologie date des années 70, le nombre de projets annoncés a explosé sur les deux dernières années”, affirme-t-il.

© Rystad Energy

De très nombreux projets déjà dans les tuyaux

On peut par exemple citer l’immense projet norvégien Longship. Il prévoit de séquestrer des millions de tonnes de carbone sous forme liquide. Ce CO2 sera alors déversé dans d’anciennes poches de ressources fossiles; il y restera scellé à tout jamais, à près de trois kilomètres sous le fond marin.

Elon Musk s’y intéresse également. En mai 2021, il a lancé un concours à 100 millions de dollars pour récompenser celui ou celle qui accouchera d’une grande idée susceptible d’extraire au moins 1000 tonnes de CO2 superflu de l’atmosphère pour le transformer en carburant pour fusées.

Avec un tel engouement, on peut s’attendre à ce que cette niche industrielle finisse par peser lourd à l’avenir. Et il ne s’agit pas de long terme. Le cabinet Rystad Energy explique en effet que les dépenses consacrées à la séquestration de carbone pourrait exploser; elles pourrait passer de 2,8 milliards en 2021 à environ 20 milliards de dollars d’ici 2025 ! Au total, les dépenses liées à la capture et au stockage de carbone dépasseraient ainsi les 50 milliards de dollars.

Le communiqué de Rystad mentionne 56 projets commerciaux de ce type déjà en activité, pour une capacité de capture totale de 41 millions de tonnes de CO2 par an. D’ici 2025, ces chiffres vont vraisemblablement exploser. Le rapport précise que 84 projets commerciaux de ce type sont en cours. La plupart d’entre eux verront le jour du côté de l’Europe et de l’Amérique du Nord. Ils devraient permettre d’extraire, puis de stocker environ 150 millions de tonnes de dioxyde de carbone par an.

Pour ces raisons, le GIEC place d’ailleurs la séquestration du carbone parmi ses cinq recommandations principales (voir notre article) pour ralentir le réchauffement climatique. Espérons que ces démarches permettront au moins de nous offrir un peu de marge de manœuvre supplémentaire le temps que le reste de l’industrie et des gouvernements se mettent au diapason. Car l’urgence est désormais absolue, comme l’a encore rappelé le dernier rapport de l’institution.

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Source : Rystad Energy

4 commentaires
  1. J’ai peut être de trop vagues souvenirs des mes cours de bio, mais à tout hasard, les plantes au sens large, et les forêts dans mon idée, ne consomme pas de CO2?

    Au lieu de s’emmerder là avec des rustines, une politique de reforestation massive, de végétalisation en ville etc devrait être plus efficace et durable que tout ça. Après, si ça peut être fait en parallèle, OK, surtout si on y trouve un intérêt industriel par la suite, mais bon toujours chercher compliquer.

  2. Je suis tout à fait d’accord avec Som’, surtout que les forêts ne font pas qu’absorber du carbone, elles contribuent à de multiples services essentiels, comme la préservation de la biodiversité et des réserves d’eau. Alors, c’est sûr qu’on peut réutiliser le carbone d’une manière industrielle, mais on devra être confronté à d’autres problèmes si les forêts sont détruites.

  3. Et si on pendait tous ces futés qui nous mènent à l’extinction en faisant mumuse avec notre planète ?

  4. @Som’ : Malheureusement, une politique de reforestation massive serait insuffisante. Rien que pour réduire de 0.5°C l’augmentation de température estimée, il faudrait rajouter l’équivalent des Etats-Unis en termes de surface boisée. Donc non seulement il faudrait une politique de reforestation mondiale (après avoir arrêté la déforestation massive de certains zones comme l’Amazonie…), mais il faudrait aussi s’assurer que ces forêts sont pérennes sur la longue durée, sachant que si certaines zones ne sont pas boisées naturellement, ce n’est pas pour rien. Il faudra aussi faire attention à cela n’ait pas d’effets négatifs a priori inattendus aussi. Typiquement, boiser des zones “claires” (sable, neige ou même une simple plaine) réduit la capacité du sol à réfléchir les rayons du soleil. La végétalisation des villes a un effet négligeable à ce niveau, si ce n’est pour la pollution urbaine.
    Après, comme tu dis, il faut faire les choses en parallèle. La reforestation, peu importe son échelle, aide. Personne ne prétend miser sur une seule méthode.

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