Hyundai fait partie de ces constructeurs qui misent gros sur le développement des nouvelles formes de mobilité aérienne. Depuis quelques années, la firme coréenne a posé les bases de son développement dans ce sens avec Supernal, sa succursale dédiée au développement d’ eVTOLs. Elle espère ainsi avancer ses pions sur le futur segment des véhicules volants individuels; et d’après New Atlas, ce programme va bientôt passer à la vitesse supérieure avec une nouvelle technologie de propulsion à l’hydrogène.
Après avoir testé cette technologie sur ses véhicules électriques Nexo, elle compte désormais l’intégrer à un véhicule volant un peu particulier, le SA-1. Il s’agit d’un VTOL, c’est-à-dire un appareil capable de décoller et d’atterrir à la verticale, un peu comme un hélicoptère. Contrairement à ces derniers, ils sont cependant équipés pour avancer sans devoir incliner leur rotor vers l’avant.
Comme son homologue japonais Toyota, Hyundai fait partie de ces entreprises qui se sont intéressées assez tôt à l’hydrogène; malgré la mode des voitures électriques, dont la popularité globale et l’image de marque ont décollé en même temps que les Tesla d’Elon Musk, elles continuent de poursuivre leurs travaux sur ce segment.
Les deux marques continuent d’ailleurs de proposer des modèles à hydrogène; leurs catalogues respectifs comprennent respectivement la Mirai et la Nexo, qui utilisent toutes les deux cette technologie. Mais en l’intégrant à un appareil volant, Hyundai semble vouloir prendre une avance considérable sur ce segment.
Un vrai changement de paradigme
En l’occurrence, il s’agirait d’un concept légèrement différent. Cet appareil à hydrogène ne serait pas un VTOL, mais un STOL (“short takeoff and landing”). Cet acronyme désigne des appareils capables de décoller et d’atterrir non pas à la verticale, mais sur des pistes exceptionnellement courtes. Un mode de fonctionnement bien plus adapté aux trajets urbains et interurbains qu’un avion standard. A terme, il pourrait aussi remplacer les moteurs actuels sur l’ensemble de la gamme. C’est un avantage énorme par rapport aux modèles d’ eVTOL actuels, dont l’autonomie reste globalement assez limitée.
Cette stratégie n’est absolument pas une exploration technologique hasardeuse; les enjeux sont même très importants. Comme chacun le sait aujourd’hui, le modèle actuel de l’aviation est fondamentalement incompatible avec bon nombre des enjeux climatiques qui nous attendent au tournant. De nombreux observateurs considèrent donc que le modèle de l’aviation commerciale tel qu’on la connaît aujourd’hui est condamné.
Il y a donc urgence à développer de nouvelles approches; et à ce niveau, l’hydrogène fait partie des pistes prometteuses. Une aubaine pour Hyundai, qui a donc pu miser sur la continuité en exploitant son expertise déjà importante sur cette technologie. Et occupant ainsi le terrain de façon préventive, elle pourrait bien se retrouver dans une position très avantageuse si cette transition attendue de l’aviation finit bien par avoir lieu.
Tout un modèle à reconstruire
Mais avant de savoir si ce pari sera payant ou non, il reste beaucoup de travail dans tous les cas. A commencer par le fait que si Hyundai maîtrise son sujet lorsqu’on parle d’hydrogène, elle est encore relativement novice dans le monde l’aviation. Et ça, la marque en a bien conscience. “Il ya beaucoup de choses en aviation que nous devrons apprendre et comprendre”, expliquait Yesh Premkumar, manager du projet Supernal, lors d’un salon.
Pour développer son grand projet de transition aéronautique, Hyundai compte donc apprendre au contact de tous les acteurs concernés. Les professionnels de l’aéronautique, évidemment, mais pas seulement, car cette transition dépasse de loin le simple cadre de la technologie. C’est un virage qui devrait aussi se ressentir au niveau de l’infrastructure et de l’urbanisme, mais aussi de l’environnement et des habitudes de vie de la population.
À l’heure actuelle, la firme estime que ses premiers eVTOLs devraient arriver sur le marché d’ici 2028. Les STOL à hydrogène, quant à eux, pourraient être commercialisés en 2030. Il sera donc intéressant d’observer les évolutions parallèles de ce projet et de l’aéronautique traditionnelle d’ici la fin de la décennie.
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