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Amazon s’attaque au Starlink d’Elon Musk avec un contrat spatial record

Arianespace, Blue Origin et United Launch Alliance ont été choisis pour lancer les satellites Kuiper, signant ainsi la “plus grande acquisition commerciale de lanceurs de l’histoire.”

Depuis quelques années déjà et en particulier depuis que le Starlink d’Elon Musk a le vent en poupe, Jeff Bezos envisage de lui faire de l’ombre avec sa propre constellation de satellites web, baptisée Kuiper. En l’état, le projet est encore à des années-lumière de celui de SpaceX qui fournit déjà une connexion à de nombreux terminaux, notamment en Ukraine. Mais le fondateur d’Amazon n’a pas dit son dernier mot; la firme vient de signer un gigantesque contrat avec Arianespace, ULA et… sa petite sœur Blue Origin pour rattraper son retard.

Ces tiers auront la lourde charge de lancer 3236 satellites web. Ils seront dispatchés au cours de 83 lancements distincts. Le montant exact de ce contrat pharaonique n’a pas été communiqué; mais d’après l’annonce Amazon, il s’agirait tout simplement la “plus grosse acquisition commerciale de lanceurs de l’histoire”.

L’objectif sera de déployer la future constellation web Kuiper, qui sera exploitée par Amazon (et non pas Blue Origin). Ce système entend se poser en concurrent direct du réseau Starlink de SpaceX.

Les satellites et récepteurs comme Starlink pourraient changer beaucoup de choses dans l’écosystème numérique moderne, et Jeff Bezoz en a parfaitement conscience. © Starlink /SpaceX

David contre Goliath

Jusque là, ce dernier s’est imposé comme le leader toute catégorie ce segment, du moins en ce qui concerne les entreprises privées. Avant même l’arrivée de la 2e génération, présentée comme révolutionnaire, le service est déjà opérationnel et affiche des performances honnêtes malgré un tarif conséquent. Starlink semble sur une excellente dynamique et ses concurrents auront fort à faire pour le déloger.

Mais il en faut plus pour avoir raison de l’opiniâtreté légendaire de Jeff Bezos. Dans l’ensemble, il réitère plus ou moins mot pour mot les promesses originales du Starlink de SpaceX. « Le Projet Kuiper fournira un haut débit rapide et abordable à des dizaines de millions de clients dans des régions non couvertes ou mal couvertes à travers le monde entier », a déclaré Dave Limp, haut responsable d’Amazon Devices & Services.

Kuiper s’appuiera directement sur Amazon Web Services, l’incontournable plateforme cloud qui sous-tend une grande partie de l’infrastructure web mondiale. Et c’est probablement là qu’Amazon aura une vraie carte à jouer. Car si Starlink dispose d’une avance indiscutable, Amazon est à la tête d’un empire technologique à des années-lumière de l’infrastructure de SpaceX. Et c’est indiscutablement un élément qui pèse lourd dans la balance dès que l’on parle de connectivité.

Quoiqu’il en soit, pour Amazon, cet énorme contrat est indiscutablement une tentative de rattraper son retard sur la coqueluche de Twitter. Et pour y parvenir, Amazon a monté une vraie équipe de choc.

© CNES

Arianespace trouve preneur pour sa fusée maudite

Comme précisé en introduction, ces satellites seront lancés par trois tiers différents. Le premier est Ariansespace, l’opérateur européen des services de lancement. C’est une valeur sûre pour Blue Origin ; l’institution dispose en effet d’une connaissance absolument parfaite de l’orbite terrestre basse acquise au cours de nombreuses missions emblématiques, dont le lancement du James Webb Space Telescope récemment.

L’opérateur s’est engagé à fournir pas moins de 18 fusées Ariane 6 à Amazon, ce qui en fait le contrat “le plus important de l’histoire d’Arianespace”. Une véritable aubaine pour cette dernière. En effet, cette fusée Ariane 6, qui doit entrer en service cette année, souffre du même problème que le SLS de la NASA; c’est un engin anachronique dont le développement a commencé à une époque où la fusée réutilisable n’était qu’une lubie pour amateurs de science-fiction bien gratinée.

Mais depuis, la situation a bien changé et le modèle du lanceur unique semble un brin désuet, pour ne pas dire complètement obsolète. Une décision qualifiée à postériori de “mauvais choix stratégique” par Bruno Le Maire lui-même, et qui a poussé l’Europe à démarrer le développement de Maïa. Il s’agit d’un nouveau lanceur, cette fois réutilisable, et donc avec des perspectives d’avenir beaucoup plus évidentes.

Mais en attendant Maïa, Arianespace tente tant bien que mal de rentabiliser les coûts de développement. Et à ce niveau, le contrat représente indiscutablement une immense bouffée d’air frais; il lui permettra d’aborder plus sereinement la prochaine page de son histoire. Dans l’ensemble, c’est une bonne nouvelle pour l’aérospatiale européenne qui continue de faire pâle figure face à ses concurrents directs.

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Blue Origin, compagne satellite d’Amazon sous la houlette de Jeff Bezos en personne, sera évidemment de la partie. © Blue Origin

Un poids lourd de l’industrie et un visage connu en renfort

Le deuxième heureux élu est United Space Alliance, plus connu sous l’acronyme ULA. Sous ses airs plus discrets que SpaceX et Blue Origin, il s’agit néanmoins d’un acteur de tout premier plan de l’aérospatiale américaine. C’est un opérateur de référence qui se distingue par sa fiabilité exemplaire et son taux de succès absolument invraisemblable dans cette industrie : 100% de respect des délais avec un taux de succès de 100% !

C’est d’ailleurs un collaborateur de longue date de Blue Origin; ULA s’était déjà engagée à fournir neuf véhicules Atlas V dans le cas du programme Kuiper. Ce nouveau contrat renforce encore largement ses prérogatives avec pas moins de 47 lancements. Une partie de ces lancements seront réalisés par l’intermédiaire de leur nouveau lanceur Vulcan, un bijou d’ingénierie qui devrait jouer un rôle central dans l’aérospatiale de demain.

Le dernier partenaire d’Amazon n’est autre que sa compagnie satellite Blue Origin – tout un symbole; une collaboration qui semblait évidente connaissant la proximité entre les deux structures. La firme pilotée par Jeff Bezos procédera à au moins 12 lancements à bord de sa fusée New Glenn.

Ces trois intervenants constituent désormais le bras armé du programme Kuiper, et force est de constater qu’il est plutôt musclé. Reste à voir si Amazon parviendra à refaire son retard, voire même à dépasser un Starlink qui fait encore largement la course en tête.

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