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NASA : changement de programme pour le retour des échantillons martiens

Les échantillons inestimables collectés par Perseverance ne reviendront finalement pas sur Terre à la date prévue, car la mission a été significativement modifiée.

C’est une chose d’envoyer des robots pour étudier d’autres planètes, mais le plus intéressant reste de pouvoir le faire directement, ce qui implique de ramener les échantillons collectés sur Terre. La NASA et l’ESA prévoient de le faire lors de la deuxième moitié de la décennie pour récupérer du matériel martien, mais l’opération ne se déroulera pas comme prévu ; les deux agences viennent d’annoncer des changements significatifs dans cette mission à l’importance scientifique colossale.

Elles se sont exprimées pendant la Semaine de l’Aérospatiale organisée par l’Académie des Sciences, d’ingénierie et de médecine américaine. Elles ont commencé par annoncer que le coût de la mission Europa Clipper, qui doit aller visiter la lune éponyme de Jupiter, coûterait plus cher que prévu ; son prix total est désormais estimé à 5 milliards de dollars, contre 4,25 milliards auparavant.

Un trésor scientifique à récupérer coûte que coûte

Mais l’information la plus intéressante de l’événement était certainement l’annonce des changements significatifs qui attendent la mission Mars Sample Return (MSR). Comme son nom l’indique, cette mission a vocation à rapatrier les échantillons collectés sur Mars par Perseverance.

La nouvelle coqueluche de la NASA, qui a récemment fêté son premier anniversaire sur place, est certes capable de réaliser quelques analyses préliminaires directement sur place, grâce à son petit laboratoire embarqué. Mais l’engin sera bien incapable de les ramener lui-même ; pour l’instant, il se contente de laisser ses prélèvements à la surface de la planète, bien à l’abri dans des tubes hermétiques.

Le premier trou foré par Perseverance. © NASA/JPL-Caltech

Perseverance aura donc besoin d’un peu d’aide. Ce coup de pouce, c’est le Sample Fetch Rover (SFR) qui le lui fournira. Il s’agit d’un rover indépendant, qui devait à l’origine être déposé en même temps que sa navette retour, baptisée Mars Ascent Vehicule. Sa seule et unique mission : de faire le ménage derrière Perseverance. Il se chargera de récupérer tous les échantillons afin de les ramener sur Terre.

Une fois sa collecte terminée, il est censé entamer le voyage retour à bord du même Mars Ascent Vehicule qui l’aura déposé là. Ce dernier se chargera de catapulter le rover en orbite martienne. Il sera alors transféré dans un autre véhicule, l’Earth Retrurn Orbiter; il prendra enfin le chemin de la Planète Bleue, les bras chargés de poussière rougeâtre.

Cette manne scientifique sera alors soigneusement conditionnée par les équipes de la NASA. Elle aura droit au même traitement que les fameux “moonrock” ramenés de la Lune par les équipages des missions Apollo. Ils pourront alors être étudiés en détail pour tenter de percer les secrets de la planète rouge.

Le nouveau calendrier de la mission Mars Sample Return. © NASA

Les yeux plus gros que la Lune

Sur le papier, cette échéance est prévue à l’horizon 2026. Le problème, c’est que la NASA a récemment réalisé que son programme actuel était trop ambitieux. C’est en tout cas l’avis de la commission indépendante consultée par Thomas Zurbruchen, le responsable de toute la recherche scientifique à la NASA.

D’après la commission, la date de 2026 serait tout simplement “irréalisable”, car “le prix et le calendrier du programme ne sont pas compatibles” en l’état. Ils ont aussi pointé du doigt certaines considérations techniques importantes ; pour eux, l’approche qui consiste à envoyer le rover et le MRV en même temps, à bord du même véhicule, est à la fois trop risquée et peu pertinente.

Des mises en garde dont Zurbruchen a pris bonne note ; alors que cette échéance avait pourtant été avancée l’année dernière, il vient de dévoiler un programme ajusté, et cette fois subdivisé en deux lancements distincts. Le premier servira uniquement à envoyer le Sample Fetch Rover; dans un deuxième temps, le Mars Ascent Vehicle sera déployé à l’occasion d’un second lancement. Une approche plus onéreuse, mais aussi plus sûre et plus abordable en termes d’ingénierie.

Évidemment, cela implique de repenser certains aspects fondamentaux du programme. L’échéance va donc être retardée de deux ans au minimum ; au lieu de partir en 2026, la mission ne sera pas lancée avant 2028. Par extension, cela signifie aussi que les chercheurs ne pourront pas mettre la main sur ces échantillons avant 2033 au plus tôt.

Heureusement, le programme est encore dans sa phase préparatoire de conception et de développement. Les deux agences n’auront donc pas eu à sacrifier des années de travail avant de se rendre compte de ce point faible. Mais dans tous les cas, il faudra encore patienter un certain temps avant de pouvoir récupérer ces échantillons attendus comme le messie.

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