Particulièrement touché par les fake news, YouTube opère depuis déjà plusieurs mois une suppression et une démonétisation drastique de tous les contenus qu’il juge contraires à son règlement. Déjà affectée par la désinformation massive pendant les dernières élections présidentielles américaines, puis par les campagnes vaccinales contre le covid-19, la plateforme doit aujourd’hui faire face à de nombreuses fake news autour du conflit russo-ukrainien. Problème, si elle se contente généralement de démonétiser les contenus sensibles, cela ne servirait strictement à rien, assure une étude.
Selon Cornell Tech, la monétisation YouTube serait depuis longtemps décorrélée de la manière dont les créateurs et créatrices de contenu gagnent de l’argent. La faute à des restrictions souvent trop pointilleuses de la part de la plateforme, qui démonétise automatiquement certains sujets (comme la sexualité par exemple), obligeant les vidéastes à trouver de nouvelles options pour financer leur travail.
La démonétisation empire les fake news
En réalité, peu de vidéastes tirent un revenu conséquent de la monétisation YouTube. D’autant plus que selon l’étude menée par Cornell et de l’École polytechnique fédérale de Lausanne, la plupart des créateurs de contenus “problématiques” sont nombreux à miser sur des revenus annexes, comme Patreon ou Utip. Au total, ils seraient ainsi 61 % à faire appel à la générosité de leur public, contre 18 % pour l’ensemble des chaînes YouTube.
Pire encore, la démonétisation aurait tendance à radicaliser son créateur. Pour s’assurer une meilleure rémunération, ces derniers auraient en effet tendance à affirmer davantage leurs opinions, afin de toucher un public plus engagé, et donc plus enclin à les soutenir financièrement. “D’autre part, cela peut également encourager les créateurs à adopter une rhétorique qui divise”, précise l’étude.
Patreon doit prendre ses responsabilités
Pour éviter de voir proliférer des contenus sensibles sur YouTube, l’étude appelle ainsi les plateformes de financement alternatif à revoir leur copie, en se montrant plus minutieuses concernant les créateurs et créatrices qu’elles hébergent. Dans tous les cas, il incombera sans doute à YouTube de prendre d’autres mesures fortes. Le mois dernier, le directeur des produits de l’entreprise, Neal Mahon, avait soumis l’idée de mesures plus agressives pour empêcher la prolifération de contenu problématique sur la plateforme.
L’étude complète est à retrouver ici.
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