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NASA : Eugene Parker, Roi-Soleil de l’astrophysique, s’est éteint

La communauté scientifique vient de perdre l’une de ses étoiles les plus brillantes.

Eugene N. Parker, pionnier de l’étude du Soleil, nous a quittés le 15 mars dernier. Il laisse derrière lui un héritage scientifique absolument colossal; ce théoricien de génie, mort à l’âge de 94 ans,  a été le tout premier à anticiper l’existence des vents solaires, donnant lieu à une véritable révolution en astrophysique.

Depuis que l’information a été rendue publique par la NASA, des hommages ont fleuri de toutes parts; tous les professionnels du secteur ont salué ce grand précurseur de l’héliophysique, à commencer par le grand chef de la NASA en personne. “Nous sommes profondément tristes d’apprendre que l’un des grands esprits et meneurs scientifiques de notre temps s’est éteint”, a annoncé l’administrateur Bill Nelson.

Une sommité scientifique à l’héritage colossal

La formule n’est pas choisie au hasard; Parker était et restera dans les mémoires comme un “visionnaire”, une véritable sommité dans son domaine. Et c’est tout sauf une exagération. “Gene Parker était une figure légendaire de notre discipline“, affirme Angela Olinto, la doyenne de la faculté de physique de Chicago où il a fait ses armes académiques.

Il est directement à l’origine de plusieurs véritables révolutions générationnelles en astrophysique; ses travaux ont permis de définir certaines des questions fondamentales de la cosmologie telle qu’on la connaît aujourd’hui. “Le champ de l’héliophysique – l’étude du Soleil, de sa dynamique et de son système – existe en grande partie grâce au docteur Eugène Parker”, insiste son collègue Thomas Zurbruchen, administrateur de la branche scientifique de l’agence.

Les contributions du Dr Parker à la science et à notre compréhension du fonctionnement de l’univers touchent l’ensemble de nos travaux ici à la NASA“, continue Bill Nelson. “Son héritage vivra à travers les nombreux travaux actuels et futurs de l’agence qui seront construits sur les fondations posées par son travail”.

Cette image d’Eugene Parker, transi d’émotion devant le lancement de la sonde qui représentait le travail de toute une vie, fait partie des superbes moments qui nous rappellent que la science est avant tout une affaire d’humains. © NASA

Un visionnaire incompris qui a du jouer des coudes

Le premier temps fort de sa carrière est arrivé lorsqu’il a proposé une théorie extrêmement audacieuse pour l’époque; il est le premier à avoir théorisé l’existence des vents solaires, ce flux de plasma supersonique produit par notre étoile.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que sa publication fondatrice (Dynamique des gaz interstellaires et des champs magnétiques, 1958)  était très, très loin de faire l’unanimité. Initialement, elle a même été balayée d’un revers de la main par certains des chercheurs les plus influents de l’époque. Il l’expliquait dans une interview à l’Université de Chicago en 2018.

La vision prédominante à l’époque était que l’espace était absolument propre, rien dedans, un vide total”, résumait-il dans une interview.  “Le premier relecteur du papier a dit : “C’est ridicule. Avant d’écrire un papier scientifique, tu devrais au moins prendre la peine d’aller à la bibliothèque et de te renseigner un peu sur le sujet””, raconte-t-il.

Mais Parker, sûr de son fait, n’en démord pas. “Pas d’autre remarque, pas d’autre commentaire… s’ils ne peuvent pas me dire ce qui ne va pas, c’est que mon papier doit être plutôt bon !” se remémorait-il avec un sourire espiègle.

Une sonde légendaire à son nom

Le papier a finalement été publié malgré les réticences du comité de relecture, et bien leur en a pris. Le visionnaire a fini par avoir sa revanche; la consécration est arrivée quatre ans plus tard, avec la sonde Mariner 2. Lors de soin voyage vers Vénus, cette dernière a été la première à observer les particules hautement énergétiques en question. Celles-ci provenaient directement du Soleil… exactement comme l’avait prédit Parker.

60 ans plus tard, ces travaux sont passés à la vitesse supérieure avec la Parker Solar Probe; cette sonde solaire révolutionnaire a en effet été baptisée en son honneur. Tout comme son illustre père spirituel, l’engin est également à l’origine de découvertes spectaculaires; il s’est notamment illustré en devenant la première construction humaine à “toucher” le Soleil en décembre dernier, ce qui représente un exploit scientifique de premier plan.

Son illustre parrain désormais disparu, la sonde continuera d’honorer sa mémoire au quotidien; au fil de ses révolutions autour de l’astre chéri de Parker, elle apportera sa contribution aux nombreuses questions fondamentales que le visionnaire a travaillé à définir pendant plus d’un demi-siècle de recherche à la pointe de l’astrophysique.

Vous pouvez retrouver le superbe hommage de l’université de Chicago à cette adresse.

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Source : NASA

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