Le grand public est aujourd’hui bien conscient qu’il faut s’attendre à une montée considérable du niveau des océans, conséquence directe du réchauffement climatique. Lorsqu’on aborde ce problème, nous avons tous tendance, et c’est bien normal, à penser d’abord aux conséquences humaines. Mais ce n’est pas le seul élément qu’il faudra prendre en compte; il faudra vraisemblablement revoir la logistique portuaire de fond en comble.
C’est en tout cas la conclusion d’un rapport du Fond de Défense pour l’Environnement (EDF, pour Environmental Defense Fund) qui s’est intéressé aux conséquences du réchauffement climatique sur la marine marchande. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a de quoi faire grise mine entre les inondations ponctuelles, la montée globale des eaux et surtout les phénomènes climatiques extrêmes qui se profilent.
Ces derniers, en particulier, constituent une menace de premier plan pour cette industrie. Aujourd’hui, d’après le rapport, près de 20% des navires marchands perdus le sont à cause de la météo. Or, de très nombreuses études scientifiques ont déjà montré que les tempêtes violentes étaient de plus en plus nombreuses. Et la tendance n’est pas près de s’inverser. À l’avenir, le fait de jouer au chat et à la souris avec des cyclones pourrait bien faire partie de la routine des porte-conteneurs; une situation qui générerait forcément des surcoûts importants.
L’infrastructure également menacée
Et il ne s’agit pas que des bateaux eux-mêmes, mais aussi de l’infrastructure et de la logistique portuaire. Pour commencer, le moindre dégât sur ces équipements massif peut très vite se chiffrer en millions d’euros. Mais surtout, ces événements forcent le port à fonctionner au ralenti, voire à fermer quelque temps dans les cas extrêmes.
Et même en l’absence de phénomènes extrêmes, les ports devront quand même s’adapter à ce nouveau statu quo. Ils devront protéger toutes leurs structures, voire même les surélever ou déplacer entièrement le port dans les cas extrêmes.
Mis bout à bout, ces éléments vont générer des pertes très importantes pour les exploitants. Le rapport affirme que ces pertes s’élèveront vraisemblablement à 10 milliards de dollars par an d’ici 2050. Si aucune action d’envergure n’est entreprise d’ici là, ce chiffre pourrait même atteindre 25 milliards par an en 2100. D’après The Verge, cela représente un coût supérieur aux profits opérationnels annuels de toute l’industrie du transport de conteneurs…
Une marge de manœuvre très limitée
Cette mauvaise nouvelle tombe dans un contexte déjà compliqué pour la marine marchande, mise à mal par la pandémie de Covid-19. “Comme la pandémie de Covid-19 qui a fait basculer notre chaîne d’approvisionnement globale dans la crise, l’urgence climatique aura des conséquences majeures sur le commerce international”, explique le communiqué de l’EDF.
Le dernier souci, c’est qu’il est assez difficile de proposer des pistes satisfaisantes, et donc de se montrer optimistes sur cette question. Certes, il existe bien des projets intéressants comme ceux d’Oceanbird, dont le porte-conteneurs à voiles écoresponsable devrait prendre la mer en 2024. Mais à l’échelle de la catastrophe écologique qui s’annonce, ces initiatives représentent une goutte d’eau dans l’océan, et c’est le cas de le dire.
Car le réchauffement climatique est un problème qui dépasse de loin le simple cadre de la marine marchande, et il faudrait un effort conjoint de tous les secteurs de l’industrie pour inverser la tendance… ce qui a malheureusement peu de chances d’arriver dans les temps, si l’on se base sur la tendance actuelle.
Le texte complet du rapport est disponible ici.
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