Décidément, l’araignée Joro est une sacrée baroudeuse. A l’automne dernier, nous vous parlions de cette grosse espèce asiatique qui s’est fait remarquer en colonisant tout l’état de Géorgie, aux États-Unis; aujourd’hui, des travaux repérés par Gizmodo suggèrent qu’elle y serait tellement à l’aise qu’elle serait bien partie pour coloniser toute la côte est du pays !
Les individus de cette espèce, baptisée Trichonephila clavata, sont assez impressionnants visuellement. En plus des couleurs vives qu’ils arborent, les adultes peuvent présenter une envergure proche des 10cm. C’est à peu près la taille de la tégénaire géante, la plus grosse araignée identifiée sur le territoire français. Cela reste bien plus petit que certaines autres espèces, comme Heteropoda maxima, dont l’envergure peut atteindre les 30cm, mais il s’agit quand même d’un beau morceau.
Un intrus qui se sent comme chez lui
À l’origine, ces araignées spectaculaires proviennent directement d’Asie; on les trouve notamment au Japon, en Corée et à Taïwan, ainsi que dans quelques régions de Chine. En 2013, elles ont débarqué aux États-Unis par inadvertance, vraisemblablement à bord d’un conteneur commercial.
Et cette espèce s’est apparemment sentie à son aise en Géorgie, un état connu avant tout pour ses vergers; en quelques années, elle a colonisé la zone à une vitesse impressionnante; à tel point qu’un entomologiste a même comparé sa cour au repaire de Shelob, la terrible araignée du Seigneur des Anneaux !
Fort heureusement, cette espèce n’est pas agressive par nature; de plus, sa morsure, bien que douloureuse, n’est dangereuse que s’il existe un contexte allergique. La prolifération de l’araignée Joro ne constitue donc absolument pas un problème de santé publique. En revanche, la vitesse à laquelle elle s’est installée a tout de même intrigué les chercheurs.
Une colonisation rapide qui pose de nombreuses questions
En effet, il est de notoriété publique que les espèces invasives ont tendance à déstabiliser les écosystèmes qu’elles colonisent. Le meilleur exemple reste celui du frelon asiatique qui mène la vie dure à nos abeilles. Or, ce dérèglement peut être d’autant plus important lorsque les espèces prolifèrent aussi rapidement que Trichonephila clavata.
Lorsque le phénomène a pris des proportions impressionnantes en Géorgie, à l’automne dernier, les chercheurs se sont donc intéressés de plus près à l’impact de cette araignée bariolée sur la faune et la flore. Après plusieurs mois de travaux soutenus, l’Université de Géorgie vient de publier son analyse sur la situation.
Dans un communiqué, elle récapitule les conclusions de ces travaux. La première d’entre elles confirme l’hypothèse qui semblait déjà se dessiner en novembre; cette espèce invasive est désormais chez elle, il n’y a “plus grand-chose à faire pour les arrêter”. Il va donc falloir apprendre à vivre avec. Fort heureusement, il ne s’agit pas forcément d’une mauvaise nouvelle.
Pas d’impact sur l’écosystème géorgien…
En effet, d’après Andy Davis, l’un des entomologistes à l’origine de l’étude, elle se serait remarquablement bien intégrée à son nouvel écosystème; elles n’auraient absolument pas modifié l’équilibre délicat qui y règne, notamment au niveau de la chaîne alimentaire. Au contraire, elles pourraient même servir de nouvelle source de nourriture pour les espèces d’oiseaux avoisinants et dévorer les punaises et nuisibles près des habitations.
Dans une seconde partie de l’étude, les chercheurs se sont intéressés aux perspectives d’avenir de cette espèce. Lors des travaux préliminaires en octobre dernier, ils avaient déjà suggéré qu’elle pourrait coloniser une zone bien plus large; une éventualité qui restait encore à vérifier.
Pour y arriver, les chercheurs se sont basés sur un point crucial pour toutes les espèces de la zone : la résistance au froid. En effet, sur la côte est des États-Unis, les hivers peuvent être assez rigoureux par rapport au climat clément qui règne en Géorgie. Seules les espèces suffisamment équipées pour résister à ce froid ont une chance de s’y installer durablement.
Les chercheurs ont donc soumis quelques araignées Joro à une température frisquette, tout en mesurant plusieurs paramètres physiologiques. Ils se sont rendu compte que l’activité métabolique de Trichonephila clavata demeurait relativement élevée dans ces conditions. De plus, elle s’est même montrée capable de résister à une brève congélation qui aurait tué la majorité des autres espèces locales.
…mais une prolifération attendue sur toute la côte est
D’après les chercheurs, cela signifie que l’araignée pourrait se sentir à son aise bien au-delà du climat agréable de la Géorgie; elle pourrait vraisemblablement coloniser la quasi-totalité de la côte est du pays. Elle y est d’ailleurs déjà parvenue sur son île natale, le Japon, où certains aspects du climat sont très similaires à ce qu’on trouve à l’est des États-Unis.
Et si les Trichonephila clavata sont effectivement d’humeur à voyager, elles ne devraient avoir aucun mal à le faire, en grande partie grâce aux humains. “Les chances que ces araignées se répandant grâce aux mouvements de population sont très élevées”, explique Benjamin Frick, l’un des auteurs de l’étude. “Pour l’anecdote, juste avant la publication de cette étude, nos avons appris qu’un étudiant en avait transporté une en Oklahoma par inadvertance !”, relève-t-il.
Et dans le pire des cas, cette espèce n’a pas besoin de l’humain puisqu’elle dispose déjà d’un mode de colonisation exceptionnel, parmi les plus efficaces toutes espèces confondues. En effet, elles se servent de leurs toiles, exceptionnellement denses et légères, pour s’élever au gré du vent et parcourir de grandes distances à la manière d’un parapentiste.
Un comportement qui peut donner lieu à de véritables “pluies” de bébé-araignée lorsque le vent tombe au printemps… Heureusement qu’elles ne représentent pas une menace pour la population de Géorgie, mais aussi du reste de la côte est qui va bientôt devoir s’habituer à sa présence.
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Moi je dis qu’étant donné l’état des relations diplomatiques entre la Chine et les USA, faudrait quand même penser à vérifier s’il n’y à pas des petits chinois planqués dans ces araignées asiatiques 🙂