Depuis le premier vol en combinaison par Yuri Gagarin en 1961, la logistique des combinaisons spatiales est restée un vrai casse-tête pour les agences spatiales. Ces véritables bijoux d’ingénierie sont, en substance, ni plus ni moins que des vaisseaux spatiaux à taille et forme humaine; ils sont donc excessivement difficiles à concevoir, à produire et à maintenir en bon état. Cela pose des problèmes de disponibilité pour les astronautes, en particulier pour les femmes, et la NASA espère bien y remédier.
Pour illustrer cette situation, le meilleur exemple est certainement la célèbre mésaventure de l’astronaute Anne McCLain. Lors de son passage à bord de l’ISS, en mars 2019, cette vétérane déjà rompue à l’espace aurait du faire partie d’une grande première : la première mission extravéhiculaire (EVA) exclusivement féminine. Malheureusement, rien ne s’est passé comme prévu à cause d’un problème lié à la combinaison de la star du jour.
La raison : un vulgaire problème de taille. Une fois sur place, l’astronaute a réalisé que sa combinaison était légèrement trop grande, la faute aux conditions de microgravité. Or, il n’y a pas de place pour l’approximation dans le vide de l’espace, et envisager une sortie dans ces conditions n’était pas une option. La seule possibilité restante aurait été de remplacer les éléments trop grands; c’est un processus parfaitement normal, puisque les combinaisons sont modulaires et prévues à cet effet.
Mais c’est aussi une opération compliquée qui nécessite plusieurs heures de préparation minutieuse; un délai malheureusement incompatible avec le temps imparti à la mission. Anne McClain a donc préféré céder sa place de façon à rester dans les délais.
Un exemple de niche représentatif d’un problème plus large
Au bout du compte, cet épisode n’aura pas eu de conséquences sur la mission en elle-même. En revanche, il a à nouveau démontré qu’il existe une énorme disparité à ce niveau; en effet, une partie non négligeable des combinaisons de la NASA date encore des années 1970, à une époque où l’archimajorité des astronautes étaient des hommes.
Aujourd’hui, cette proportion a évolué, mais les femmes restent largement minoritaires; depuis le début des vols spatiaux, seuls 11% des astronautes étaient des femmes. Mais la tendance évolue; l’ISS accueille aujourd’hui plus de femmes que jamais, ce qui pose un vrai problème logistique d’accès aux combinaisons.
La NASA, qui travaille en ce moment sur la prochaine génération de combinaisons spatiales, a donc eu une idée pour régler le problème non seulement pour les femmes astronautes, mais aussi pour tous les cas morphologiques possibles et imaginables : développer un scanner capable de produire des combinaisons sur mesure.
Le sur-mesure, une composante fondamentale de l’espace de demain
Bonnie Dunbar, aujourd’hui spécialiste de l’ingénierie aérospatiale à l’université du Texas A&M, en est convaincue : pour cette astronaute expérimentée, il s’agit de l’arme fatale pour résoudre un problème qui n’en finit plus de donner des maux de tête à la NASA depuis des décennies. Elle estime qu’une fois mature, un système de ce genre pourrait produire une combinaison parfaitement adaptée à chaque individu en deux temps, trois mouvements.
Mieux : ce système serait à la base d’une plateforme complète qui gérerait non seulement la construction, mais aussi la réparation et l’ajustement, directement sur place et en un temps record. Un changement de paradigme radical qui, sous ses airs un tantinet anecdotiques, pourrait bien devenir un élément fondamental du futur de l’aérospatiale.
Cela serait une véritable révolution logistique qui participerait à démocratiser l’accès à l’espace pour toutes les morphologies, indépendamment du sexe, de l’âge, et de tout autre paramètre externe. En pratique, cela permettrait de multiplier les missions extravéhiculaires. Cela pourrait aussi améliorer considérablement les conditions de travail des astronautes en leur proposant des combinaisons plus légères et plus mobiles.
Il s’agira aussi d’un élément indispensable pour assurer la sécurité des missions de longue durée, qui ne pourront pas se reposer uniquement sur le matériel initialement embarqué. Enfin, cela pourrait aussi être un élément crucial pour le développement du tourisme spatial.
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Qu’est-ce qui pose problème chez les femmes ? Serait-ce la poitrine qui diminue sous l’effet de la microgravité ? C’est une vraie question, l’article dit que c’est un problème de taille mais il n’y à pas de détail et si c’est bien de la poitrine dont on parle, j’aimerai bien savoir pourquoi cela est plus impacté que le reste du corps.
je pense que c est tout le corps , mais que le plastron pour pour les femmes est moins disponible ou a ete moins etudie que la version pour les hommes
Bonnie Dunbar est aussi et surtout une ancienne astronaute de la NASA avec à son actif 5 missions spatiales, une des plus expérimentées, hommes et femmes confindus