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Artemis 3 : le retour sur la Lune repoussé une nouvelle fois par la NASA

L’inspecteur général de la NASA estime qu’il ne faut pas s’attendre à voir l’équipage d’Artemis 3 débarquer sur la Lune en 2025.

À l’occasion d’une audition de suivi repérée par Space.com, l’inspecteur général de la NASA Paul Martin a confirmé une information à laquelle s’attendaient déjà de nombreux observateurs; le retour des Américains sur la Lune, prévu en 2025 à l’occasion de la mission Artemis 3, n’aura finalement pas lieu avant 2026.

Deux éléments en particulier ont joué un rôle considérable dans ce nouveau délai. Dans un premier temps, la NASA confirme qu’elle a accumulé un retard considérable du côté de l’alunisseur Human Landing System, l’engin qui se posera sur la Lune. Il lui faudra aussi faire des progrès considérables sur sa nouvelle génération de combinaisons.

“L’affaire HLS” a eu un impact considérable

Vu le temps nécessaire pour développer et tester l’Human Landing System et la prochaine génération de combinaisons spatiales, nous estimons que l’alunissage d’un véhicule avec son équipage va probablement être repoussé à 2026 au plus tôt”, concède Martin.

Il s’agit de retards somme toute assez prévisibles. Mais la NASA a également été confrontée à quelques incidents de parcours qui ne lui ont pas facilité la tâche. Certes, dans l’ensemble, sa nouvelle approche basée sur des partenariats privés à grande échelle est un vrai succès. Mais l’agence a aussi connu quelques frictions avec certains de ses collaborateurs.

Dans le cas précis du HLS, on pense notamment à l’imbroglio retentissant autour de la fameuse “affaire HLS”. Pour rappel, la NASA avait émis un appel d’offres afin de trouver des partenaires privés pour la construction de la pièce maîtresse du programme.

Les cadors du secteur, à commencer par SpaceX et Blue Origin, se sont donc précipités sur leurs téléphones pour réclamer une place dans ce programme prestigieux. Mais à force de vouloir faire pression sur l’agence, la firme de Jeff Bezos apparemment épuisé son capital patience; un marchandage qui n’a pas du tout plu à la NASA, qui a tout simplement fini par évincer la firme du programme sans autre forme de procès… ou presque.

Car dans la foulée, Blue Origin, passablement vexé, a mis tout son arsenal législatif en ordre de marche; la NASA et SpaceX ont dû faire face à un feu nourri d’actions en justice à répétition. Ce véritable déluge judiciaire a été tellement dense qu’il en a paralysé le programme Artemis. Blue Origin a fini par perdre son procès et les travaux ont pu reprendre, mais ces “7 mois d’interruption”ont indiscutablement joué un rôle dans ce nouveau report.

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“L’affaire HLS” a forcé la NASA à courber l’échine sous les coups de boutoir judiciaires de Blue Origin, ce qui a paralysé le programme Artemis pendant plusieurs mois. Capture d’écran YouTube – © Blue Origin

Boeing également pointé du doigt

L’aspect purement technique ne doit pas non plus être négligé. Et cela ne concerne pas seulement la mission Artemis 3, mais aussi les deux premières échéances du programme. À ce niveau, la NASA a également eu de mauvaises surprises dans le cadre de certains partenariats privés.

Cela commence par Boeing, qui ne s’est pas du tout montré à la hauteur des attentes de la NASA. En effet, le géant de l’aviation joue un rôle central dans le développement du SLS, le lanceur qui servira de bras armé aux premières étapes du programme. L’entreprise doit notamment s’occuper de toute la partie centrale, à l’exception du moteur, de la capsule Orion et de son support de fixation.

Le problème, c’est que l’avionneur a mal évalué l’ampleur de la tâche; aujourd’hui, la collaboration avec Boeing est surtout synonyme de délais faramineux et d’explosion du budget. En l’état, le projet SLS a déjà allègrement dépassé la dizaine de milliards de dollars rien qu’en développement. Sans surprise, la NASA s’est donc coupé court et cherché un autre partenaire moins dépensier; mais au niveau du calendrier, le mal est déjà fait.

Ce délai est aussi lié à une histoire d’approvisionnement et de gestion du personnel. Cet aspect a été particulièrement compliqué ces derniers temps. Une situation notamment due à la pandémie de Covid-19; celle-ci a sclérosé certaines chaînes logistiques cruciales et ainsi que les habitudes de travail de certains personnels à l’expertise indispensables.

D’autres délais à prévoir ?

En listant ces éléments, on se rend aussi compte que le retard aurait pu être bien plus important. Pour être honnête, il ne serait pas surprenant que cette échéance soit encore repoussée une, voire même plusieurs fois. Après tout, il s’agit déjà du deuxième report consécutif.

Selon le calendrier très orienté et plutôt fantaisiste initialement formulé par un Donald Trump en pleine croisade politique, Artemis 3 était censé se poser sur la Lune dès 2024. Un délai qui a fait sourire la plupart des observateurs; ceux-ci n’ont donc pas été surpris lorsque cette date a été décalée à 2025, et ne seront certainement pas plus étonnés d’apprendre ce nouveau report.

Reste à espérer qu’il ne s’agit que d’un contretemps; il serait dommage de voir ce projet se transformer en gouffre industriel susceptible de menacer l’existence même de l’agence.

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