D’après une étude publiée dans Nature Communications et repérée par Futura, des chercheurs ont cherché à déterminer quand l’augmentation du niveau des mers attribuable à l’activité humaine avait démarré. Ils ont estimé que cette dynamique avait vraisemblablement démarré entre 1860 et 1870. Soit au sortir d’un siècle de Révolution industrielle globale au Royaume-Uni, puis en Europe continentale et aux États-Unis.
Pour être plus précis, cette date correspond au moment où l’augmentation du niveau des mers est sortie du cadre de la variabilité naturelle (les anglophones parlent de “ToE” pour Time of Emergence). C’est une notion extrêmement importante pour étudier l’impact de l’homme sur son environnement.
Distinguer l’impact humain des variations normales et naturelles
En effet, même indépendamment de l’activité humaine, de nombreux paramètres dont le niveau des mers ont tendance à évoluer avec le temps, souvent de manière cyclique, et de façon parfaitement naturelle. C’est ce concept que l’on appelle variabilité naturelle, et il pose un défi considérable aux chercheurs.
Car pour estimer l’impact des humains, il est fondamental d’avoir une idée relativement précise de cette évolution naturelle. Dans le cas contraire, l’impact de notre espèce pourrait être tantôt surévalué, tantôt sous-estimé. Il serait donc quasiment impossible de produire des modèles climatiques cohérents.
En l’occurrence, leurs travaux montrent le phénomène de manière très claire. Sur le graphique de gauche, on constate nettement cette variabilité naturelle; avant 1700, la courbe fluctue, mais reste globalement assez stable. En revanche, la tendance change entièrement à partir de cette période.
La Révolution industrielle, un point de basculement critique
Dès 1760, date du début de la révolution industrielle anglaise, les nouvelles usines se sont mises à tourner à plein régime sans que quiconque soit conscient des enjeux écologiques. Résultat : le niveau de polluants atmosphériques s’est mis à grimper en flèche, ce qu’on distingue très nettement sur la courbe.
Moins d’un siècle plus tard, le mal était déjà fait; à partir de 1873, soit à peine plus d’un siècle plus tard, le niveau des mers était déjà entièrement sorti de la variabilité naturelle. Et il ne s’agit que de la date à partir de laquelle les chercheurs disposent d’une quasi-certitude. Leur modèle statistique, que l’on peut visualiser sur le graphe de droite, suggère que le ToE pourrait même être plus ancien. Il pourrait même remonter au tout début de la Révolution industrielle.
Une énième piqûre de rappel
L’étude a aussi conclu que le niveau des mers est non seulement bien loin de la variabilité naturelle depuis longtemps, mais aussi qu’il s’en est éloigné de plus en plus vite au fil du temps. En effet, l’augmentation du niveau de la mer d’origine humaine est passée de quelques dixièmes de millimètres par en entre 1700 et 1760 à environ 1,4mm par an entre 1940 et 2000, ce qui représente une augmentation très nette et loin d’êtr négligeable.
Ce sont des travaux qui démontrent une nouvelle fois l’impact indiscutable de l’activité humaine sur le niveau des mers. Ils rappellent du même coup l’urgence de la situation. Si aucune action déterminante n’est menée au cours des décennies à venir, la machine climatique pourrait s’emballer encore davantage. Nous assisterions alors à une nouvelle montée en puissance du phénomène, comme le prévoient déjà de nombreux modèles dont ceux du GIEC. Et l’urgence commence à se faire sentir, connaissant l’impact massif que peuvent avoir quelques centimètres d’eau supplémentaires sur les régions côtières.
Le texte de l’étude est disponible ici.
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