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Des chercheurs identifient la “vague la plus extrême” jamais documentée

Des chercheurs australiens viennent de présenter des travaux qui documentent la vague scélérate la “plus extrême” jamais enregistrée.

Des chercheurs canadiens de l’Université de Victoria viennent de publier les résultats d’une étude réalisée en novembre 2020. Dans ces travaux repérés par Futura, ils affirment avoir identifié la vague scélérate la “plus extrême” jamais documentée; en effet, cette gigantesque masse d’eau repérée par un capteur de la firme MarineLabs en Colombie Britannique, au Canada, s’est élevée jusqu’à 17,6 mètres de haut, soit plus de trois fois la hauteur moyenne des vagues environnantes.

Les “rogue waves”, ou vagues scélérates en français, font partie des rares éléments susceptibles de faire serrer les dents à un vieux loup de mer très expérimenté. En effet, ces vagues sont aussi soudaines qu’ inhabituellement hautes. La définition traditionnelle considère en effet qu’une telle vague doit être nettement plus élevée que la moyenne des vagues environnantes (on parle de rapport H/h). Pour qu’une vague puisse être considérée comme “scélérate, ce ratio H/h doit être supérieur à 2,1; la vague en question doit donc être au moins 2 (ou plutôt 2,1) fois plus haute que ses voisines.

En pratique, il s’agit de véritables murs d’eau qui ressembleraient presque à des tsunamis. Ils comportent cependant plusieurs différences critiques. On notera surtout que ces vagues ne résultent pas d’un séisme et n’engendrent pas de mouvements d’eau en profondeur. Mais cela ne les empêche pas de représenter un danger extrême pour les navires; même les plus aguerris des navigateurs ne peuvent anticiper ces vagues parfois qualifiées de “tueuses”.

Des “murs d’eau” extrêmement dangereux

En effet, un monstre de près de 20 mètres comme celui repéré par les chercheurs canadiens peut aisément faire chavirer une embarcation si elle la percute par le flanc. Et si elle le surprend par l’avant ou l’arrière, dans certains cas rares, le bateau peut se retrouver soulevé simultanément par les deux extrémités sans soutien au centre. Cela engendre un stress mécanique terrible qui peut rompre le bateau comme une vulgaire brindille.

Et pourtant, il ne s’agissait même pas de la vague scélérate la plus haute jamais observée . Cet honneur revient à une vague monstrueuse repérée par l’USS Ramapo, un tanker américain, en 1933; l’équipage a dû croire à la fin du monde lorsqu’il s’est retrouvé nez à nez avec un mur liquide de 34 mètres de haut. Malheureusement, aucun capteur scientifique n’a pu garder une trace de l’événement.

Pour trouver la vague scélérate la plus haute à avoir été strictement documenté, il faut faire un bon de plusieurs décennies pour arriver au 1er janvier 1995, date de la fameuse Vague du Nouvel An. Elle est parfois appelée Vague Draupner, du nom de la plateforme pétrolière norvégienne qu’elle a frappée du haut de ses 25,6 mètres. Mais à la différence de la précédente, celle-ci a pu être enregistrée par des capteurs scientifiques.

La vague repérée par MarineLabs présentait un rapport H/h de 2,9, ce qui constitue un record. © Gemmrich et. al.

Pas la plus haute, mais bien la plus extrême

La mise à disposition de la communauté scientifique de ces mesures a permis de nombreuses études, et les vagues scélérates sont aujourd’hui bien mieux connues. Mais malgré l’identification de très nombreux exemples frappants depuis la vague de Draupner, celle repérée par les chercheurs canadiens sort du lot par son ratio H/h extrême, estimé environ à 2,9. Il s’agit tout simplement du rapport le plus élevé jamais documenté, et par conséquent de la vague scélérate la “plus extrême” jamais observée. “Proportionnellement, la vague d’Ucluelet est vraisemblablement la vague scélérate la plus extrême jamais enregistrée”, affirme Johannes Gemmrich, auteur principal de l’étude.

Au-delà de ce record, ces données ont permis d’alimenter une base de données qui reste malgré tout assez maigre; en effet, il s’agit d’événements très rares qu’il est difficile de prendre sur le fait. Ces vagues restent donc encore assez mal comprises, avec tout ce que cela implique pour la sécurité des bateaux. “L’imprévisibilité des vagues scélérates, et la puissance brute de ces murs d’eau peuvent les rendre incroyablement dangereuses pour la marine et le grand public”, explique Scott Beaty, PDG de Marine Labs, l’entreprise dont le capteur a repéré la vague.

“La question de savoir s’il est possible de les prédire reste ouverte”, déplore-t-il. Mais MarineLabs ne désespère pas d’y parvenir, et va bientôt installer plusieurs dizaines de stations de mesure supplémentaires. “Ces données nous aident à mieux comprendre quand, où, et comment elles se forment, ainsi que le risque qu’elles représentent.”, conclut Beaty.

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Source : MarineLabs

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