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Il y a 100 millions d’années, les cafards se promenaient au grand jour

Si les cafards actuels sont discrets et préfèrent l’obscurité, leurs lointains ancêtres n’avaient apparemment aucun problème avec la lumière du jour.

Dans certaines zones et en particulier dans certains espaces insalubres, les cafards sont une véritable nuisance. En plus d’être peu photogéniques, ils peuvent poser un véritable problème de santé publique puisqu’ils sont aussi vecteurs de certaines maladies. Au fil de la sélection naturelle, ils ont appris à se terrer dans les recoins sombres des habitations pour éviter les humains… mais il n’en a pas toujours été ainsi.

C’est la conclusion d’une étude récemment publiée par des chercheurs japonais des universités d’Hokkaido et de Fukuoka dans Science of Nature, et repérée par Futura. En s’intéressant à la dépouille d’un cafard datant du Crétacé, piégé dans un écrin protecteur d’ambre, ils ont eu la surprise de découvrir deux grands yeux parfaitement préservés. Un signe distinctif qui leur a permis d’affirmer qu’ils avaient affaire à un spécimen d’Huablattula hui, une espèce disparue déjà connue mais jamais observée avec ce niveau de détail.

Le spécimen de cafard était remarquablement bien préservé et présentait plusieurs particularités morphologiques que nous avons pu observer en détail”, explique l’auteur principal de l’étude Ryo Taniguchi (à ne pas confondre avec le designer qui a conçu les mascottes des Jeux Olympiques de Tokyo en 2020).

Le fait de posséder des organes spécialisés aussi développés est toujours une découverte très enthousiasmante. En effet, en termes de sélection naturelle et d’évolution, ces structures sont traditionnellement adaptées à un mode de vie bien spécifique; en étudier la fonction permet donc de reconstituer une partie de l’existence de l’espèce en question.

Par exemple, si on découvre un fossile de poisson avec des yeux très réduits, voire absents, on peut en déduire qu’il s’agissait probablement d’un pensionnaire des abysses. Dans cet environnement, le manque de lumière rend la vision quasiment inutile; les yeux deviennent alors un poids mort évolutif qui a progressivement disparu à la faveur de la sélection naturelle.

© Taniguchi et. al.

Une blatte diurne aujourd’hui disparue

Le raisonnement est le même pour les cafards actuels. Puisque la grande majorité d’entre eux vivent terrés dans les coins sombres, ils disposent naturellement d’un sens de la vision assez peu développé et se reposent largement sur leurs antennes. À l’inverse, les gros yeux et les petites antennes d’Huablattula hui semblent indiquer assez clairement que ce cafard préhistorique vivait en plein jour. D’après les auteurs, ils se comportaient alors plus ou moins comme leurs lointaines cousines les mantes religieuses.

Une conclusion d’autant plus intéressante qu’elle montre une diversité jusque là complètement insoupçonnée au royaume des cafards. En effet, des analyses génétiques ont révélé qu’aucune espèce actuelle de cafard nocturne ne descend directement d’Huablattula hui. Les chercheurs imaginent donc que la population des cafards aurait été malmenée au cours de son histoire, soit par un prédateur, soit par la compétition avec d’autres insectes.

La lignée d’Huablattula hui, habituée à vaquer à ses occupations en plein jour, n’aurait pas survécu à cette période délicate. À l’inverse, les espèces qui étaient déjà légèrement plus adaptées à la vie dans l’obscurité auraient pu se servir de ce talent pour survivre, donnant ainsi naissance à une nouvelle lignée aujourd’hui majoritaire.

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Source : Futura

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