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Prix, délais, moteur Raptor… tout ce qu’il faut retenir de la conférence d’Elon Musk sur le Starship

Le béhémoth de SpaceX approche de sa mise en service; Elon Musk s’est montré particulièrement confiant lors de la conférence de cette nuit.

Ça y est : après plus de deux ans d’attente, Elon Musk a donné des nouvelles de son fameux STarship. Durant sa présentation, le fondateur de SpaceX a expliqué au public à quoi ressemblera le système Starship dans son ensemble, composé du vaisseau éponyme et du lanceur Super Heavy.

Le milliardaire a commencé par expliquer le déroulement d’un lancement. Après environ deux minutes de vol, l’ensemble atteindra la frontière de l’atmosphère. Le lanceur se désolidarisera alors du Starship afin de reprendre le chemin de la Terre. Mais contrairement aux lanceurs Falcon9, dont la récupération relève aujourd’hui presque de la routine, les lanceurs Super Heavy n’ont pas vocation à se poser sur une barge; ils rentreront directement à la base où, dans l’idéal, ils seront délicatement attrapés au vol par la tour de lancement elle-même après environ six minutes de vol.

Un rythme effréné typique d’Elon Musk

Cet enchaînement devrait permettre de faire passer la réutilisabilité de ces engins à la vitesse supérieure, et il ne s’agit pas que d’une expression. Musk affirme qu’à l’avenir, il serait possible de lancer un couple Starship – Super Heavy toutes “six à huit heures”, ce qui permettrait d’envisager jusqu’à trois lancements quotidiens du Starship. Le lanceur Super Heavy, lui, pourrait même être prêt à repartir au bout d’une heure à peine.. Un rythme effréné comme Musk en raffole, et bien au-delà des standards actuels de l’industrie.

Ces lancements serviront à acheminer des centaines de tonnes de charge utile en orbite. Et il y en aura bien besoin pour parvenir à la conquête de Mars dont rêve tant Elon Musk. Le milliardaire estime qu’il faudra acheminer environ 1 million de tonnes de matériel sur la Planète rouge pour y établir une colonie durable. Une perspective qui ne l’effraie absolument pas. “Starship en est capable”, affirme-t-il, sans détour.

Un prix par lancement toujours plus bas

Et, sans surprise, d’ajouter avec sa hâte habituelle : “Et je pense que nous devrions essayer le plus vite possible”. Pour y parvenir, il faudra évidemment développer une chaîne logistique à prix raisonnable. Et c’est l’un des objectifs principaux du programme Starship; malgré ses mensurations exceptionnelles, ce colosse devrait être relativement économique.

En effet, Musk explique qu’à terme, le Starship pourrait coûter moins de 10 millions de dollars par vol. Un chiffre qualifié de “follement bas” par Musk. Et pour une fois, il ne s’agit pas d’une hyperbole. Si SpaceX parvient effectivement à passer sous cette barre, il s’agira effectivement d’une petite révolution. À titre d’exemple, d’après Bloomberg, la NASA dépense environ… 152 millions de dollars par lancement. Même la fusée Falcon 9, l’actuelle bête de somme de SpaceX, en est très loin avec environ 60 millions de dollars par lancement. Passer sous la barre des dix millions serait donc un petit exploit en soi.

SpaceX devra une part conséquente de ces économies à la réutilisation de la structure; cela réduit très largement l’un des plus gros postes de dépense du secteur. Mais cela pourrait aussi être lié à l’aboutissement de la seconde version du moteur-fusée Raptor. Il semble que SpaceX ait enfin réussi à le dompter, après des mois de galère industrielle liée à cet élément incontournable.

Le Raptor V2 enfin domestiqué ?

En effet, ce moteur capable de développer 1800 kN de poussée est aussi censé être deux fois moins cher que son prédécesseur, ce qui représente une économie considérable. Mais jusqu’à récemment, il n’avait de cesse de donner des migraines aux ingénieurs. Une situation inconfortable, sachant qu’il s’agit d’un élément absolument indispensable pour mener à bien la totalité des plans de SpaceX. Le retard devenait même si important que Musk s’est récemment inquiété de ses conséquences dans une lettre interne assez dure qui comprenait les mots “faillite” et “désastre”.

En revanche, il n’a pas montré d’inquiétude particulière vis-à-vis de la suite des événements. La chaîne de production du Raptor V2 tournerait-elle donc enfin à plein régime ? Difficile à dire; Mais ça serait en tout cas une bonne nouvelle. Car SpaceX a du pain sur la planche à ce niveau-là; la firme aurait donc tout intérêt à se mettre à l’ouvrage le plus rapidement possible. En effet, le Starship embarque pas moins de 29 moteurs Raptor, et ce chiffre grimpera bientôt à 33.

C’est donc une mise à jour intéressante, mais loin d’être révolutionnaire de la part de Musk; il s’agissait davantage de confirmations que de nouvelles informations, mais au moins, le programme STarship semble sur de bons rails. Désormais, SpaceX va simplement devoir patienter jusqu’à ce que l’administration américaine termine son évaluation environnementale de la Starbase, le site de Boca Chica d’où partiront les Starships.

© SpaceX

SpaceX attend le verdict de la FAA

Si les conclusions de l’institution vont dans le sens de l’entreprise, cette dernière est déjà sur le pied de guerre. En effet, Musk s’est exprimé devant un couple Starship — Super Heavy entièrement assemblé; un engin qui se tiendra prêt à décoller pour réaliser le premier vrai test du duo dans les plus brefs délais dès que la FAA donnera son aval.

Space.com rappelle que dans le cas contraire, SpaceX devra s’astreindre à produire un Environmental Impact Statement; en substance, il s’agit d’un document qui démontre que les opérations de la firme respectent un certain nombre de critères environnementaux. C’est un processus long et laborieux qui retarderait considérablement les plans de SpaceX. Mais au moins, le cas échéant, elle pourra compter sur l’aide de la NASA. En effet, l’institution a déjà donné son accord pour que SpaceX puisse décoller du légendaire Kennedy Space Center si besoin. À terme, cette base éminente devrait même faire partie des nombreuses bases qui lanceront des Starships quotidiennement.

Une fois toutes les autorisations en poche, il ne restera plus qu’à tester le véhicule en long, en large, et en travers. L’objectif : s’assurer de sa fiabilité lors des futures missions au voisinage de la Lune et de Mars. Un processus qui s’annonce délicat, de l’aveu du fondateur lui-même. “Nous perdrons probablement quelques véhicules en cours de route”, concède-t-il. “Je crois que cela nous a pris 14 ou 15 tentatives pour le premier booster Falcon 9”, se remémore-t-il, en ajoutant que cette expérience leur permettra vraisemblablement de faire mieux avec le Starship.

Nous vous donnons donc rendez-vous à la prochaine échéance, en Mars prochain, pour savoir si la FAA donnera le feu vert à SpaceX; avec un peu de chance, nous ne sommes plus qu’à quelques semaines du baptême de l’air de ce titan qui promet déjà de révolutionner l’aérospatiale dans son ensemble.

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8 commentaires
  1. L’expression ‘mise en service’ me paraît peu approprié pour un premier vol expérimental. La mise en service sera pour plus tard avec un engin fiable. On en est pas encore là.

    Un autre point paraît complètement irréaliste, c’est le coût d’un lancement. Comment Starship, engin réutilisable peut-il être beaucoup moins cher que le lanceur actuel, lui aussi réutilisable, et beaucoup moins gros. Cela me rappelle les prévisions de la NASA au début des années 70 sur le coût des mission navettes qui devaient, elles aussi réduire considérablement le coût du kilo en orbite.

  2. “Le milliardaire estime qu’il faudra acheminer environ 1 million de tonnes de matériel sur la Planète rouge pour y établir une colonie durable”
    A supposer que la fusée embarque 10 tonnes de fret à chaque lancement cela signifie 10 000 lancement rien que pour cet objectif.
    Cela va demander énormément de carburant. Quand je pense qu’on veut me supprimer mon petit diesel qui satisfait à tous les contrôles techniques cela me fait rager.
    Déjà que cet individu pollue le ciel avec ses satellites par milliers et que personne ne l’en empêche, alors avec ses fusées il va rajouter une sacrée couche de pollution.
    Mais bon, il s’appel Musk.

  3. Penses tu être tout seul avec ton petit diesel ? Personne ne te dit de changer toi et seulement toi, c’est les 700 millions de véhicules du parc automobile mondial qu’il est bon de changer
    Et pour parler d’exagérations non nécessaires, déplacer 1 tonne de métal tous les jours pour aller au travail ou faire ses courses, pour transporter ses 70 kilos tout mouillés, c’est pas complètement absurde non plus?

  4. S’il vous plaît, ne discutons pas de l’empreinte carbone, d’autant plus qu’ArianeGroup compte toujours sur des fusées jetables à la mer après chaque utilisation et que la majorité des Européens ferment les yeux sur Thierry Breton qui dépense des milliards d’euros pour simplement dire à Musk que nous pouvons aussi faire des constellations pour fins indépendantes. On peut arguer du fait que la configuration logistique d’Arianespace fait plus de mal que Spacex.

  5. Le vrai problème est que l’on ait pas interdit l’invention de la roue il y a quelques milliers d’années. On manquait déjà de râleurs anti- progrès !

  6. Au-delà des performances individuelles d’un Raptor V2, ce qui pose vraiment question c’est la possibilité de faire fonctionner simultanément, de manière fiable et répétitive, plus de trente moteurs. Ne s’agirait-il pas là de la principale limite de faisabilité de ce projet ?

  7. Non, je ne pense pas que le principal problème soit les moteurs.
    je pense que le principal problème viens du bouclier thermique qui devra être contrôlé après chaque tir.
    comment changer rapidement les tuiles du bouclier thermique ??? …..
    (bouclier thermique du 2ieme étage)

Les commentaires sont fermés.

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