Sur le site de fouille d’Orcau-1, dans le sud des Pyrénées espagnoles, une équipe internationale de chercheurs internationale a fait une découverte saisissante ; ils sont tombés sur la dépouille fossilisée de ce qui semble être une toute nouvelle espèce de titanosaure.
Abditosaurus kuehnei – c’est son nom — était un véritable géant. Comme tous les titanosaures, donc le plus illustre représentant est probablement le fameux diplodocus, il présentait un corps massif et un cou extrêmement allongé qui lui permettait d’accéder à tous types de végétaux pour se nourrir en permanence. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il devait falloir une belle quantité de calories pour sustenter la bête; d’après les estimations des chercheurs, ce dinosaure était aussi long et aussi lourd qu’un autobus et demi (18 mètres de long pour environ 14 tonnes).
On imagine donc que la cinquantaine d’éléments exhumés par les chercheurs devaient être assez imposants. Mais en plus de leur taille, ces ossements présentent une autre particularité. Il s’agit en effet du squelette le plus complet jamais exhumé dans la zone de l’arc ibéro-armoricain, devenue l’Espagne et le sud de la France aujourd’hui.
Et c’est un détail fascinant pour les chercheurs. Car à l’époque d’Abditosaurus kuehnei, c’est-à-dire le Crétacé supérieur, l’Europe n’était pas une grande masse continentale comme on la connaît aujourd’hui. À la place, on trouvait un vaste archipel composé majoritairement d’îles de moyenne et petite taille. La sélection naturelle a donc favorisé une petite taille, plus adaptée à ce milieu, chez la plupart des espèces européennes de l’époque. Il est donc très étonnant d’y trouver un tel mastodonte.
De grandes jambes pour une longue migration
Pour expliquer cette particularité, les chercheurs avancent l’hypothèse qu’Abditosaurus aurait pu profiter d’une baisse globale du niveau des océans pour déménager. C’est une explication bien connue des spécialistes, et que l’on retrouve dans des centaines de scénarios paléontologiques de ce type. En effet, de nombreux travaux ont déjà établi que ces variations du niveau marin avaient ouvert la voie à des migrations de grande ampleur qui ont posé les bases de nombreux écosystèmes actuels. On sait par exemple qu’il reste des traces de migrations humaines dans des zones aujourd’hui complètement immergées.
Cette hypothèse correspond particulièrement bien au cas d’Abditosaurus. En effet, certains de leurs collègues ont déjà découvert d’autres titanosaures aux mensurations comparables au Gondwana, un paléosupercontinent qui comprenait entre autres l’Afrique actuelle. Il pourrait donc s’agir d’un des derniers représentants d’une caste de titanosaures migrants. Il ne leur reste plus qu’à comparer le squelette retrouvé dans les Pyrénées à d’autres représentants de cette lignée pour en avoir le cœur net.
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