La vie sur Mars est un sujet qui fascine autant le grand public que la communauté scientifique. Certains indices nous laissent penser que la Planète Rouge aurait bien pu accueillir une activité biologique par le passé, mais cela reste encore à prouver. Des travaux menés sur une météorite martienne pourraient bien nous fournir de nouveaux éléments d’explication.
En attendant une découverte spectaculaire qui permettrait de trancher une bonne fois pour toutes, il ne reste qu’une solution : remonter le plus loin possible dans l’histoire géologique de la planète, en espérant y trouver la signature d’ une activité biologique. C’est notamment l’une des activités principales du rover martien Perseverance. Mais il n’est pas forcément nécessaire de se rendre sur place pour étudier Mars; il est aussi possible d’attendre qu’elle vienne à nous par l’intermédiaire d’une météorite.
Un morceau de Mars livré à domicile
C’est sur l’un de ces objets que des chercheurs de l’université de Perth (Australie) ont focalisé leur attention. Ils ont la chance d’avoir accès à NWA 7034, un spécimen très intéressant. En effet, dans la plupart des cas, ces météorites sont composées de roches ignées telles que du basalte. Mais dans ce cas précis, il s’agit d’un fragment directement issu de la surface de Mars. Une particularité extrêmement rare qui rend cet objet très précieux.
Sans surprise, NWA 7034 fait donc l’objet d’analyses quasi ininterrompues depuis sa découverte sur Terre en 2013. Première conclusion : la composition isotopique de ce morceau de roche correspond bien à celle de notre voisine. Aucun doute, il s’agit bien d’un ancien pensionnaire de Mars. Les chercheurs ont ensuite analysé la structure minérale de l’échantillon, dont chaque fragment représente un chapitre de l’histoire martienne.
Le zircon, une vraie archive minérale
Parmi ces éléments, les chercheurs australiens ont remarqué la présence de zircon. Une trouvaille qui a dû les faire piaffer d’excitation. En effet, ce minéral est connu pour ses propriétés particulières qui permettent de s’en servir comme géochronomètre. Très sommairement, cela signifie qu’il existe une technique analytique qui permet de déterminer précisément le temps écoulé depuis sa cristallisation. Dans l’idéal, on peut ainsi en déduire l’âge des autres éléments de la météorite, et par conséquent établir une chronologie des événements dont la roche a gardé des traces.
Une coïncidence très enthousiasmante pour les chercheurs, car il se trouve que ces zircons sont aussi très utiles pour étudier les impacts de météorites. En effet, lors du choc, les grains de zircon ont tendance à prendre une forme en accordéon sous l’effet de la compression; on parle alors de “shocked zircon” (SZ). C’est une structure qui existe aussi sur Terre; on en trouve régulièrement aux points d’impact des météorites les plus volumineuses.
Un petit grain de matière aux larges implications
Or, même si NWA 7034 est scrutée au quotidien depuis des années, ce SZ était complètement passé inaperçu jusqu’à présent. Et si elle pouvait sembler anecdotique, la présence de ce tout, tout petit grain de matière a en fait des implications considérables.
En effet, il y a environ 4,5 milliards d’années, Mars était bombardée en permanence par une véritable pluie d’astéroïdes en tous genres. L’absence de SZ dans cette météorite a donc conduit d’autres chercheurs à conclure que ce bombardement aurait nettement ralenti il y a environ 4,2 milliards d’années. Mais la découverte de ce zircon particulier dans NWA 7034 semble incompatible avec cette chronologie. “Le zircon que nous décrivons apporte la preuve d’impacts massifs à cette époque”, avancent les chercheurs. S’il y a un jour eu de la vie sur Mars, ces travaux suggèrent donc qu’elle aurait pu survenir plus tard que prévu, dans une période située entre -3,9 et -3,7 milliards d’années.
Cette différence semble anecdotique, mais c’est en fait une information capitale. En effet, il est impossible de passer toute la planète au peigne fin. Pour espérer trouver des traces de vie passée, il faut effectuer un triage en amont pour identifier les zones chronologiquement compatibles avec ces découvertes; dans le cas contraire, cela serait à peu près aussi utile que de chercher les traces d’artefacts romains datant de l’époque des dinosaures.
Cette information est donc une nouvelle pièce d’un gigantesque puzzle; plus on en a à notre disposition, plus il devient facile d’avoir une idée claire de la situation globale. Cela permet donc aux chercheurs de se concentrer sur les zones les plus prometteuses pour maximiser leurs chances de trouver des traces de vie, à supposer qu’il y en ait eu un jour.
L’article des chercheurs est disponible ici, et leur papier de recherche à cette adresse.
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Merci pour cet article instructif !