Certains archétypes ont décidément la vie dure. Un vieux stéréotype tenace prête par exemple un sens de l’humour assez particulier à nos amis allemands; alors quand des chercheurs du très prestigieux et tout aussi sérieux Institut Max Planck (IMP) se sont lancés dans “un projet amusant”, il y avait de quoi froncer les sourcils. Mais il faut bien avouer que cette animation qui montre la Terre en train de “respirer” a quelque chose d’assez hypnotisant.
C’est le fruit des travaux – ou plutôt de la récréation – de l’équipe de Markus Reichstein, directeur du département Intégration Biochimique à l’IMP. Pour produire cette drôle de visualisation, ils ont rapidement compilé les données issues de satellites ainsi que de centaines de stations météo réparties sur toute la planète.
Le résultat est une Terre virtuelle qui gonfle, ou au contraire se dégonfle localement au gré de la circulation du dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Lorsque cette dernière se charge en dioxyde de carbone, la zone se met à gonfler sur la carte. À l’inverse, elle se dégonfle lorsque cette tendance est à la baisse.
Here's ecosystem net #carbon flux average seasonal cycle on the sphere… what I really like, we see intuitively the carbon "sink" when the biosphere is sucking carbon out of the atmosphere. Thanks to @tylermorganwall @mdsumner D.Murdoch @edzerpebesma R.Hijmans #RStats pic.twitter.com/1jTl96glY6
— Markus Reichstein (@Reichstein_BGC) January 6, 2022
Une planète qui “respire”, mais pour combien de temps ?
L’animation permet de constater que certains endroits se “dégonflent” généralement pendant l’été, ou du moins pendant les mois les plus chauds. Cela correspond à des zones végétalisées; en effet, à l’approche des beaux jours, de nombreuses plantes entament leur cycle de croissance. Elles pompent donc allègrement du dioxyde de carbone dans l’atmosphère; il s’agit en effet d’une matière première indispensable à la photosynthèse des végétaux, et par extension à leur survie et à leur croissance.
En hiver, c’est tout l’inverse; ces mêmes zones se mettent alors à “gonfler”. Cela indique que la zone produit plus de dioxyde de carbone qu’elle n’en consomme. Une conséquence directe de l’inactivité de nombreux végétaux, qui entrent en repos ou meurent à l’approche de l’hiver.
Cette animation n’apporte pas d’informations nouvelles; il s’agit d’une dynamique saisonnière bien connue et déjà largement documentée dans la littérature scientifique. En revanche, elle permet d’appréhender le phénomène de façon très intuitive. Cela permet par exemple de remettre en perspective le statut de “poumon de la planète” que l’on attribue instinctivement à la forêt amazonienne; elle est très loin d’être la seule zone à jouer ce rôle fondamental de puits de carbone. Il s’agit en fait d’une dynamique à l’échelle de la planète entière.
Cette animation est donc avant tout un message subliminal au contenu on ne peut plus clair : il nous faut absolument protéger les principaux puits de carbone, faute de quoi la situation climatique continuera d’empirer encore plus rapidement. Et il y a urgence; pas plus tard qu’en juillet dernier, une étude estimait que la forêt amazonienne était désormais productrice nette de CO2.
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Bonjour,
Je pense qu’il serait intéressant de comparer cette étude avec la période de confinement total que la planète a vécu en début de pandémie, afin si possible de voir l’impact de l’homme a ce sujet.