Après le règlement général sur la protection des données (RGPD), le Digital Services Act s’apprête à imposer de nouvelles régulations aux grandes plateformes numériques. Le projet de loi, qui vient d’être adopté par le Parlement européen, couvre de nombreux domaines et veut mieux réglementer la publicité ciblée en ligne. L’objectif est de mieux protéger les consommateurs et l’Union européenne a un plan pour y parvenir.
Le site américain Wired rapporte que le Vieux continent souhaite s’inspirer d’Apple et de sa fonctionnalité App Tracking Transparency. Cette dernière a fait couler beaucoup d’encre – en particulier du côté de Facebook – avant son introduction lors du déploiement d’iOS 14.5. Elle offre la possibilité aux utilisateurs d’iPhone de dire non au suivi publicitaire d’un simple clic. Selon les statistiques de Flurry, jusqu’à 98 % des propriétaires d’iPhone ont profité de l’existence de cette fonction anti-pistage pour ne plus être suivi. Plusieurs députés s’appuient sur ces données pour affirmer que les utilisateurs font le choix de protéger leur vie privée s’ils en ont l’opportunité.
L’App Tracking Transparency plaît à l’Europe
Néanmoins, ils estiment qu’un tel outil ne devrait pas être réservé à certaines catégories de smartphones. « Je crois vraiment que la protection de la vie privée ne devrait pas être une option réservée aux personnes qui ont les moyens de s’offrir des appareils ou des produits Apple haut de gamme », estime l’eurodéputé socialiste allemand Tiemo Wölken.
L’objectif des législateurs européens et de s’inspirer de la solution d’Apple pour l’appliquer a toutes les grandes plateformes en ligne. Les boutiques d’applications ou les réseaux sociaux seraient concernés par l’obligation d’afficher « un choix plus transparent et éclairé » concernant la publicité ciblée. Le Digital Services Act va encore plus loin et prévoit également de s’attaquer aux « dark patterns », ces interfaces qui cherchent à tromper ou manipuler les utilisateurs. Le projet gommerait donc certaines limites du RGPD, comme l’explique la députée européenne allemande Alexandra Geese.
« Le problème avec le RGPD actuel est qu’il n’est pas appliqué correctement et que les gens n’ont donc pas vraiment le choix », précise-t-elle. En effet, certains n’hésitent pas à rendre le refus de consentement plus difficile que son octroi.
L’outil d’Apple a ses limites
La solution d’Apple apparaît donc comme une piste intéressante, mais le système a montré ses limites. Il est vulnérable aux contournements et n’empêche pas totalement d’être suivi. Des firmes comme Facebook ou Snapchat sont en mesure de collecter des données anonymes provenant des iPhone. Ces solutions ont été mises en place alors que la mesure d’Apple aurait fait perdre 10 milliards de dollars aux réseaux sociaux.
Face aux limites du dispositif de Cupertino, le régulateur polonais de la concurrence a tenu à apporter quelques précisions. « Cela ne signifie pas que les informations des utilisateurs ne sont plus collectées et qu’ils ne reçoivent pas de publicités personnalisées », expliquait-il. En France, les méthodes d’Apple sont également contestées et la CNIL a décidé de se saisir du dossier.
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