Dans un communiqué repéré par The Verge, Intel a annoncé la construction d’un gigantesque site de production à 20 milliards de dollars près de Colombus, dans l’est des États-Unis. Cette structure devrait employer plus de 3000 personnes dans deux usines de production de puces distinctes; une fois terminée à l’horizon 2025, il devrait s’agir du “plus grand site de production [de puces] au monde”, d’après le PDG Pat Gelsinger interviewé par Time.
Et il ne s’agit que d’un début. À terme, le site devrait siphonner 80 milliards supplémentaires. Ces fonds serviront à la mise en place de 6 usines supplémentaires, réparties sur plus de 8 kilomètres carrés. Des chiffres pharaoniques qui feraient du site l’un des poumons de l’écosystème technologique mondial.
Il s’agit d’une réponse directe à la pénurie de semiconducteurs qui continue de faire des ravages dans toute l’industrie. En effet, The Verge rappelle que cette dernière a mis en exergue le déménagement progressif de cette industrie d’autres pays, notamment asiatiques. On pense notamment à TSMC; déjà très bien implanté auparavant, le Taïwanais a su profiter de la pandémie pour renforcer sa position déjà enviable. Il domine aujourd’hui outrageusement son sujet, et prévoit même de recruter plusieurs milliers de personnes en 2022 – un signe évocateur de son excellente santé économique.
Le prix de la souveraineté technologique
Cela constitue évidemment un manque à gagner pour les entreprises américaines. Mais ce n’est pas qu’une simple question d’offre et de demande; c’est aussi un problème de souveraineté technologique et de sécurité nationale, deux thématiques que l’Oncle Sam a toujours érigées en priorités absolues. Sans surprise, cette dynamique inquiète donc les plus hauts représentants du gouvernement américain.
Joe Biden entend bien inverser la tendance et couper court à cette dynamique, afin récupérer le contrôle sur ce secteur ô combien stratégique. Et l’administration américaine s’en donne les moyens; elle discute en ce moment de l’attribution d’une subvention de 52 milliards de dollars aux fondeurs américains pour qu’ils puissent reprendre du poil de la bête.
C’est en tout cas une date dont il faudra se souvenir; d’ici la fin de la décennie, il sera intéressant de regarder en arrière pour voir si cette gigantesque usine aura eu un quelconque impact au niveau de la pénurie de puces, mais aussi des rapports de forces technologiques entre les États-Unis et ses concurrents.
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