Cela fait déjà des années que Boston Dynamics nous fascine avec ses créations toutes plus impressionnantes que les autres. Il y avait donc de quoi être intrigué lorsque le laboratoire a été racheté pour Hyundai pour un milliard de dollars. Jusque là, ses objectifs restaient encore relativement flous; mais le constructeur automobile vient de préciser ses intentions à l’occasion du cES 2022 : il vient de présenter Metamobility, sa vision d’un monde où les robots pourraient faire le lien entre les mondes physiques et les espaces virtuels du métavers.
Ils pourraient servir de “double digital” dans le monde réel; ils nous permettraient ainsi de voir, entendre, et même interagir avec un environnement situé à des milliers de kilomètres. “En connectant les robots au métavers, nous serons capables de bouger librement entre le monde réel et la réalité virtuelle. Pour aller plus loin dans l’immersion, nous proposeront une expérience “proxy” où les robots seront une extension de nos propres sens physiques, nous permettant ainsi de réinventer et d’enrichir notre vie quotidienne”, explique Chang Song, Président du groupe Hyundai.
Un concept vraiment intéressant, et qui ressemble fort à un premier “vrai” projet concret et abouti dans le cadre du métavers. En substance, un robot pourrait servir d’intermédiaire dans lequel un humain pourrait se glisser comme il enfilait un costume, mais à des milliers d kilomètres de distance. Il pourrait alors s’en servir pour interagir avec le monde réel à partir de son emplacement actuel. De quoi aller assister à une exposition avec un ami à Tokyo, faire une partie d’échecs dans un parc New-Yorkais, puis assister à un concert à Londres dans la même journée et sans sortir de chez soi.
https://www.youtube.com/watch?v=i-BR0CpgliU
Une infinité de possibilités
Hyundai a aussi choisi d’illustrer ce concept dans le plus extrême des environnements : l’espace. Dans un clip de présentation, on voit plusieurs humains se livrer à une exploration de Mars; ils sont accompagnés par un robot Spot présent physiquement sur place.
Le robot pourrait alors utiliser toute une armada de capteurs pour enregistrer les conditions locales le plus précisément possibles. Il sera alors possible de les restituer avec un maximum de fidélité au niveau de l’utilisateur. Le développement de nouvelles technologies haptiques et de retour sensoriel permettra par exemple de sentir physiquement le vent d’une tempête de sable, ou la température d’une surface particulière à partir de son canapé.
Une présentation très abstraite, mais qui illustre bien tout l’intérêt de ce concept au-delà de la sphère sociale et du divertissement. Une fois suffisamment avancée, cette technologie pourrait nous permettre de révolutionner la façon dont nous évoluons dans des environnements dangereux.
Cela commence effectivement par l’espace. Envoyer des humains à la surface d’une autre planète est un défi d’ingénierie colossal qui nécessite des années de préparation. Avec une telle technologie, il suffirait d’expédier une douzaine de proxys sur la planète rouge, et le tour serait joué; les astronautes en chair et en os disposeraient alors d’une extension d’eux-mêmes directement sur place, sous la forme d’un clone robotique accessible 24 heures sur 24. Cela leur permettrait aussi d’y évoluer en toute sécurité sans avoir à gérer toutes les contraintes du vide sidéral.
Et il n’y a pas que dans ces environnements extraterrestres que cela pourrait être utile. Cela pourrait changer la vie de certains professionnels très exposés, qui occupent par exemple des postes à risque dans l’industrie. Cela pourrait aussi révolutionner l’exploration de milieux hostiles comme Tchernobyl. On peut aussi imaginer s’en servir dans le cadre de zones sinistrées; parfait pour des opérations de secours après un séisme ou un tsunami, par exemple.
Évidemment, nous sommes encore extrêmement loin de disposer de la technologie nécessaire pour y parvenir dans un futur proche. Mais il y a de quoi être impressionné par l’approche d’Hyundai. Car cette philosophie semble techniquement réalisable. Elle paraît aussi parfaitement adaptée au concept du métavers, qui semble parti pour se démocratiser. Cette vision finira-t-elle par se concrétiser ? Et si oui, quand ? Ces questions restent encore sans réponse, mais une chose est sûre : nous suivrons le projet Metamobility avec une attention toute particulière au cours des années à venir.
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