Notre planète regorge d’endroits qui ne font aujourd’hui plus partie des hauts lieux de notre civilisation, mais qui ont pourtant joué un rôle crucial dans le déroulement de l’Histoire. C’est le cas des îles Féroé, un modeste archipel d’environ 50.000 habitants qui était autrefois une véritable plaque tournante de la conquête viking. Une étude repérée par SciencePost montre aujourd’hui que ce peuple nordique y serait arrivé bien plus tôt que prévu, ce qui pourrait bouleverser la chronologie de l’époque.
Les auteurs expliquent qu’il existe déjà de nombreuses preuves factuelles de l’occupation viking à partir du neuvième siècle. Mais en parallèle, d’autres preuves archéologiques -indirectes, cette fois- suggéraient qu’ils auraient pu s’installer dans l’archipel bien plus tôt. Pour vérifier cette hypothèse, ils ont cherché d’autres indices enfouis dans la roche, et donc protégés de l’influence destructrice des éléments qui ont tendance à effacer les traces archéologiques.
Des excréments de moutons au service de l’Histoire
Pour ce faire, ils sont allés collecter des sédiments au fond d’un lac sur l’île d’Eysturoy. Or, il se trouve que ces sédiments contenaient… des traces de matière fécale. Des éléments certes peu engageants, mais qui relèvent néanmoins du véritable trésor archéologique puisqu’ils contenaient encore de l’ADN suffisamment bien préservé pour être analysé !
Malheureusement pour les chercheurs, il ne s’agissait pas d’excréments humains, mais de moutons. Mais c’est tout de même un élément très important. En effet, ces moutons sont des animaux de bétail; ils n’ont certainement pas réalisé une transhumance nautique de leur propre chef. Ils ont forcément du y être amenés par des humains. Puisque ces excréments ont été datés autour de l’an 500, cela prouve donc que l’île était occupée avant l’occupation avérée des Vikings, dont on sait déjà qu’ils étaient présents sur place depuis le IXe siècle grâce à des preuves archéologiques indiscutables. Reste désormais à découvrir leur identité.
Le mystère reste entier
L’équipe de recherche est partagée entre deux possibilités. Les premiers candidats sont évidemment les Vikings, qui auraient ainsi pu débarquer bien plus tôt. Mais nous ne disposons d’aucun élément tangible pour l’affirmer. Au contraire, certains éléments pointent même dans la direction opposée. D’autres travaux suggèrent notamment que les Vikings n’auraient découvert la voile qu’entre les années 750 et 820; si cette conclusion est correcte, ils n’auraient donc pas pu coloniser l’archipel autour de l’an 500.
L’autre hypothèse qui semble plus crédible est celle d’un groupe de Celtes. À défaut d’avoir des preuves indiscutables, quelques indices semblent toutefois corroborer cette hypothèse. On sait par exemple que de nombreux noms de lieux de l’archipel dérivent directement du vocabulaire celte; un détail qui témoigne de l’influence de cette civilisation sur l’archipel. Il existe également des documents historiques qui semblent attester de la présence de moines celtes à cette époque.
Cette hypothèse est d’autant plus intéressante qu’elle soulève de nouvelles questions. Puisqu’on sait que les Vikings ont dominé l’archipel entre temps, on peut se demander si les deux cultures sont entrées en contact aux Féroé et quels types de rapports ils auraient pu entretenir. Mais en attendant d’avoir des preuves concrètes, il ne s’agit encore que de suppositions qui sont plus à même d’alimenter une énième série Netflix sur le sujet. Affaire à suivre !
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