À chaque fois qu’un film basé sur un jeu vidéo est annoncé, les fans des deux arts ont de bonnes raisons de trembler. Ces dernières années, nous avons vu fleurir une pléthore de réalisateurs peu scrupuleux accoucher de véritables navets qui avaient tendance à dénaturer complètement l’œuvre de base, en plus d’être de très mauvais films. Mais il y a peut-être des raisons d’espérer mieux avec la future adaptation de Ghost of Tsuhima.
Pour ceux qui sont passés à côté de ce phénomène de l’été 2020, il s’agit d’une saga épique qui suit l’histoire de Jin Sakai, un samouraï contraint faire virevolter son katana pour défendre le Japon féodal contre l’envahisseur mongol. Le réalisateur Chad Staheski, qui doit adapter ce superbe jeu sur grand écran après avoir travaillé sur les John Wick, vient en effet de déclarer qu’il comptait coller autant que possible à la trame narrative originale.
“Prendre notre temps et faire ça bien”
Grâce à ses combats virevoltants et jouissifs à souhait, sa trame narrative très bien écrite et son ambiance particulièrement immersive, le jeu a été globalement très bien reçu par le public et par la critique. Même si le titre de “Jeu de l’année” lui a échappé au profit de l’’excellent The Last of Us, GoT a tout de même raflé la récompense ô combien prestigieuse de la meilleure direction artistique.
Autant dire que Staheski s’attaque à un sacré morceau; on espère donc que cette adaptation ne souffrira pas du fameux “syndrôme Resident Evil”, une franchise mythique qui a régulièrement été trainée dans la boue par les réalisateurs. Mais il a su trouver les mots justes pour donner un peu d’espoir au public.
Nous voulons juste faire ça bien. Vous savez comment les adaptations de jeux vidéo peuvent tourner… Donc nous allons prendre notre temps et faire ça bien. Nous travaillons en collaboration étroite avec les développeurs du jeu pour nous assurer de coller à ce qui rend le jeu si bon.
-Chad Staheski
Un réalisateur qui parle ouvertement de l’état déplorable des adaptations et qui travaille directement avec les développeurs ? C’est assez rare pour être souligné, et il faut bien admettre que cela nous en bouche un coin. Car les collaborations de ce type sont loin d’être systématiques. Elles semblent pourtant indispensables pour capturer l’âme du matériau de base; mais elles sont paradoxalement très rares, souvent pour deux raisons différentes.
Éviter le “syndrome Resident Evil”
La majorité du temps, ces projets sont échafaudés par des studios qui souhaitent surfer sur la popularité d’une franchise. Ils ont alors tendance à embaucher des réalisateurs mercenaires qui n’ont aucune connaissance ni aucun amour pour le matériau d’origine. L’autre cas de figure que l’on retrouve souvent, c’est celui d’un réalisateur qui apprécie un jeu, mais qui en propose une interprétation complètement à côté de la plaque.
Dans les deux cas, cela donne souvent des films sans queue ni tête qui empestent le fan service nauséabond à des kilomètres; la recette parfaite pour dégoûter à la fois les cinéphiles et les amoureux du jeu vidéo. Mais si l’on se base sur ces déclarations, Staheski ne semble tomber dans aucune de ces deux catégories. Et c’est une excellente nouvelle.
Mais la volonté de bien faire ne suffit pas. L’adaptation de jeux vidéo reste un exercice de jonglage extrêmement périlleux, même pour un réalisateur conscient des écueils potentiels. Il nous tarde donc de voir si Stahelski saura rendre hommage à la pépite de Sucker Punch, et comment il compte s’y prendre pour nous présenter sa vision de cette somptueuse saga féodale.
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