Que ce soit dans le monde du travail ou dans l’univers du divertissement, la technologie révolutionne notre mode de vie au quotidien. Et forcément, le secteur de la défense ne fait pas exception; des drones de combat aux satellites militaires en passant par l’artillerie autonome l’arrivée annoncée de nouveaux systèmes basés sur l’intelligence artificielle laisse la porte ouverte à une foule de scénarios absolument terrifiants. Après plus de huit ans de tergiversations, les Nations Unies vont désormais essayer de trancher sur cette question lors d’une convention qui a démarré aujourd’hui à Genève.
Au menu : un débat sur les Armes Létales Autonomes (ALE). Cette dénomination englobe toutes les machines potentiellement capables d’ôter la vie sans qu’un humain soit impliqué à quelque niveau que ce soit dans le processus de décision. Et celui-ci s’annonce pour le moins houleux, car les participants ont des avis très différents sur cette question cruciale.
Plusieurs visions diamétralement opposées du problème
Selon Reuters, l’Autriche fait par exemple partie des pays qui militent pour une interdiction totale et absolue de toutes les ALEs. D’autres, en revanche, expliquent que ces technologies comportent de nombreux avantages; ils expliquent par exemple qu’elles sont bien plus précises que les humains lorsqu’il s’agit de toucher la bonne cible. Comme on pouvait s’y attendre, les États-Unis, qui disposent déjà d’une flotte conséquente de drones de combat, ont affirmé sans ambiguïté qu’ils faisaient partie de ce camp. Même constat du côté de la Russie ou encore de la Chine.
Pourtant, ce positionnement pourrait bien revenir les hanter. Car d’après Max Tegmark, un chercheur en IA et cofondateur de l’Institut pour le Futur de la Vie interviewé par TNW, ce n’est pas aux grandes puissances que ces systèmes bénéficieront le plus. Ces technologies seront un jour “petites, peu chères, et légères comme un smartphone, tout en étant incroyablement versatiles et puissantes”; la combinaison idéale pour séduire des opposants aux moyens limités. “Si on peut acheter un robot tueur pour le prix d’un AK-K7”, comme ça sera bientôt le cas d’après Tegmark, c’est la porte ouverte à leur acquisition par des criminels isolés, des cartels, ou encore des organisations terroristes globales.
Une urgence pour toute l’humanité
S’il y a bien un point sur lequel tout le monde tombe d’accord, c’est qu’il y a urgence à mettre en place un cadre légal clair et exhaustif. En effet, des experts de l’ONU ont affirmé en mars dernier que des drones de combat autonomes pourraient déjà faire leur office en Libye. Et c’est là tout le fond du problème; la technologie progresse aujourd’hui à une vitesse folle, à tel point que l’appareil législatif ne parvient plus à suivre le rythme.
On constate ce phénomène dans de nombreux phénomènes comme les véhicules électriques, mais c’est bien dans le secteur militaire que les conséquences pourraient être les plus importantes. En effet, il s’agit de questions cruciales qui exigent d’être abordées avec précaution, car toute décision précipitée pourrait donner lieu à des précédents catastrophiques sur le plan humain et diplomatique. Mais même si chacun est conscient des enjeux, cela ne signifie pas que le débat sera apaisé pour autant. À l’heure actuelle, les participants semblent même très loin de trouver un terrain d’entente, puisqu’un éventuel traité devrait être adopté à l’unanimité.
“Il n’y a pas assez de soutien pour lancer un traité à ce stade”, regrette un diplomate interviewé par Reuters. “Nous espérons que nous pourrions au moins nous mettre d’accord sur quelques principes à appliquer à l’échelle nationale”, explique-t-il. Il semble donc improbable de parvenir à un accord dans un futur proche. Mais le débat reviendra forcément sur la table dans les mois et années à venir. Espérons donc que cette conférence posera les bases d’une discussion constructive, et que les états impliqués ne se complairont pas dans une politique de l’autruche lourde de conséquences.
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