Facebook — ou plutôt Meta a une “obligation morale” d’être transparent sur la santé mentale. On peut toujours rêver, mais ce n’est pas Mark Zuckerberg qui a fait cette déclaration. Ces mots sont tirés d’une lettre ouverte publiée sur le site de l’université d’Oxford et repérée par The Verge, traduite en neuf langues et signée par des dizaines de chercheurs et experts de la psychologie, du numérique et de la santé.
Il est intéressant de noter que les signataires n’adressent pas ce document à l’entreprise, mais directement à son fondateur historique, Mark Zuckerberg. En substance, ils lui demandent de changer radicalement son approche quant à la gestion des problèmes de santé mentale chez les jeunes utilisateurs.
“Vous et vos organisations avez l’obligation morale et éthique d’aligner vos recherches internes sur des standards scientifiques rigoureux privilégiant le souci de la preuve en science de la santé mentale, à fortiori si cela concerne les enfants et les adolescents”, peut-on lire dans la version française du document.
Transparence, bonne volonté et supervision
Pour y parvenir, ils souhaitent le voir agir sur trois points en particulier. Dans un premier temps, ils attendent de Zuckerberg qu’il “s’engage en faveur d’une transparence absolue en ce qui concerne les recherches sur la santé mentale des jeunes”. Deuxièmement, ils souhaitent également le voir contribuer activement à des enquêtes indépendantes sur cette question cruciale. Enfin, les signataires aimeraient aussi imposer des garde-fous à Meta par l’intermédiaire d’une “supervision indépendante”.
Ces requêtes font bien évidemment écho à des révélations survenues à ‘l’automne dernier. Pour rappel, le Wall Street Journal avait eu accès à des documents de travail fuités. Ceux-ci montraient sans ambiguïté que les différentes plateformes du groupe étaient non seulement toxiques pour les jeunes utilisateurs, mais que les intéressés en étaient parfaitement conscients.
La firme a bien tenté d’éteindre l’incendie avec quelques protestations assez maladroites, mais le loup était déjà dans la bergerie; en un instant, ces accusations déjà formulées depuis des années sont devenues beaucoup plus tangibles et concrètes. Par la suite, d’autres intervenants ont fait part de découvertes qui semblent illustrer le même phénomène.
Un flou artistique savamment entretenu
Malheureusement, le problème de fond subsiste encore et toujours. Meta garde jalousement toutes ses données, et les chercheurs tiers travaillent largement sur la base d’extrapolations. Avant d’avoir accès à l’intégralité des données pertinentes pour réaliser une étude solide sur cette question cruciale, il sera donc impossible d’être fixé une bonne fois pour toutes sur l’impact potentiel de ces réseaux.
Jusque là, de nombreuses personnalités avaient donc déjà réclamé plus de transparence et un accès public à ces données. Mais il s’agissait le plus souvent d’acteurs isolés ou à l’influence relativement limitée. C’est la première fois qu’un groupe aussi important d’acteurs de premier plan formule cette demande de façon formelle.
Il ne reste plus qu’à espérer que Zuckerberg et Meta prendront bonne note de ce document, qui commence à faire son petit bonhomme de chemin sur Internet. Mais même si elle parvient jusqu’à l’état-major de Meta, tout ne sera pas gagné pour autant. Car en définitive, cela fait des années que Facebook prêche, la transparence à qui veut bien l’entendre; mais force est de constater que la situation n’a pas vraiment évolué pour autant.
Certes, la firme souhaite protéger ses secrets commerciaux, et c’est parfaitement compréhensible; mais le GAFAM ne pourra pas continuer ce double jeu éternellement. Si la situation est aussi inquiétante qu’elle en a l’air de l’extérieur, il est désormais plus que temps de donner les moyens d’agir aux acteurs compétents. Et s’il continue d’affirmer que le tableau n’est pas si dramatique, il n’y a plus d’excuse pour ne pas lever le doute en étant transparent sur ces questions.
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