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Le Soleil a joué un rôle déterminant dans l’arrivée de l’eau sur Terre

Notre connaissance de l’origine de l’eau sur Terre comporte encore des lacunes, mais une équipe de chercheurs semble avoir trouvé la pièce manquante du puzzle.

La particularité majeure qui rend notre terre si unique et lui vaut son surnom de Planète Bleue, c’est évidemment l’eau qui recouvre près des trois quarts de sa surface. Mais à l’heure actuelle, la communauté scientifique ne dispose d’aucune certitude sur ses origines. Les astronomes se doutent depuis longtemps qu’elle a du être déposée sur Terre par des météorites, mais il manque toujours une partie de l’équation; une équipe internationale de chercheurs estime désormais que les vents solaires pourraient avoir joué un rôle déterminant.

La piste des météorites s’est révélée particulièrement prometteuse et cohérente dès les premières études sur le sujet; les astronomes ont vite réalisé que les météorites (ou plutôt un type particulier, les chondrites carbonées) étaient étonnamment riches en eau. Mais ils ont rapidement réalisé que tout ne collait pas parfaitement; même si elle était très proche, la composition de cette eau “extraterrestre” présentait quelques différences par rapport à la signature chimique de l’eau terrestre. Or, ces différences ne peuvent s’expliquer que par l’existence d’une autre source qui restait donc à identifier.

Une chondrite carbonée. Ces corps célestes sont suspectés d’avoir joué un rôle majeur dans l’arrivée de l’eau sur Terre. © Basilicofresco – WikiCommons

Quand la poussière cosmique fait bronzette

Dans des travaux récents repérés par Futura, l’équipe de Luke Daly pense désormais avoir mis la main sur une des pièces manquantes du puzzle. En étudiant un grain de poussière ramené par la sonde japonaise Hayabusa, ils ont constaté un phénomène inattendu; sous l’effet du vent solaire, environ 2% de chaque grain de poussière se serait ainsi transformé en eau. Cette réaction serait due au fait que le vent solaire est largement composé d’ ions hydrogène. Lorsque ce vent frappe des grains de poussière de roche dans l’espace, ces ions réagissent avec l’oxygène qu’elle contient pour former de l’eau. Celle-ci se serait ensuite retrouvée piégée dans l’atmosphère terrestre sous l’effet de la gravitation.

Une explication qui coche apparemment toutes les cases. Selon tous les modèles actuels, avant que la formation de corps célestes massifs ne stabilise l’ensemble du système, ces poussières étaient exceptionnellement abondantes dans l’univers; il y avait donc largement de quoi former une grande quantité d’eau. Il existe également un autre indice qui rend cette explication particulièrement satisfaisante. Si l’on mélange l’eau issue des chondrites carbonées à celle qui provient de la réaction entre les vents solaires et la poussière, on obtient une signature chimique qui correspond parfaitement à celle que l’on trouve sur Terre.C’est très impressionnant”’, s’enthousiasme le chimiste Ashley King dans une interview au New Scientist. “Nous pouvons montrer qu’en mélangeant ces deux réservoirs, on obtient une très bonne correspondance avec les océans de la Terre”.

Sous l’influence du vent solaire, la poussière cosmique se transforme partiellement en eau. © ESA/Hubble & NASA, V. Rubin et al.

Une piste pour produire de l’eau loin de la Terre ?

Pour les chercheurs, la prochaine étape consistera à analyser d’autres échantillons. L’objectif sera ainsi de confirmer leur hypothèse avec de nouvelles observations. Ils placent beaucoup d’espoirs dans l’analyse des échantillons de l’astéroïde Ryugu, que la sonde Hayabusa 2 a ramené en 2020. Et si ces résultats confirment leur théorie, cela pourra avoir des implications considérables à bien des niveaux.

Car en plus des implications en recherche fondamentale, cela pourrait avoir des implications bien plus concrètes. Cette information pourrait notamment changer la façon dont nous envisageons l’exploitation des ressources dans nos futures colonies. “Si nous voulons installer des habitations permanentes dans d’autres mondes, nous pourrions nous intéresser à la production d’eau à partir de poussière”, conclut Daly.

Le texte de l’étude est disponible ici.

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