Dans une première assez remarquable, un robot humanoïde a donné une représentation publique à l’université d’Oxford. Pour célébrer le 700e anniversaire de la mort de l’illustre poète italien Dante Alighierin, Ai-Da – c’est son nom- a récité plusieurs poèmes composés par ses soins, à l’aide d’une intelligence artificielle.
Pour cela, ses concepteurs lui ont fourni l’intégralité du texte de la Divine Comédie, l’un des chefs-d’œuvre historiques de la littérature médiévale. Ses 14.223 lignes ont été passées à la moulinette par un système basé sur l’intelligence artificielle; le résultat a permis à Ai-Da de proposer son propre texte inspiré de l’œuvre du maître.
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Une arise aux multiples talents
D’après ses concepteurs interviewés par le Guardian, c’est “la toute première fois qu’un robot a écrit et récité sa propre poésie, comme le ferait un poète humain”. Mais ce n’est pas la première fois que ce robot s’illustre par ses prouesses artistiques. En 2019, elle avait déjà impressionné son monde en réalisant un portrait d’un humain à l’aide de deux caméras et d’un crayon. Elle était alors devenue “le premier robot au monde à pouvoir dessiner sans intervention humaine”.
Dans une interview à CNN, son concepteur Aidan Meller a déclaré que la poésie d’Ai-Da était quasiment indiscernable de celle d’un humain. “Si vous la lisiez, vous n’auriez aucune idée qu’elle n’a pas été écrite par un humain”, affirme-t-il. Cela est probablement défendable si l’on se contente du texte, mais qui tombe rapidement dans les profondeurs de la vallée de l’étrange dès que l’on regarde la vidéo correspondante.
Une expérience de pensée sur notre rapport au langage
Mais si l’on fait abstraction de ce visage dérangeant au possible, c’est en tout cas une preuve de concept très intéressante. Elle pose notamment de nombreuses questions philosophiques sur notre rapport à l’écriture et l’art en général. C’est d’ailleurs l’objectif premier du robot, de l’aveu même de son concepteur. “Le projet Ai-Da a été développé pour débattre de l’éthique du développement de l’IA dans sa capacité à imiter les humains et leur comportement”, explique Aidan Meller. “Nous en arrivons finalement à un point où la technologie a un impact majeur sur tous les aspects de la vie”, renchérit-il. “Nous cherchons désormais à comprendre les implications profondes de cette technologie, et ce qu’elle peut nous apprendre à propos de nous-mêmes.”
Pour cette raison, Ai-Da n’a pas vocation à faire carrière pour rapporter de l’argent. Elle servira à explorer notre rapport à l’art et la façon dont nous le conceptualisons. Et pour son créateur, c’est une problématique dont il est important de se saisir dès à présent. “Chacun d’entre nous devrait se sentir concerné par l’utilisation des modèles de langage basés sur l’IA”, avertit Meller dans son interview à CNN. “À l’avenir, il faudra s’intéresser à la façon dont ils modifieront le langage, et surtout la façon dont nous donnons du sens à ce que nous disons. Si des programmes, plutôt que des humains, créent du contenu qui impacte la psyché humaine et la société, alors cela crée un changement de paradigme critique dans la façon donc nous devons concevoir notre langage. Et c’est quelque chose dont nous devons absolument discuter”, conclut-il.
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