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Les abeilles poussent des cris d’alarme lorsqu’un frelon attaque la ruche

Vous avez une phobie des insectes et une tendance à hurler lorsqu’un frelon s’invite chez vous ? Rassurez-vous, les abeilles font de même !

Au cours de l’éducation des enfants, il n’est pas rare de passer en revue les cris des différents animaux; la vache meugle, le cheval hennit… et on peut désormais rajouter à cette liste les abeilles asiatiques, qui émettent des cris d’alarme stridents lorsqu’un frelon géant menace leur nid.

C’est la conclusion surprenante des travaux de chercheurs vietnamiens repérés par Mashable et publiés dans Royal Society Open Science.  En analysant l’éventail de sons produit par des colonies d’abeilles mellifères, ils ont remarqué qu’elles émettaient parfois un cri” d’alarme particulièrement strident et désagréable pour leurs congénères, un peu comme un sifflet à ultrasons pour nos amis les chiens.

Les chercheurs ont analysé pas moins de 30.000 signaux sonores,répartis sur plus de 200 heures d’enregistrement. En recherchant des motifs récurrents, ils ont remarqué que ce “cri” si particulier est en fait réservé à un scénario d’urgence absolue. C’est le résultat d’un branle-bas de combat qui survient lorsque des frelons géants attaquent la ruche.

D’après l’entomologiste américaine Heather Mattila, interviewée par New Scientist, les propriétés acoustiques de ces sons seraient étonnamment “semblables aux cris d’alarme émis par d’autres animaux, comme des primates ou des oiseaux”. Et ces cris ne seraient pas un vulgaire “sauve qui peut”. C’est un vrai cri de ralliement qui mobilise toutes les abeilles pour la défense de la colonie. Les chercheurs ont remarqué que lorsque ce signal retentit, les abeilles se massent vers les entrées de la ruche. Elles tentent ensuite de les colmater autant que possible avec divers excréments d’animaux.

Un système d’alerte complexe pour une société complexe

Les abeilles comptent parmi les sociétés animales les plus élaborées qui soient. Elles sont un excellent exemple d’espèce qui place le groupe avant les individus. Elles sont bien connues pour leur propension à se protéger les unes les autres. C’est d’autant plus important qu’elles dépendent largement de la reine; bien souvent, sa mort est synonyme de transition délicate et critique pour la survie de la colonie.

Il est donc fondamental de protéger ce sanctuaire des prédateurs. Mais encore faut-il le faire efficacement, et c’est là qu’interviennent ces “cris”. D’après les auteurs, il s’agirait d’un système d’alerte global, dont les petites variations permettraient de mettre en place des défenses précises et coordonnées, adaptées à différents types de menaces bien spécifiques. Pour les frelons géants, cela consiste donc à barricader la ruche le plus vite possible.

Cette conclusion est encouragée par le fait que d’autres espèces de frelons plus petites ne déclenchaient pas ce comportement. D’autres variantes de ces cris pourraient donc conditionner des comportements très différents, en réponse à des menaces différentes. D’après l’entomologiste Masata Ono, interviewé par New Scientist, il s’agit d’une “étude de grande valeur, qui démontre que les abeilles mellifères ont identifié les caractéristiques de leur ennemi naturel, et ont évolué en conséquence avec des signaux d’alarme acoustiques”.

L’équipe espère donc identifier les nuances de ce système de signalisation. Ils prévoient pour cela de diffuser des enregistrements de ces “hurlements” et d’observer la réaction des abeilles. S’ils obtiennent le résultat attendu, ils essaieront ensuite de moduler légèrement le signal pour identifier précisément les informations portées par ce cri… et peut-être, un jour, murmurer à l’oreille des abeilles.

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