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Procès Theranos : Elisabeth Holmes n’accordait aucun crédit à l’avis des experts

Dans le procès qui oppose Elisabeth Holmes aux États-Unis d’Amérique, les témoins se multiplient et les preuves de la culpabilité de la “future Steve Jobs” se comptent aujourd’hui par dizaines.

Theranos est une entreprise fondée par Elisabeth Holmes au début du millénaire. Elle promet de révolutionner le monde des analyses médicales en proposant un système peu cher, rapide et fiable. Le slogan de l’entreprise se résume en une phrase : mener des dizaines de tests avec une seule goutte de sang grâce à un procédé technique révolutionnaire.

Mais derrière les bureaux de l’entreprise, la réalité est bien différente. Le développement de cette technologie est impossible, et très vite, Elisabeth Holmes à la tête du projet s’en rend compte. Afin de convaincre toujours plus d’investisseurs, elle décide alors de mentir. Elle assure au monde que son système est au point, elle truque des résultats, falsifie des documents, rien ne semble l’arrêter dans son entreprise infernale.

En interne, les employés subissent une pression démentielle. Ils ne sont au courant de rien, ou presque, et la moindre contradiction et balayée par des théories toutes plus farfelues les unes que les autres. Mal à l’aise, de nombreux cadres quittent l’entreprise après quelques mois à peine.

Finalement, c’est Joh Carreyrou qui va mettre fin à cette mascarade. En octobre 2015 il sort un article accablant dans le Wall Street Journal. Theranos qui est alors valorisée à 9 milliards de dollars va s’effondrer en quelques heures. Elisabeth Holmes devient la nouvelle paria de la Silicon Valley. Elle est la femme qui a menti aux yeux du monde.

Un procès historique pour le monde de la tech

Six ans après les faits, c’est en septembre 2021 qu’Elisabeth Holmes s’est rendue pour la première fois au tribunal pour le début d’un procès qui devrait durer 13 semaines. La cheffe d’entreprise est sous le coup de douze chefs d’accusation différents, allant de la fraude à l’association de malfaiteurs. Elle encourt jusqu’à 20 ans de prison ferme.

Au cours de ce procès hors norme, les témoins défilent les uns à la suite des autres. La parole est notamment donnée aux experts médicaux qui se sont enchaînés dans le cercle proche de Holmes. Récemment, c’est ainsi que Kingshuk Das s’est présenté à la barre. Il était le directeur du laboratoire de Theranos et fut, avec son prédécesseur, l’un des plus gros témoins de l’enquête de Carreyrou.

Avec une déclaration des plus simplistes, il explique comment il a eu ses premiers doutes. Durant son travail chez Theranos des résultats l’auraient alerté. En effet, des échantillons de sang provenant de femmes auraient eu des taux anormalement élevés de PSA (une protéine de la prostate). Mais comme il le fit rapidement remarquer à sa direction et donc à Holmes, les femmes n’ayant pas de prostate, ces analyses étaient a minima mal catégorisées, voire complètement fausses.

Holmes la tête pensante ?

Mais comme souvent quand une personne vient contredire Elisabeth Holmes, cette dernière contredit sèchement l’expert. Elle va alors faire ce qu’elle sait faire de mieux, mentir. Elle aurait alors déclaré à Das que ces femmes souffraient en réalité d’une forme très rare d’un cancer du sein. Évidemment c’était complètement faux, et Das a quitté l’entreprise peu après cet évènement.

Ce témoignage pourrait être déterminant dans le procès d’Elisabeth Holmes car il vient en opposition au principal argument de la défense. Cette dernière justifie en effet les actes de Holmes depuis le début du procès par l’emprise psychologique qu’avait Balwani, son co-associé, sur elle. Il est présenté par la défense comme le vrai auteur des fraudes.

Mais le témoignage de Das vient contredire cet argument. En effet, à l’époque où ce dernier travaillait en tant que directeur du laboratoire, Balwani avait déjà quitté Theranos. Il est donc très difficile pour la défende de dire qu’Elisabeth Holmes “ne savait pas” et que Balwani est le seul coupable, alors que les fraudes et les mensonges ont continué même après son départ.

D’ici à janvier 2022 date de la fin du procès, de nouveaux témoins devraient passer à la barre, certains plaidant pour la défense de Holmes qui à l’heure actuelle semble coupable aux yeux de tous les observateurs du procès.

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