Tencent présente à son tour ses premières puces informatiques

D’après TechCrunch, Tencent a présenté mercredi ses toutes premières puces informatiques. Une incursion dans le monde du hardware qui semble aux antipodes de son fonds de commerce habituel, mais qui s’inscrit dans la ligne de conduite décidée par le Parti communiste chinois.

Ce n’est un secret pour personne, la politique de Xi Jinping vise mettre la Chine dans une position qui lui permettrait d’assumer un leadership mondial incontestable. Cela passe notamment par une indépendance totale sur certains fronts stratégiques comme l’espace, l’énergie, mais aussi et surtout le numérique. Et dans le contexte actuel, cela passe notamment par la capacité à produire ses propres puces. Le gouvernement a donc lancé un vaste appel à ses champions, pour les inciter à produire leurs propres puces.

Les principaux titans du numérique chinois se sont donc empressés de répondre à l’appel de Pékin. Après  Alibaba, Huawei, Baidu et désormais Tencent ont tous annoncé qu’ils allaient se lancer dans le développement de leur propre hardware made-in-china. D’après le communiqué en mandarin traduit par TechCrunch, ce dernier aurait donc proposé trois nouvelles puces : une conçue “pour l’intelligence artificielle”, une “pour le transcodage vidéo”, une dernière “pour une interface réseau“.

C’est en tout cas un changement de paradigme assez important pour Tencent. En ajoutant la corde du hardware à son arc déjà bien garni, le géant pourrait même basculer dans une autre dimension. En l’état, il occupe déjà une place centrale dans l’écosystème numérique chinois. C’est notamment lui qui gère WeChat, une application de messagerie fréquentée par plus d’un milliard d’utilisateurs chaque mois.

Tencent, un mastodonte incontournable

Mais les services proposés par cette entité tentaculaire ne s’arrêtent pas là, loin s’en fait. En Europe, il est difficile de concevoir à quel point la firme est omniprésente. Dans une certaine mesure, Tencent en Chine, c’est à la fois l’équivalent d’ Orange, Netflix, Google News, WhatsApp, Steam et bien plus encore. Autant dire que le groupe ne manque pas de secteurs d’activité qui pourraient bénéficier directement de ces nouvelles puces.

Elles pourraient notamment servir à appliquer les restrictions liées à la politique de censure, dans le cadre du fameux “Great Firewall“ décidé par le gouvernement. Ce dernier a en effet posé une véritable chape de plomb sur la vie numérique des Chinois. Cela passe notamment par une surveillance étroite des réseaux sociaux; il est par exemple de notoriété publique que critiquer le PCC ou son dirigeant en ligne peut avoir des conséquences très concrètes dans la vie réelle. Et en tant qu’acteur central de cet écosystème numérique, Tencent est un acteur central de cette censure.

Certains observateurs s’attendent donc déjà à ce que ces puces, notamment celle dédiée à l’IA, puissent participer à cette politique de contrôle à large échelle. Toujours selon la traduction de TechCrunch, le groupe affirme de son côté qu’elle servira entre autres “au traitement d’images et de vidéo, à la synthèse de langage, et à la recherche”. La puce dédiée au transcodage, elle, jouera sans aucun doute un rôle clé dans les services de streaming du groupe. Enfin, la carte réseau permettra de répartir la charge entre les processeurs de ses très nombreux serveurs pour en améliorer l’efficacité.

Il sera très intéressant de suivre les progrès de l’industrie chinoise sur ce type de matériel, car cela aura une importance cruciale sur la souveraineté technologique de la Chine. Et connaissant la vision que Xi Jinping, c’est une donnée qui pourrait peser très lourd dans la balance géopolitique mondiale, et d’ici quelques années à peine.

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