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Ce disque pourrait conserver nos archives pendant des milliards d’années

Des chercheurs anglais travaillent en ce moment sur un nouveau type de stockage de données à la densité et à la stabilité jamais vues.

La conservation des données sur de longues durées a toujours été un problème clé pour toutes les sociétés humaines. Mais des chercheurs de Southampton qui travaillent sur cette question depuis près de dix ans pourraient bien nous apporter le support de stockage de demain, et dans un futur relativement proche.

C’est une information très enthousiasmante. Car après des décennies d’efforts, personne n’a encore réussi à produire un support de stockage capable de tenir sur une très longue durée. Les DVD, par exemple, ne peuvent durer qu’une centaine d’années au grand maximum d’après Sony. Et ce constat ne se limite pas à nos bonnes vieilles galettes. Qu’ils soient magnétiques, optiques ou autres, tous les supports de données finissent par se détériorer ou se démagnétiser.

Sauf qu’aujourd’hui, l’humanité produit des données à une vitesse effarante. D’après TechJury, l’humanité aurait produit plus de 2,5 exabytes (soit plus de 2,5 milliards de Gb) de données par mois en 2020. Et ce chiffre déjà ahurissant va immanquablement exploser dans les années à venir. Ce phénomène prend une telle ampleur que les supports de stockage physiques pourraient bien commencer à manquer.

Un scénario que redoutent particulièrement les chercheurs de l’Université de Southampton. Pour pallier ce problème générationnel, ils ont commencé à travailler sur du matériel révolutionnaire ; en 2016, ils ont annoncé avoir fait des progrès sur une toute nouvelle technologie de stockage, dite en “cinq dimensions”.

Un stockage en “5D” d’une densité jamais vue

Celle-ci repose sur l’utilisation d’un laser à très haute vitesse, capable d’être précis au millionième de milliardième de seconde. Pour écrire, il vient percuter une nanostructure sensible à la lumière, ce qui va légèrement altérer sa position dans les trois dimensions. Jusque là, le processus est assez semblable à celui d’un DVD standard. Mais ce laser ultraperformant ne s’arrête pas là. Pour passer aux fameuses “5D”, il est aussi capable d’enregistrer l’orientation et la taille de ces petites particules. Très sommairement, cela démultiplie le nombre de possibilités, et par conséquent la quantité de données que l’on peut y enregistrer.

Toutes ces archives pourraient certainement tenir sur une fraction d’un tel disque. De quoi repenser toute notre logistique. © Nana Smirnova – Unsplash

A en juger par les caractéristiques techniques annoncées, ce nouveau support s’annonce tout simplement révolutionnaire. Pour commencer, ses créateurs expliquent que leur technologie battrait à plate couture toutes les solutions actuelles au niveau de la densité du stockage. Ils revendiquent ainsi une capacité de plusieurs centaines de TB, qui tiendraient dans un support de la taille d’un DVD.

Une capacité que même les constructeurs spécialisés ont beaucoup de mal à atteindre sur une seule unité. À titre de comparaison, un Shuttle 8 de SanDisk (144TB) se monnaie par exemple à plus de 10.000€, et mesure la taille d’un boîtier PC complet.

Une stabilité à toute épreuve

Mais cette densité déjà impressionnante est pourtant assez anecdotique par rapport au reste des caractéristiques annoncées. Le plus remarquable, c’est certainement sa stabilité. Celle-ci s’annonce tout simplement exceptionnelle; ce disque pourrait encaisser des températures supérieures à 1000°C sans broncher ! Encore mieux : d’après l’équipe de chercheurs, à 190°C ou moins, il serait même stable pendant… 13.8 milliards d’années.

Et il ne s’agit pas d’une faute de frappe. Pour resituer ce chiffre absolument effarant dans son contexte, il faut sortir la grosse artillerie. Car les seules entités connues qui soient assez vieilles pour rivaliser ont l’âge de l’univers lui-même ! Selon les estimations actuelles, ce dernier a environ 13,79 milliards d’années. Imaginez donc : cela signifie que si quelqu’un avait copié des données sur ce support au moment du big-bang, celles-ci pourraient toujours être lisibles aujourd’hui.

Le plus enthousiasmant, c’est que cette technologie tout droit sortie d’un épisode de Star Trek se rapproche grands pas. Tout récemment, ces mêmes chercheurs ont publié de nouveaux travaux où ils détaillent les progrès de leur système. Ils sont parvenus à porter la capacité d’un disque de 120mm x 2,4mm (soit deux fois plus épais qu’un DVD) à 500TB. Dans un second temps, ils sont même parvenus à y enregistrer 5 GB de données.

Les voyages vers l’espace pourraient bien changer notre conception du temps, et ce type de stockage pourrait un jour devenir vital. © SpaceX

Une probable révolution dans le stockage de données

La technologie fonctionne donc parfaitement; la principale limite se trouve désormais du côté de la vitesse. Avec 225 kb/s, leur disque n’a pour l’instant rien à envier à nos bonnes vieilles disquettes. Autant dire qu’il faudra plusieurs semaines pour le remplir entièrement. Mais l’équipe pense pouvoir atteindre des vitesses de l’ordre du Mb/s, et travaille d’arrache-pied pour concrétiser cette étape.

Dans tous les cas, ces disques ne finiront probablement pas dans un disque dur externe grand public. Leur usage se trouvera plutôt du côté des professionnels et des institutions pour qui la sauvegarde de données est vitale. On pense évidemment aux géants du numérique, pour qui la sauvegarde des données est un calvaire logistique de tous les instants.

A l’heure actuelle, ce nouveau support rivalise tout juste avec une disquette en termes de vitesse d’écriture… mais ce n’est qu’un début. © S Migaj -Unsplash

Cela pourrait aussi avoir une grande valeur dans la préservation du patrimoine, et de l’Histoire en général. On peut imaginer une sorte de coffre-fort numérique, capable d’abriter des archives historiques d’une valeur inestimable pour notre civilisation. Il suffirait par exemple de quelques disques pour consigner l’ensemble de la littérature mondiale. Même chose pour des archives vidéo, des chansons, des discours, des actes de propriété… tout ce que l’on pourrait souhaiter conserver au format digital, en somme.

Si l’on extrapole, on peut aussi imaginer des tas d’usages futuristes dans le cadre de longs voyages spatiaux. Mais la liste des possibilités est tellement longue qu’il serait inutile d’en faire l’inventaire dès à présent. Mieux vaut patienter jusqu’à ce que ces chercheurs aient finalisé leur produit dans les années à venir; nous serons alors en mesure de dire si c’était un faux espoir, ou s’il va bel et bien changer notre conception du stockage de données. Le texte de la nouvelle étude est disponible ici.

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5 commentaires
  1. Sympa, mais cela sera destiné aux bibliothèques, archives… mais pas aux particuliers.
    Pourquoi ? Revenir sur les anciens systèmes de gravure,(graveur ans co) et payer une fortune, c’est mort.
    Le temps que leur problème de débit soit réglé, on a déjà dépassé les 100 To sur SSD, leur système sera déjà obsolète.

  2. Concernant la longévité les chiffres sont totalement fantaisistes, affirmer que les supports qu’à 190° ou moins ils seraient stables pendants 13,8 milliards d’année est complètement farfelu.
    C’est du marketing poussé au ridicule mais puisque peronne ne pourra le vérifier pourquoi s’en priver.

  3. Le problème dans le stockage ce sont les interfaces. On fabrique un “super disque dur” avec une interface USB3 ou autre mais cette interface n’existera plus 50 ans. Il n’y aura pas de machine dans le futur sur laquelle brancher sont super disque.
    On devra donc créer des “super adaptateurs” mais il faudra des plombes pour lire les données.
    Dans les années 80 on avait crée des super disquettes mais on ne peut plus les lire maintenant faute de lecteur et d’interface.

  4. Pas la peine de conserver des données des milliards d’années vu que dans 500 millions d’années l’augmentation de la luminosité du soleil commencera a griller la terre. Puis le soleil se transformera en géante rouge qui pulvérisera la terre et peut être aussi mars. il y très peu de chance de trouver une autre terre

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