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Que deviendra notre corps si l’on meurt dans l’espace ?

Saviez-vous que les naufragés de l’espace pourraient se transformer en quasi-momies ?

Depuis que la course à l’espace est repartie de plus belle, nombreux sont ceux qui s’imaginent déjà déménager loin de la Terre, dans la lignée d’Elon Musk. Pourtant, le corollaire passe souvent à la trappe; on s’imagine souvent y vivre, mais rarement y mourir.

C’est un sujet très intéressant pour Tim Thompson, un anthropologue et biologiste américain. Il s’est  posé une question un tantinet morbide : qu’arriverait-il à notre corps si l’on mourait dans l’espace ? Il a depuis publié le fruit de sa réflexion sur The Conversation. Âmes sensibles s’abstenir !

Comme on peut s’y attendre, le processus serait très différent de celui que l’on retrouve sur Terre. Dès la mort, le sang s’arrête de circuler; sous l’effet de la gravité, il s’accumule dans un processus nommé livor mortis. Mais dans l’espace, ces conditions sont évidemment très différentes. En l’absence de gravité pour tirer les fluides vers les parties basses, celui-ci resterait équitablement réparti dans les vaisseaux sanguins.

Vient ensuite la rigidité cadavérique, aussi appelée rigor mortis. Chez les vivants, les muscles se contractent et se détendent grâce à l’interaction de l’actine et de la myosine, deux protéines des fibres musculaires. Le mécanisme qui leur permet de fonctionner est très dépendant du calcium; lorsque l’organisme meurt, ce calcium s’accumule dans les muscles, ce qui verrouille la machinerie moléculaire et rigidifie les muscles. Dans l’espace, ce processus se déroulerait exactement comme sur Terre.

Rien ne dit que le corps pourrait se décomposer complètement en l’absence de micro-organismes terrestres. © Joshua Hoehne – Unslpash

La décomposition spatiale, une mission (quasi) impossible

C’est à partir de là que l’équation se complique. Car sur Terre, nous connaissons relativement bien les conditions qui impactent à l’étape suivante, à savoir  la décomposition. Mais l’espace est un environnement encore relativement mystérieux, qui comporte de nombreuses inconnues.

Comme sur terre, les bactéries du système digestif dévorent également les tissus mous de l’intérieur. Mais celles-ci ont besoin d’oxygène pour fonctionner de façon optimale. Une ressource présente dans notre organisme, mais en quantité très limitée; cela prendrait donc beaucoup plus de temps. On a cependant une idée assez claire du processus.

En revanche, la donne est différente pour toutes les parties externes. Sur Terre, il existe ce qu’on appelle un réseau trophique, c’est-à-dire un ensemble organisé de chaînes alimentaires. Parmi elles, on retrouve toute une catégorie d’organismes que l’on appelle les décomposeurs; au cours de l’évolution terrestre, ceux-ci se sont spécialisés dans le recyclage de la matière organique.

Mais il va sans dire que dans l’espace ou sur n’importe quelle autre planète, la donne serait très différente. Pour commencer, il y a évidemment peu de chances de trouver des micro-organismes vivants; ce n’est pas un hasard si l’humanité court encore et toujours après la vie extraterrestre. Et même si l’environnement en question abritait des organismes vivants, rien ne garantit que le processus fonctionnerait. Ceux-ci n’auraient pas eu le luxe d’apprendre à digérer notre matière organique au cours de l’évolution.

De la momie cosmique au rôti congelé

Une fois les réserves d’oxygène épuisées, le corps resterait donc intact. Dans des environnements très secs, il pourrait donc se dessécher progressivement. Il y a aussi d’autres paramètres qui sont plus difficiles à anticiper. On peut par exemple citer le rayonnement solaire ou cosmique, dont l’effet sur un cadavre relève de la supposition. On peut aussi citer le sort de notre squelette. Dans certaines conditions, celui-ci pourrait tout simplement disparaître entièrement, tandis que les tissus mous seraient préservés. Le corps pourrait donc se transformer en une sorte de momie spatiale !

Pour apprendre à vivre dans l’espace, il faudra aussi ré-apprendre à y mourir. © Prettysleepy – Pixabay

Un autre aspect très important à prendre en compte est la température. Dans l’espace, ou à la surface de certains corps célestes, elle peut varier avec une amplitude considérable. C’est surtout vrai pour les objets sans atmosphère. Sur la Lune, la température peut varier de 120°C à -170°C en l’espace de quelques heures.

Dans l’éventualité très pessimiste où un médecin légiste récupérerait un naufragé de la mission Artemis, le corps pourrait donc présenter à la fois des traces de brûlures et des dégâts liés au gel. C’est encore pire si le corps flotte en orbite d’un corps céleste; devant l’étoile,  le côté face serait rôti en permanence, tandis que le côté pile serait complètement congelé. Reste à savoir si la partie intermédiaire sera cuite à point.

Des pratiques funéraires à réinventer

Plus sérieusement, d’après l’anthropologue, on peut donc s’attendre à ce qu’un cadavre spatial conserve une forme humaine pendant très longtemps. Il conclut sur une note mi-scientifique, mi-philosophique; selon lui, il faudra peut-être songer à faire évoluer nos pratiques funéraires.

Il est vrai que l’énergie sera une ressource précieuse pour les premières colonies. De plus,  l’environnement sera par définition très inhospitalier. Il sera donc compliqué d’y incinérer ou d’y enterrer nos morts; en plus d’apprendre à vivre sur d’autres planètes, il sera tout aussi important d’apprendre à y mourir.

 

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2 commentaires
  1. Mais on a pas parlé du fait qui manque l’oxigen ou mieux qu’il y a le vide et donc n’importe quel transformation peut y arriver sans oxygène, a mon avis.

  2. Oui même les températures extrêmes ,chaud et glacial selon si l’on situe dans l’ombre du soleil ou pas. On a trouvé un chien momifié dans le tronc d’un arbre très bien conservé puisque l’arbre en grandissant à absorbé toute l’humidité du corps.Aujourd’hui il y a un vrai intérêt à conserver son corps après sa mort, l’idée de revivre grâce aux futures technologies paraît séduire de +en+ de monde au point que des sociétés ont percé dans ce domaine.

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