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Une femme aveugle a pu voir à nouveau grâce à un implant cérébral

Des chercheurs espagnols sont parvenus à restaurer partiellement la vue d’une femme aveugle. Saura-t-on bientôt guérir la cécité ?

Au terme d’une série d’expériences impressionnante, des chercheurs espagnols sont parvenus à réaliser un exploit quasiment biblique, repéré par Interesting Engineering : rendre une partie de son acuité visuelle à une femme atteinte de cécité totale depuis seize ans !

Nous sommes tous attachés à l’ensemble de nos sens, qui définissent la façon dont nous percevons notre environnement. Mais peu prennent autant de place que la vue à l’échelle humaine. Ce sens est évidemment omniprésent dans la vie de tous les jours et nous permet d’identifier nos semblables et leurs expressions, de nous repérer dans notre environnement, et bien plus encore.

S’en retrouver privé constitue donc un changement de vie radical, surtout lorsqu’il survient à l’âge adulte. Cela fait donc des millénaires que l’on cherche à rendre la vue à eux qui en sont privés, avec des méthodes parfois terriblement barbares qui font froid dans le dos.

Et fort heureusement, la science a bien progressé depuis les boucheries de l’antiquité, et se tourne désormais vers divers implants. Mais le souci, c’est que la vision ne se passe pas seulement au sein de l’œil, loin de là. Un peu comme dans une caméra, l’optique n’est que la partie émergée de l’iceberg; une fois les informations capturées, c’est en coulisses qu’elles sont traitées. Chez l’humain, cela se passe dans une zone du cerveau baptisée cortex visuel.

Un implant qui en met plein la vue

Et si l’ophtalmologie clinique est un domaine extrêmement pointu, les neurosciences le sont peut-être encore davantage. Travailler à cette échelle est très difficile à bien des égards. Il a fallu attendre la fin des années 2000 pour que l’idée devienne sérieuse. Ce n’est qu’en 2017 que l’on a vu émerger les premières pistes concrètes du côté de l’équipe de Ken Shepard, à l’université de Columbia.

Depuis, la discipline a fait des progrès. À tel point que l’année dernière, des chercheurs espagnols sont parvenus à produire un système novateur. Celui-ci comporte un capteur frontal qui joue le rôle de rétine artificielle; celle-ci transmet ensuite les motifs lumineux à un implant cérébral qui stimule à son tour le cortex visuel chez des primates pour leur faire voir des formes ou des mouvements. Une avancée considérable, dont le concept méritait d’être testé sur l’humain… et c’est désormais chose faite.

Après avoir fait valider leur protocole clinique, les chercheurs ont travaillé avec Bernardeta Gòmez, une courageuse Espagnole de 57 ans qui a accepté de se jeter à l’eau. Cette dame a malheureusement souffert d’une maladie qui a entièrement détruit ses nerfs optiques; sans cette structure qui relie la rétine au cortex visuel, elle s’est donc retrouvée dans une situation de cécité complète.

© Universidad Miguel Hernández de Elche – YouTube

Une vision partielle et temporaire, mais des promesses déjà immenses

Les chercheurs lui ont implanté leur appareil au niveau du cortex visuel. La rétine artificielle, de son côté, a été intégrée à une paire de lunettes. Et à son réveil, le résultat s’est avéré plus qu’impressionnant : Mme Gomez a été capable de reconnaître correctement tout l’alphabet ! Après une période d’entraînement, elle était même capable de reconnaître la silhouette d’objets complexes.

Certes, nous sommes encore bien loin d’une vision à 10/10. Mais c’est un résultat bien plus encourageant que tous les projets initiés à ce jour, surtout que cette dame partait de zéro. Il y a de quoi être bluffé. Même sans pouvoir distinguer les nuances d’un visage, la possibilité de reconnaître les formes pourrait changer la donne au quotidien. Cela pourrait permettre à des non-voyants de se déplacer avec moins de contraintes, et même de lire sans avoir recours au braille.

Malheureusement pour elle, cette petite renaissance a été de courte durée; puisqu’il n’a jamais été testé in vivo aussi longtemps, l’implant lui a été retiré après six mois par principe de précaution. Mais cette période aura permis à l’équipe de collecter une montagne de données, synonyme de progrès conséquents. Si bien qu’aujourd’hui, ils travaillent déjà à une version définitive de cet implant.

Mais la route est encore longue. Une fois cette nouvelle étape passée, il faudra miniaturiser encore davantage les électrodes pour en multiplier le nombre. Cela permettra de contrôler davantage de neurones, avec l’espoir de pouvoir un jour recréer une image parfaite, identique à celle produite par un système visuel sain… et donc de changer radicalement la vie des millions de personnes atteintes de cécité. Le texte de l’étude est disponible ici.

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Source : Ruvid

1 commentaire
  1. Merci pour cet article et cette information qui n’a fait l’objet d’aucune reprise de la presse française, plus occupée par Zemmour et Hidalgo …

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