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Netflix veut organiser un festival de cinéma et ça ne fait pas l’unanimité

Les syndicats des distributeurs français ne sont pas vraiment ravis à l’idée de voir Netflix investir les salles obscures !

Après nos salons, Netflix veut investir les salles obscures de l’Hexagone. La firme qui a fait du divertissement à la demande son fonds de commerce revoit un peu sa stratégie en France, à en croire le récent communiqué partagé par la société de distribution Le Pacte. Dans sa lettre, l’entreprise fondée Jean Labadie explique que le N rouge va proposer quelques uns de ses films au cinéma au mois de décembre prochain. Les détails de cet événement sont pour l’instant tenus secrets, même si les distributeurs du DIRE et du SDI ont pu se procurer quelques informations.

Il s’agirait visiblement de proposer des projections payantes de certains films qui sont déjà disponible sur sa plateforme. Cela se ferait visiblement en partenariat avec des salles de cinéma d’art et d’essai emblématiques à en croire Le Pacte. Selon les informations de nos confrères du Film Français, c’est principalement le nouveau film de Jane Campion qui serait à l’honneur. On devrait aussi retrouver Pieces of Woman, Malcom & Marie ou encore The Guilty ou The Harder They Fall. Si sur le papier l’idée est plutôt tentante, elle est loin de séduire les distributeurs français.

Une campagne promotionnelle qui ne passe pas

Dans une lettre ouverte adressée aux exploitants de salles, le Syndicat de distributeurs indépendants et le DIRE expliquent :

“A l’heure où de nombreux films, victimes des 7 mois et demi de fermeture des salles, peinent à trouver une exposition à la hauteur de leur potentiel, nous dénonçons la tenue d’un tel festival qui s’apparente à une campagne marketing de grande échelle, une bande-annonce promotionnelle géante pour inciter des spectateurs de cinéma à s’abonner à un service payant. Si des œuvres assimilées à des « films de cinéma » se déploient sur les plates-formes, si les cinéphiles y trouvent leur compte, quel sera l’avenir des salles de cinéma et de tous ceux qui le font et le promeuvent ?”

Il faut dire que si les salles obscures reprennent des couleurs à travers le monde, la crise sanitaire a largement impacté l’économie du secteur pourtant en pleine croissance avant la pandémie. L’année 2019 avait établi un nouveau record de fréquentation avec 213,3 millions d’entrées réalisées selon le CNC. En 2020, après 162 jours de fermeture, elle n’avait pas atteint les 70 millions d’entrées. 2021 ne s’annonce pas beaucoup mieux, alors que les cinémas ont gardé portes closes pendant presque six mois.

Un pied de nez à la Chronologie des Médias ?

Forcément, cette querelle entre le petit et le grand écran ravive les tensions qui entourent les discussions d’une nouvelle Chronologie des Médias. Les syndicats ne manquent d’ailleurs pas d’y faire référence dans leur lettre ouverte. “Face à de tels choix, comment continuer de défendre, à vos côtés, le principe d’une exclusivité de plusieurs mois pour vos salles obscures dans une nouvelle Chronologie des médias qui saura intégrer les plateformes à notre écosystème en respectant l’ordre des fenêtres de diffusion ?”

En chantier depuis plusieurs mois, la nouvelle Chronologie des Médias tarde à se mettre en place. Les négociations sont tendues entre les différents acteurs du secteur, et notamment Canal+ qui s’inquiète de perdre sa position privilégiée au profit du N Rouge et ses consorts. Il faudra sans doute patienter encore un peu pour que ce calendrier des sorties soit officialisé. Pour rappel des faits, La Chronologie des Médias définit les délais de mise à dispositif d’une œuvre sur les différents canaux. C’est ce texte de loi qui empêche par exemple Avengers : Endgame ou Dune d’être proposé sur nos plateformes moins de 3 ans après leur exploitation en salles.

La nouvelle Chronologie des Médias a pour vocation d’acter un partage équitable entre les différents acteurs, à hauteur de ce qu’ils investissent dans la création française, et en tenant compte de l’arrivée des nouvelles plateformes. Il y a fort à parier que la tenue du Festival Netflix aura mis de l’huile sur le feu déjà bien vif de la sauvegarde de l’exception culturelle française.

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