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Chine : 80% d’énergie renouvelable et la neutralité carbone d’ici 2060 ?

La Chine prévoit d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2060, en remplaçant les énergies fossiles pour atteindre les 80% d’énergie “propre”.

L’industrialisation à marche forcée de la Chine a considérablement modifié le visage de la planète sur les dernières décennies. Une dynamique qui a permis à “l’usine du monde” d’exploser sur le plan économique, mais également dans son impact écologique. Le pays semble toutefois déterminé à inverser la tendance; son président Xi Jinping s’est récemment engagé à atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2060.

Une annonce qui semble extrêmement ambitieuse. D’après les derniers relevés du Global Carbon Atlas, le pays domine toujours le classement des émissions de carbone globales, loin devant les États-Unis, l’Inde et la Russie  En 2019, le pays émettait encore plus de 10 000 millions de tonnes de dioxyde de carbone par an.

C’est en premier lieu une forme d’obligation puisque la Chine a ratifié les Accords de Paris en 2017. Ce faisant, elle s’est engagée à limiter le réchauffement climatique à moins de 2°C par rapport à l’ère préindustrielle. Elle n’a donc pas d’autre choix que d’assumer sa décision et de montrer qu’elle se donne les moyens d’atteindre cet objectif.

Un modèle entier à reconstruire

Pour parvenir à cet objectif, le gouvernement chinois souhaite limiter à 20% maximum la part des énergies non renouvelables, et atteindre les 80% d’énergie propre. Il n’a cependant pas communiqué de feuille de route précise; on peut imaginer que cela commencera par réduire le nombre de centrales à charbon. En effet, cette source d’énergie particulièrement polluante fournit encore plus de deux tiers de l’énergie chinoise. Pékin devra donc forcément les remplacer.

Pour cela, plusieurs candidats existent. Il pourrait s’agir d’énergies renouvelables, dans lesquelles la Chine dispose paradoxalement d’une expertise reconnue. À l’avenir, nous pourrions donc voir fleurir des installations comme des fermes solaires, des centrales marémotrices ou encore de gigantesques éoliennes offshore. L’autre option se situe du côté des centrales nucléaires, qui n’émettent pas de gaz à effet de serre.

Si on peut évidemment se satisfaire de ces engagements de la part du gouvernement; qu’ils soient atteints ou pas, ils ne peuvent que pousser la Chine dans le bon sens, ce qui serait dans tous les cas une victoire pour toute la planète sur le plan écologique. Mais sans pour autant céder au cynisme le plus absolu, il existe aussi une seconde lecture de la situation, pas forcément incompatible avec les objectifs environnementaux.

L’écologie comme cheval de Troie géopolitique ?

Depuis son arrivée au poste de Président, Xi Jinping œuvre en permanence pour faire de la Chine une superpuissance taillée pour assumer un leadership mondial. Pour s’approcher au plus près de ce statut tant convoité, la diplomatie du pays ne rate jamais une occasion de revendiquer son avant-gardisme. Et connaissant la façon de procéder de Xi Jinping, la crise climatique pourrait bien constituer le cheval de Troie idéal .

Xi Jinping, président de la République populaire de Chine.
L’écologie pourrait également servir d’argument de poids sur la scène internationale.  © Foreign & Commonwealth Office / Flickr.

Le dirigeant pourrait ainsi faire d’une pierre deux coups. S’il parvient effectivement à atteindre cet objectif, la Chine s’enlèvera d’abord une grosse épine du pied; elle pourra alors continuer sa croissance économique débridée sans entrave. Une excellente nouvelle pour tout un pan de son industrie, notamment du côté des véhicules électriques.

Mais en même temps, elle pourrait aussi construire une belle histoire de rédemption comme le pays en raffole. Elle se délesterait ainsi du statut de “vilain petit canard environnemental” devant le monde entier pour revêtir une autre cape nettement plus prestigieuse, celle de champion de l’écologie. Une façon de se présenter comme une nation pragmatique, prompte à l’action, tournée vers l’avenir… et accessoirement beaucoup mieux placée pour donner des leçons, notamment à son meilleur ennemi américain.

Viendra aussi la question des partenaires de la Chine. Le pays est connu pour ses investissements massifs dans des pays en développement, notamment au niveau de l’industrie. Mais en septembre dernier, Xi Jinping a promis d’arrêter la construction de centrales à charbon à l’étranger. Une déclaration attendue, mais dont certains experts doutent néanmoins. Il conviendra donc de suivre la transition écologique de la Chine avec une attention toute particulière. Car celle-ci pourrait changer les choses bien au-delà du taux de carbone atmosphérique à Pékin !

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