Comment lutter contre la censure d’Instagram et de Facebook lorsqu’on est un musée ? Sans doute lassé par la politique de modération des réseaux sociaux grand public, l’Office de Tourisme de Vienne a annoncé la création de son compte OnlyFans. Si l’idée peut paraître surprenante — la plateforme étant plutôt habituée à héberger du contenu pour adulte — elle permet aux musées de la ville de faire la promotion de leurs collections représentant des nus, tout en protestant contre la censure opérée par les GAFAM.
Cachez ce téton antique que je ne saurais voir
Il faut dire que sur Instagram comme sur Facebook et TikTok, la nudité est officiellement interdite. L’algorithme des plateformes a ainsi pris l’habitude de mettre dans le même panier les photos suggestives, les contenus sexuellement explicites… et les œuvres d’art représentant la nudité. Une situation “frustrante” pour Helena Hartlauer, porte-parole de l’Office du tourisme de Vienne, qui dénonçait il y a quelques jours à The Guardian l’impossibilité de faire la promotion des œuvres pourtant majeures de la ville, comme le célèbre Autoportrait d’Egon Schiele de 1910.
À l’heure où les musées du monde entier rivalisent d’ingéniosité pour faire revenir leur public après la pandémie de covid-19, cette censure aux bonnes mœurs opérée par Instagram, Facebook et consorts ne passe pas auprès de la capitale autrichienne, qui subissait une baisse de près de 80% de ses visiteurs entre 2019 et 2020. Pour mettre en avant l’absurdité de l’algorithme de certains réseaux sociaux, la ville a donc décidé de créer son propre compte OnlyFans. Ici, pas de censure, les contenus jugés 18+ sont assurés de trouver leur place.
Avec cette opération coup de poing, l’office du tourisme de Vienne espère ainsi assurer la promotion de sa dernière exposition, consacrée au portraitiste italien Amedeo Modigliani, dont les œuvres trop explicites rendent “presque impossible” la promotion sur les réseaux sociaux grand public. Si cette situation a poussé la ville à migrer vers OnlyFans, ce n’est malheureusement pas la première fois qu’elle subit la censure des réseaux sociaux. En juillet, le compte TikTok du musée Albertina avait été suspendu suite à la publication d’une œuvre de l’artiste Nobuyoshi Araki montrant un sein nu. En 2019 sur Instagram, c’est une toile de Peter Paul Rubens qui avait été bloquée.
À l’heure où l’algorithme fait la pluie et le beau temps sur les réseaux sociaux, ce coup de communication de la part des musées viennois sonne comme un ultimatum pour les amateurs d’art. De son côté, Instagram semble toujours incapable de différencier pornographie et art.
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.
