Les microplastiques font indéniablement partie des désastres écologiques les plus pernicieux; ils sont difficiles à nettoyer, mais aussi à étudier. Si bien qu’aujourd’hui, nous ne savons toujours pas assez précisément quels sont leurs effets sur la santé. En revanche, ce que l’on sait très bien, c’est qu’ils sont absolument partout… y compris dans l’air que l’on respire, où ils auraient apparemment un impact tangible sur le climat.
C’est en tout cas la conclusion d’une étude récemment publiée par des chercheurs néo-zélandais, repérée par ScienceAlert. Ils se sont intéressés à la façon dont les microplastiques interagissent avec la lumière pour estimer leur impact potentiel sur le climat, en fonction de la quantité en suspension dans l’air. Et leurs trouvailles sont particulièrement intrigantes.
Dans un premier temps, ils ont découvert que les microplastiques non pigmentés avaient tendance à absorber les UVs à des longueurs d’onde rarement atteintes par d’autres particules. Ces rayonnements sont ensuite diffusés sous forme de lumière visible et d’UVs. Cela signifie que moins de rayonnement atteint le sol; en théorie, c’est donc une assez bonne nouvelle, puisque ce mécanisme aide à réduire l’accumulation d’énergie par la Terre. Et, par extension, le réchauffement atmosphérique.
Mais en parallèle, les chercheurs ont aussi remarqué qu’ils avaient tendance à absorber les radiations infrarouges. Cette propriété aurait l’effet inverse, à savoir participer au réchauffement global de la planète. Les microplastiques atmosphériques ont donc deux effets opposés; ils participent à la fois au réchauffement et au rafraîchissement de la Terre. Reste désormais à savoir lequel de ces deux composantes pèse le plus lourd dans la balance.
Un effet qui reste à quantifier
Pour le savoir, ils passé en revue toute la littérature scientifique sur les microplastiques atmosphériques pour inclure leurs trouvailles dans un modèle climatique… mais sans pouvoir tirer de conclusions très tranchées. “Les microplastiques pourraient donc contribuer à l’effet de serre”, au même titre que certains gaz, explique Laura Revell, auteure principale de l’étude, dans un communiqué.
À l’avenir, il faudra donc compléter ces travaux avec d’autres études pour savoir où placer le curseur. Car cela fait déjà quelques années que l’on sait que ces micropolluants ont déjà colonisé la planète; ils sont aujourd’hui partout, de notre nourriture à l’eau que l’on boit, et dans presque tous les endroits du monde. On en trouve même dans quasiment tous les êtres vivants jusqu’au fond de la fosse des Mariannes, et même au sommet du mont Everest… et ils ne sont pas arrivés là tous seuls.
Il est désormais bien établi que le vent est l’un des facteurs de dissémination du microplastique. Cela implique que la quantité de microplastiques en suspension dans l’atmosphère pourrait être bien supérieure à ce que l’on pensait jusqu’à présent. Le souci, c’est qu’ils sont partis pour y rester quelques temps. “Nous nous attendons à ce que les microplastiques soient présents dans l’atmosphère pendant de nombreuses années“, insiste Laura Revell.
S’ils ont effectivement un impact significatif sur le climat, il est donc d’autant plus urgent de savoir lequel. Faute de quoi, nous serons incapables d’en tirer les leçons adéquates le moment venu. “Si la concentration moyenne atteint les valeurs que l’on relève déjà dans les mégalopoles, l’effet des microplastiques atmosphériques sera significatif“, conclut Laura Revell. “Il deviendra potentiellement similaire à celui des aérosols déjà intégrés aux différents modèles climatiques“.
Le texte de l’étude est disponible ici.
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