En lançant sa toute première fusée de conception entièrement nationale, la Corée du Sud est officiellement entrée dans la course à l’espace. Elle a cependant échoué à remplir sa mission. Il faudra donc encore patienter, mais le pays est en passe d’intégrer le cercle fermé des nations avec un pied dans l’espace.
Le début de la mission s’est passé comme prévu; la fusée Nuri a décollé sans encombre du Naro Space Center. Les deux premiers étages ont rempli leur rôle à la perfection, et sont parvenus à propulser l’engin jusqu’à 700km d’altitude. Elle n’embarquait cependant aucun équipement crucial; à la place de sa charge utile, les ingénieurs ont chargé un gros bloc de métal d’une tonne et demie. L’objectif étant de simuler la présence d’un satellite, sans risquer de détruire un appareil extrêmement onéreux.
Et bien leur en a pris, puisque Nuri a malheureusement échoué à remplir sa mission. Il s’en est pourtant fallu d’un rien; le faux satellite a bel et bien été parqué sur dans l’espace, mais malheureusement, il ne s’agissait pas exactement de l’orbite ciblée à l’origine. Une imprécision évidemment inadmissible dans cette discipline, et synonyme d’échec à deux doigts du but. La Corée du Sud devra donc encore patienter avant de devenir la dixième nation à mettre un satellite en orbite.
Pourtant, il y a de nombreuses raisons de se réjouir. En effet, il ne s’agit absolument pas un cas isolé; il est même de notoriété publique que les vols inauguraux se passent rarement comme prévu dans l’aérospatiale. Une réalité dont sont bien conscients les ingénieurs, mais aussi le président coréen Moon Jae-in. “Nuri a échoué à remplir sa mission. Acheminer une charge utile en orbite reste donc un problème non résolu”, a-t-il déclaré à la télévision nationale.
La première fusée 100% “Made in South-Korea”
“Mais envoyer une fusée à 700km d’altitude reste un grand accomplissement en soi”, s’enthousiasme-t-il néanmoins. Une déclaration pleine d’ optimisme, qui vient ponctuer une étape certainement émouvante pour les ingénieurs du projet. Ils ont en effet passé plus d’une décennie à travailler comme des forcenés sur ce projet à près d’1,4 milliard d’euros. Leur objectif : produire leur propre fusée 100% coréenne. Rappelons en effet qu’ils avaient déjà procédé à un essai en 2013. Mais la fusée de l’époque, baptisée Naro, était majoritairement construite sur la base de technologie russe.
C’est désormais chose faite avec Nuri, dont le moindre rivet est estampillé “Corée du Sud”. C’est donc la toute première fois que les Coréens volent de leurs propres ailes. Certes, ce premier essai n’était pas aussi idyllique qu’il aurait pu l’être; mais cela n’enlève rien aux accomplissements des ingénieurs coréens, qui peuvent désormais être fiers de rejoindre la cour des grands. Ce n’est qu’une question de temps avant que Nuri ne finisse par atteindre ses objectifs.
Les yeux rivés sur le Nord
Et pour les citoyens, le plus tôt sera le mieux; en effet, il s’agit d’un des rares domaines où le Sud souffre encore de la comparaison avec son homologue du Nord. En effet, le pays de Kim Jong-un dispose d’une certaine avance en la matière; ses ingénieurs ont déjà déposé deux satellites en orbite… même si aucun d’entre eux n’a fonctionné. Pour la Corée du Sud, il est donc important de se remettre au niveau. C’est d’autant plus crucial qu’à l’heure actuelle, le pays dépend encore des États-Unis.
Avec son propre satellite, elle pourrait gagner en autonomie pour surveiller son turbulent voisin, régulièrement accusé de maquiller son programme d’armement nucléaire derrière un programme spatial de façade. Il sera donc intéressant de suivre le prochain lancement de Nuri, prévu en mai 2022.
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