L’espace est un endroit plus mouvementé qu’il n’y paraît. À l’échelle du cosmos, il n’est pas rare que des corps célestes massifs entrent en collision, surtout dans de jeunes systèmes solaires. Mais à notre minuscule échelle, ces événements sont rarissimes, et il est très difficile de les observer. C’est désormais chose faite grâce aux travaux d’une équipe internationale de chercheurs du MIT, de Cambridge, et de l’Université d’Irlande à Galway, repérés par Futura.
Tout commence avec l’observation de HF 172555, un bébé système solaire. Il s’agit d’un petit jeunot d’à peine 23 millions d’années, assez proche de notre Terre pour pouvoir être observé avec une grande précision. Et c’est une heureuse coïncidence, car il regorge également de particularités intéressantes pour les astronomes.
Comme tous les bambins de sa catégorie, il est constellé d’éléments perturbateurs particulièrement turbulents. A cet âge, la majorité des corps célestes qui le composent sont encore mal, voire pas du tout formés. À la place, on trouve un vaste disque de poussière et de gaz : le disque protoplanétaire, siège d’un vaste chamboule-tout cosmique.
Un vrai travail d’astronome légiste
À terme, c’est ce disque qui fournira le matériel nécessaire à la formation des planètes, qui nettoieront ensuite leurs orbites respectives au fil du temps. Pour les astronomes, il est donc très intéressant de le regarder de plus près. En effet, c’est une démonstration en direct de la dynamique de formation des planètes. On peut donc en tirer de nombreuses informations sur la façon dont notre propre système solaire a vu le jour.
C’est en réalisant certaines de ces observations de routine que les astronomes remarquèrent une particularité étrange. Ils ont repéré un drôle de nuage de poussière et de gaz, situé au beau milieu d’un vaste champ de débris rocheux. Une trouvaille qui a tout particulièrement intrigué les chercheurs. Tout semblait leur indiquer qu’ils étaient tombés nez à nez avec un cadavre de planète.
Ni une, ni deux, ils ont enfilé leurs tenues d’enquêteurs pour récolter des indices sur les lieux du drame et reconstituer la scène. Ils ont observé que la planète aurait été mutilée par un événement d’une violence extrême. Celui-ci serait survenu il y a environ 200.000 ans; à l’échelle cosmologique, le cadavre est donc encore tout frais. Une bonne nouvelle, car cela leur a permis d’étudier avec précision la composition du nuage gazeux avant qu’il ne soit lessivé par le rayonnement solaire.
Un cataclysme très instructif
C’est la composition de ce nuage, étonnamment chargé en CO2, qui a offert la dernière clé aux chercheurs. Ils en ont déduit que HF 172555 avait été le théâtre d’un cataclysme aux proportions bibliques; une planète comparable à la Terre aurait ainsi percuté un autre corps céleste de plein fouet. Le tout à une vitesse faramineuse de plus de 10 km par seconde. Autant dire que le choc a été d’une violence effarante. A tel point qu’ il aurait purement et simplement arraché son atmosphère à la planète ! Du jamais vu de mémoire d’astronome.
“C’est la première fois que l’on détecte ce phénomène “, explique Tajana Schneiderman, tout juste doctorante au MIT mais déjà auteure principale de l’étude. Et comme toutes les grandes premières en astronomie, c’est une observation qui regorge de données intéressantes. Celles-ci viendront compléter et affiner les modèles actuels qui décrivent la formation des planètes et des systèmes solaires.
À terme, l’objectif principal est d’en apprendre davantage sur les mécanismes en jeu. Cela nous aidera ensuite à remonter l’histoire de notre propre système solaire avec la meilleure précision possible. Pour cette raison, il sera donc intéressant de continuer à observer HF 172555 et tous ses phénomènes particuliers; après tout, nous sommes en première loge, alors pourquoi s’en priver !
Le texte de l’étude est disponible ici.
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