Passer au contenu

Des anthropologues démontent une vieille théorie sur les migrations humaines

Les anthropologues pensaient que les peuples d’Amérique étaient originaires du Japon, mais cette hypothèse a pris du plomb dans l’aile.

L’un des passe-temps préférés des anthropologues, c’est de remonter la piste qui a mené les populations de leurs berceaux respectifs jusqu’à leurs emplacements actuels. Pour les Américains, cette piste menait en Asie du Nord-Est, et en particulier au nord du Japon… du moins, c’est ce que l’on pensait jusqu’à la publication d’une étude récente repérée par Futura.

Cette hypothèse plutôt bien acceptée jusque-là se base sur des indices très concrets. En l’occurrence, il s’agit de pointes crantées en pierre, datées d’environ 15.000 ans. Des exemplaires ont en effet été retrouvés en Amérique du Nord; en parallèle, des objets comparables ont été identifiés au pays du soleil levant. Mais d’après l’équipe du Dr. Scott, il s’agirait d’une coïncidence qui aurait mené à une regrettable conclusion hâtive.

Pas de correspondance morphologique

Pour affirmer cela, ils se sont penchés sur des fossiles datant de l’ère Jomon; c’est à cette époque que vivait la seule civilisation japonaise connue pour produire ces pointes en pierre. Ils ont donc réalisé différentes analyses morphologiques. Première déception au niveau du crâne des Jomons, qui ne semble pas correspondre morphologiquement parlant. De plus, d’après l’auteur, des facteurs externes comme le changement de mode de vie et le climat auraient pu forcer une forme de “microevolution” qui brouille encore davantage les pistes.

Même constat au niveau des dents, l’une des armes ultimes en anthropologie. On y trouve des éléments morphologiques caractéristiques de différentes régions du globe, mais aucune qui puisse correspondre aux populations américaines. Pour les auteurs, cela prouve que “la contribuions biologique des Jomons à la colonisation des Amériques est négligeable, voire non existante”.

La piste sibérienne désormais en pole position

Pour pouvoir tirer des conclusions encore plus directes, les chercheurs ont complété leurs travaux avec des analyses génétiques dernier cri. Jusqu’à très récemment, il était tout simplement impossible d’analyser de l’ADN aussi vieux. Mais plusieurs techniques permettent désormais de travailler sur de l’ADN extrêmement ancien, aussi appelé aADN.Et là encore, les chercheurs ont fait chou blanc. Aucune des analyses réalisées (génome mitochondrial, groupes sanguins, haplogroupe Y, génome nucléaire…) n’a permis de relier les Jomons aux premiers américains.

Vient ensuite le dernier clou dans le cercueil de cette théorie. Il s’agit de la découverte récente d’un os fossilisé au Nouveau Mexique, daté entre 21.000 et 23.000 ans. Pour les chercheurs, il s’agit d’une “preuve définitive” que la colonisation des Amériques est survenue avant l’installation des Jomons au Japon.

Leurs travaux semblent plutôt pointer vers une origine assez différente, du côté de la Sibérie. Mais pour confirmer ou infirmer cette hypothèse, il faudra recommencer tout ce processus laborieux pour les autres peuples candidats. Les origines des peuples d’Amérique resteront donc mystérieuses encore quelque temps !

Le texte de l’étude est disponible ici.

🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.

1 commentaire
  1. Comme vous le dites bien au début de l’article “pour les Américains”. Les archéologues sérieux soutiennent la thèse du passage par la Sibérie depuis des lustres (sérieux = pas Américains). Après, savoir quelle culture est passée par là, et chercher à lui attribuer une paternité de l’autre côté du pont, c’est un peu de la masturbation. On peut jouer à le faire, mais il suffirait de campagne de fouilles en Sibérie pour avoir la réponse. Il faut bien se dire qu’on n’a presque rien comme vestiges préhistoriques (préhistoire ancienne au moins jusqu’au néolithique), que ces fouilles sont minoritaires, et que donc, on peut dire beaucoup de choses, rien n’est vraiment sûr.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Mode