Si les GAFAM Apple et Google sont régulièrement accusés de privilégier leurs produits et services sur les plateformes virtuelles, Amazon n’est visiblement pas en reste. Le géant du e-commerce fait l’objet cette semaine d’une enquête édifiante publiée par Reuters. Publiée le 13 octobre dernier, cette dernière révèle à travers plusieurs milliers de documents internes à l’entreprise, comment la firme américaine aurait utilisé les données de ventes de sa marketplace pour repérer les produits les plus populaires vendus aux consommateurs indiens.
Après avoir étudié ces best-sellers, les équipes d’Amazon auraient ensuite entrepris de créer de parfaites contrefaçons, allant parfois jusqu’à confier la fabrication de ses produits maison aux mêmes usines que celles utilisées pour la marchandise originale.
Amazon copie, puis favorise ses produits
En réalité, les pratiques décrites par Reuters ne sont pas inédites. En 2020 déjà, le Wall Street Journal accusait Amazon de surveiller à la loupe le succès des produits les plus rentables vendus par des tiers sur le sol américain, dans l’objectif de lancer ses propres produits concurrents, souvent très ressemblants mais aussi beaucoup moins chers.
Selon des documents datant de 2016 cités dans l’enquête de Reuters, Amazon aurait aussi profité de sa position hégémonique pour largement favoriser ses propres produits sur son moteur de recherche. Un procédé fermement démenti par le géant du web, qui indique dans son droit de réponse : “Reuteurs n’ayant partagé ni les documents ni leur provenance avec nous, nous ne sommes pas en mesure de confirmer la véracité des informations qui figurent dans ce rapport. Nous pensons que ces affirmations sont factuellement incorrectes et dépourvues de fondement”.
Les États-Unis veulent agir
Même si elle n’est pas surprenante, cette énième tentative d’Amazon pour entériner la concurrence ne passe pas auprès des régulateurs américains. Au Sénat, un nouveau projet de loi vise désormais à empêcher les entreprises technologiques — Apple, Google, et donc Amazon en ligne de mire — de favoriser leurs propres produits au détriment de la concurrence.
Rapporté par le Wall Street Journal, ce texte baptisé American Innovation and Choice Online Act (AICO) devrait à l’avenir, non seulement empêcher les géants du web de s’offrir les faveurs de leurs algorithmes, mais aussi d’abuser des données récoltées auprès des vendeurs tiers pour ensuite favoriser leurs propres produits.
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Ce problème s’est déjà produit dans d’autres pays, dont la France.
Il y a quelques années des artisans français se plaignaient d’avoir vu leurs produits originaux copiés et mis en avant sur la plateforme (par des partenaires d’Amazon), et leur “boutique” a été fermée sans aucun recours possible.
Des avocats les avaient prévenu qu’ils ne pouvaient rien faire, il n’y avait rien dans les clauses d’Amazon qui leur interdisait de les “virer” de la plateforme du jour au lendemain. Quant à la copie, c’est une autre histoire, mais il faut beaucoup de temps et d’argent, surtout contre les milliards et l’armée juridique des GAFAM.