Interrogée par 60 minutes cette semaine à la télévision américaine, Frances Haugen pourrait bien mettre à mal l’empire Zuckerberg. Cette data scientist et ancienne employée de l’entreprise jusqu’en avril dernier, a en effet dévoilé plusieurs milliers de pages de documents internes au Wall Street Journal. Certaines révélant notamment comment les plateformes du groupe — et surtout Instagram — peuvent être un danger pour les plus jeunes. Après la diffusion de l’enquête de média américain, elle a finalement témoigné à visage découvert, en confirmant qu’elle était à l’origine de ce que les médias locaux ont déjà baptisé “Facebook Files”.
Facebook privilégie ses intérêts
Dans l’interview diffusée sur CBS News, Frances Haugen explique avoir travaillé au sein de la division d’intégrité civique de l’entreprise. Un pôle abandonné il y a quelques mois après les élections présidentielles, et juste avant les émeutes du Capitole. “Il y a des conflits d’intérêts entre ce qui est bon pour le public, et ce qui est bon pour Facebook”, détaille ainsi l’ancienne employée du géant américain. “Je ne pense pas que Facebook soit prêt à investir ce qui devrait l’être pour empêcher l’entreprise d’être dangereuse”.
Parmi les accusations de Haugen contre Facebook, la conception même de l’algorithme du GAFAM, qui favoriserait les contenus haineux et problématiques… quitte à mettre certaines personnes en danger. Un moyen pour l’entreprise de susciter davantage d’engagement et de réaction : “Facebook s’est rendu compte que s’ils modifient l’algorithme pour être plus sécurisé, les gens passeront moins de temps sur le site, ils cliqueront sur moins de publicités, ils gagneront moins d’argent. (…) Plus les gens sont en colère, plus ils interagissent et ils consomment”, indique ainsi Haugen.
Un danger à l’international ?
Si le rôle de Facebook est régulièrement questionné aux États-Unis, c’est à l’étranger que la plateforme aurait le plus d’emprise, estime Frances Haugen : “Ce que je veux que tout le monde sache, c’est que Facebook est bien plus dangereux que quiconque ne le sait, et cela empire”. Sur les marchés internationaux, et notamment ceux non anglophones, Facebook aurait ainsi fait le choix de délaisser ses IA de modération, laissant à la désinformation tout le loisir de se propager. Le tout pour des raisons purement économiques, rapporte Haugen : “Chaque nouvelle langue coûte cher”, explique l’ancienne employée, avant de préciser que les algorithmes les modérateurs seraient peu ou pas rentables dans certains pays.
“Cette désinformation conduit directement à la mort de personnes”
De son côté, Facebook a évidemment réagi aux déclarations de Frances Haugen, en niant en bloc. Au sujet de la désinformation, le GAFAM indique : “Chaque jour, nos équipes doivent assurer la protection du droit de milliards de personnes à s’exprimer ouvertement, tout en gardant à l’esprit la nécessité de faire de notre plateforme un endroit sûr et positif. Suggérer que nous encourageons le mauvais contenu et que nous ne faisons rien n’est tout simplement pas vrai”.
Frances Haugen a déjà fait savoir par l’intermédiaire de son avocat qu’au moins huit plaintes avaient été déposées auprès de la Securities and Exchange Commission. L’ancienne employée de Facebook devrait être entendue mardi devant un sous-comité sénatorial du commerce.
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.