À une époque où de plus en plus de citoyens développent une vraie conscience écologique, chacun sait que les forêts sont une composante indispensable de nos écosystèmes. On pourrait donc se réjouir de l’apparition de forêts artificielles, dites “de plantation”; après tout, un arbre est un arbre, n’est-ce pas ? Pas si vite; Bastien Castegneyrol, chercheur en écologie à l’Inrae, a récemment publié un article qui dresse un portrait bien plus nuancé de cette situation.
Aujourd’hui, ces forêts de plantation représentent environ 7% de la surface forestière globale. Elles sont constituées d’un nombre limité d’espèces choisies avec soin, et plantées sur de grandes surfaces; on se retrouve donc avec de grandes étendues recouvertes d’une seule et même espèce d’arbre.
Dans l’absolu, c’est une bonne chose. Le chercheur rappelle en effet que ces forêts de plantation “réduisent la pression” sur les forêts naturelles. De plus, c’est un modèle que l’on connaît déjà dans le monde agricole. Comme pour la monoculture, les forêts de plantation présentent certains avantages indiscutables pour l’industrie.
Une uniformité à double tranchant
Cela permet d’optimiser la gestion de la parcelle bien au-delà de ce qui est possible dans une forêt naturelle. L’exploitant peut aussi obtenir une récolte plus homogène, ce qui simplifie grandement la chaîne d’exploitation. En résumé, cet “effet McDo” a fait ses preuves en termes de productivité.
Il y a cependant un autre facteur plus discret, mais tout à fait significatif à prendre en compte : l’homogénéisation. Un concept parfait pour l’industrie; ce n’est pas un hasard si Bastien Castegneyrol emploie le terme d’ “Effet McDo”. En revanche, c’est moins encourageant pour la biodiversité. Et c’est là une source d’inquiétude légitime. Car plus les travaux des chercheurs progressent, plus leurs conclusions semblent converger dans une même direction : cette diversité serait une composante majeure du fonctionnement de ces écosystèmes.
“L’homogénéisation des forêts, que ce soit à l’échelle de la parcelle ou du paysage, conduit à la diminution de leur capacité à fournir des fonctions et des services multiples”, explique ainsi le chercheur. Il rappelle par exemple que les diversités des arbres et du reste de la faune et de la flore sont étroitement liées. Plus on a d’espèces d’arbres, plus la forêt peut abriter de plantes et d’animaux différents, qui participent à leur tour à la dynamique de cet écosystème.
Un équilibre à trouver
Le souci, c’est que ces deux composantes sont difficilement réconciliables. En se basant sur une vaste étude de plus de 200 forêts européennes, le chercheur insiste sur le fait qu’il n’y a aucune solution miracle. Aucun arbre, ou mélange d’arbres ne permet d’optimiser toutes les fonctions d’une forêt ; impossible d’avoir le beurre et l’argent du beurre, en somme.
En conclusion, le chercheur rappelle que l’homogénéisation n’est pas un mal en soi. Elle permet de favoriser certaines fonctions spécifiques comme la production de bois, mais pas seulement; il peut aussi s’agir d’efforts de conservation, par exemple.
Pour éviter que l’ “effet McDo” ne devienne une épée de Damoclès suspendue au-dessus de nos forêts, il faudra donc appliquer cette homogénéisation de façon équilibrée, planifiée et raisonnée… sous peine d’en subir les conséquences pendant des décennies.
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Éviter de planter des conifères à la place des feuillues serait déjà bien.
Plus ça va, plus on voit des conifères un peu partout en France c’est n’importe quoi.
Il faut laisser le temps au temps après un incendie ou une coupé pour avoir un reboisement naturel avec des espaces qui vont parfaitement s’intégrer aux terrains.
Imposer tel ou tel espèce c’est n’importe quoi.