Ce n’est un secret pour personne : la station spatiale internationale est en sursis. Mais il y a au moins une bonne nouvelle dans l’histoire. Une fois la station hors service, la NASA pourrait économiser pas moins d’un milliard de dollars par an, qui pourront être réinvestis dans d’autres programmes.
À l’origine, elle devait prendre sa retraite vers la fin de la décennie. Mais les récentes déclarations sur l’état du segment russe, qui ne tient plus qu’à un fil, pourraient encore précipiter cette échéance. Pour la NASA, il devient donc urgent de se projeter dans l’avenir. En effet, l’agence a perdu de sa superbe et n’est plus la plaque tournante qu’elle était il y a quelques décennies.
L’ISS, totem d’immunité de la NASA
Elle doit désormais partager l’espace, et à ce petit jeu, elle souffre forcément de la comparaison avec l’aérospatiale privée. Impossible, en effet, de rivaliser avec des entreprises immensément plus riches et indépendantes.
Or, la station représente la principale relique de cette grandeur passée. Une partie conséquente de sa légitimité gravite aujourd’hui autour de l’ISS. Mais ce totem d’immunité approche de sa date de péremption. La question de l’après-ISS est donc absolument vitale pour la NASA. Elle va devoir rester humble et pragmatique, accepter ce changement de statut et se trouver un rôle à sa mesure. Et dans ce nouveau paysage, gérer une infrastructure spatiale ne fera probablement plus partie de ses prérogatives. Dans le scénario qui commence à se dessiner, elle pourrait se délester du statut de “principal sponsor et gestionnaire d’infrastructure”, et déléguer l’aspect technique au privé.
Un changement de paradigme radical, certes. Mais il semble en tout cas cohérent avec la réalité actuelle de ce marché, où le million de dollars reste l’unité de base. Cela fait d’ailleurs quelque temps que la NASA travaille à poser les bases d’une telle organisation. En mars dernier, elle a par exemple débloqué 400 millions de dollars pour financer différents projets liés aux stations spatiales.
Un nouveau rôle de coordinateur
Et à première vue, l’agence semble à l’aise dans ce nouveau rôle de coordinateur. Son enveloppe a apparemment suscité des “retours extrêmement positifs de la part de l’industrie” d’après Phil McAlister, vice-président des vols commerciaux à la NASA interviewé par CNBC. “Cela montre que notre plan de mettre l’ISS à la retraite et d’opérer une transition vers l’espace commerciale est un plan viable, solide”, renchérit-il.
Difficile de les contredire, sachant que l’agence a économisé des milliards en quelques années grâce à ces partenariats privés. Il faudra donc garder un œil attentif sur ses futures collaborations. On s’attend évidemment à ce que les omniprésents SpaceX, et Blue Origin, soient du voyage. Mais ils ne seront pas les seuls. CNBC rappelle également les exemples d’ Airbus, Boeing, Axiom, ou encore Lockheed Martin. De très nombreuses start-up devraient aussi rentrer dans la danse.
La NASA semble donc sur une bonne trajectoire, et peut commencer à envisager l’après-ISS avec sérénité. Mais en attendant, ce vieux coucou restera encore en activité au moins jusqu’en 2024. C’est à cette date que le Congrès américain décidera si, oui ou non, la station restera en activité jusqu’en 2028. L’agence, elle, n’est pas encore prête à tirer un trait sur la station et espère bien pousser jusqu’à cette date. La succession ne sera certainement pas prête d’ici trois ans. “Nous avons besoin de l’extension du bail de l’ISS”, conclut McAlister dans son interview à CNBC. Cette “inébranlable tour d’ivoire” nous rendra donc encore quelques fiers services avant de tirer sa révérence une fois pour toutes.
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