La sécurité fait partie de ces domaines où les chercheurs doivent faire preuve d’audace et d’inventivité afin de garder une longueur d’avance sur les attaquants – ou plutôt, de ne pas accumuler trop de retard. On se souvient par exemple des troupes de l’université Ben Gourion, qui ont déjà expérimenté avec des techniques d’espionnage particulièrement originales. Aujourd’hui, c’est l’université de Stanford qui s’illustre en la matière ; ils sont parvenus à identifier les objets à l’intérieur d’une pièce à l’aide d’un simple laser pointé à travers le trou de la serrure !
Pour y parvenir, ils se sont basés sur un concept déjà existant, l’imagerie “non-line-of-sight“. Comme son nom l’indique, elle consiste à observer un objet situé en dehors du champ de vision de la caméra. L’idée qui se cache derrière ce concept est conceptuellement très simple : il suffit d’émettre des rayons laser qui seront ensuite réfléchis plusieurs fois par les surfaces plates de la pièce avant de revenir au capteur de la caméra. Toute la difficulté consiste ensuite à interpréter ces résultats ; cette partie est prise en charge par un algorithme spécialement conçu à cet effet, qui va reconstituer une image à partir des bribes d’informations obtenues.
Des limites considérables
Mais dans le cas d’un simple orifice de la taille d’un trou de serrure, la situation est considérablement plus difficile à appréhender. En effet, les chercheurs ne disposent pas des mêmes surfaces plates faciles à exploiter. De plus ; la taille de l’ouverture est particulièrement contraignante ; dans un espace ouvert comme celui de l’expérience précédente, les chercheurs disposaient tout de même d’une grande quantité de photons à exploiter; mais à travers un si petit trou, il est beaucoup plus difficile de capter le retour des photons, et donc de reconstituer l’image.
Ces limites physiques, même toute l’ingéniosité des chercheurs n’a pas suffi à les contourner. Contrairement à l’expérience citée ci-dessus, celle-ci ne permet pas d’identifier des objets statiques. En revanche, la donne change radicalement lorsqu’on introduit du mouvement dans l’équation ; avec des objets animés et un temps de capture suffisamment long, cette technique permet d’identifier grossièrement le contenu de la pièce, avec des limites néanmoins conséquentes.
Une technique intéressante mais difficilement exploitable en conditions réelles
Bien évidemment, nous sommes loin d’un flux vidéo 4K qui permettrait de distinguer le moindre détail de l’autre côté de la porte ; comme on peut s’y attendre, la résolution finale est très faible. Il ne faut par exemple pas s’attendre à pouvoir faire la différence entre deux visages différents. En revanche, cette technique permet d’avoir une idée assez nette de la forme de l’objet. Dans les quelques exemples présentés par les chercheurs, on peut reconnaître les lettres de l’alphabet sans trop d’effort. On peut aussi identifier une silhouette humaine, et même distinguer la position des bras.
Le premier cas de figure qui vient à l’esprit concerne les forces de l’ordre ; avec un dispositif de ce genre, des policiers ou militaires pourraient capturer quelques bribes d’information en amont, avant de pénétrer dans un espace potentiellement hostile. Sur le terrain, cela pourrait donc leur éviter de tomber dans des embuscades. En revanche, le fait qu’elle nécessite un temps d’exposition relativement long fait qu’on peut difficilement envisager de l’utiliser en conditions opérationnelles, du moins pour le moment. Gizmodo suggère également que cette technologie pourrait trouver sa place dans des systèmes de navigation autonomes de dernière génération, même si l’implémentation paraît encore moins évidente. Si les applications pratiques ne se bousculent pas au portillon, cela reste néanmoins une preuve de concept très ingénieuse, et il sera intéressant de voir comment l’imagerie NLoS se développe à l’avenir.
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.