Des chercheurs de la prestigieuse université d’Oxford ont mis au point un “vaccin” – un choix de terminologie décidément curieux – en deux doses, construit à partir de la technologie utilisée dans le vaccin Oxford-AstraZeneca, pour traiter de très nombreux types de cancer. Sa particularité est qu’il fonctionne en duo avec un autre type de traitement : l’immunothérapie des cancers. En effet, ces maladies ont tendance à causer des tumeurs, c’est-à-dire un ensemble de cellules déficientes qui se multiplient de façon anarchique. Elles peuvent ensuite proliférer hors de tout contrôle en jouant sur le système immunitaire; plutôt que de s’attaquer directement à la tumeur, il est intéressant de se mobiliser directement sur les acteurs de l’immunité pour que l’organisme se défende lui-même.
Armer le système immunitaire contre les tumeurs
Les cellules qui nous intéressent ici font partie d’une catégorie précise de lymphocytes T qui s’attaquent aux tumeurs (abrégés LT-AT). Pour opérer, ils font la chasse à toute une série de marqueurs — les MAGE — la plupart des cellules tumorales en ont à leur surface, mais ce n’est pas le cas des cellules saines. Un peu comme les tatouages peuvent signifier l’appartenance à un gang, ces MAGE constituent un signe distinctif facilement identifiable. Il s’agit donc de lever certains “freins” chimiques, afin que les LT-AT partent à la chasse aux MAGEs et s’occupent elles-mêmes du coupable.
Sur le papier, cette technique fonctionne très bien. Mais en pratique, dans le cas de patients atteints de cancers agressifs, la quantité de lymphocytes antitumeurs est régulièrement très faible. Bien souvent, les solliciter ainsi n’a pas les effets escomptés. Les scientifiques d’Oxford ont donc cherché un moyen de ramener les LT-AT à un niveau acceptable.
Le futur de la cancérologie ?
Ils ont ainsi développé un traitement qui reprend une technique de bio-ingénierie déjà utilisée dans le vaccin Oxford-AstraZeneca pour cibler deux de ces fameuses protéines MAGE, sans fournir plus de détail sur le procédé. En revanche, ils expliquent que chez les souris, les traitements par immunothérapie (plus spécifiquement, la thérapie anti-PD-1) étaient bien plus efficaces après cette “vaccination thérapeutique”, avec une augmentation significative du nombre de LT-AT. “La combinaison du vaccin et de l’immunothérapie anti-PD-1 a abouti à une réduction de la taille des tumeurs et à une augmentation du taux de survie des souris plus importante qu’avec la seule thérapie anti-PD-1”, explique le communiqué.
“Cette nouvelle plateforme a le potentiel pour révolutionner le traitement contre le cancer”, affirme sans détour le contingent de l’université d’Oxford. Armée de ces résultats encourageants, l’équipe se dirige désormais vers les premiers essais cliniques chez 80 patients avec une tumeur du poumon conséquente. Si ces résultats sont concluants, ils pourront ensuite étendre cette technique à d’autres types de cancers; théoriquement, tant qu’une tumeur présente des protéines MAGE, il devrait être possible de s’y attaquer avec cette technique.
Bien évidemment, il est encore trop tôt pour tirer des conclusions hâtives. Comme toujours, il n’y a aucune garantie que ces conclusions soient transposables à l’Homme. Mais il sera néanmoins intéressant de suivre les retombées potentielles de ces essais cliniques, car si tout se passe comme prévu, cette technologie pourrait changer radicalement le paysage de la cancérologie. Le communiqué d’Oxford est disponible ici.
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Sauf erreur de ma part, c’est exactement l’inverse. Les vaccins à ARN messager ont été initialement mis au point pour lutter contre les cancers, et cette technologie a été réutilisée pour certains vaccins contre le Covid. Nul doute que le nombre de vaccinés va permettre de bien faire progresser cette technologie prometteuse