Dans un communiqué de presse paru hier, les Nations Unies ont annoncé que l’usage de l’essence au plomb était officiellement révolu. Une issue qui vient couronner deux décennies de lutte contre ce véritable fléau pour la santé publique et l’environnement, dans le cadre du Partenariat pour des Carburants et Véhicules Propres.
C’est une victoire dont il ne faut pas sous-estimer l’importance. Car pendant près d’un siècle, ces composés ont allègrement contaminé “l’air, la poussière, le sol, l’eau potable et les parcelles cultivables”; ils ont ainsi causé tout un faisceau de pathologies. On peut citer des problèmes cardiaques, cérébraux, ainsi que des cancers. Chez les plus jeunes, un empoisonnement au plomb peut également causer des anomalies de développement.
La plupart des pays les plus développés avaient déjà entériné son interdiction au cours des années 1980; en revanche, la quasi-totalité des régions moins fortunées ont continué de l’utiliser par nécessité économique. Le manque de moyens pour transformer leur infrastructure, en particulier, a joué un rôle considérable. Il a fallu attendre jusqu’en juillet 2021 pour que les dernières stations-service algériennes cessent de vendre de l’essence au plomb.
Un combat qui ne fait que commencer
Mais malgré cette excellente nouvelle, l’ONU reste prudente. Elle rappelle que même sans essence au plomb, le carburant des moteurs à combustion demeure un problème majeur. Le secteur des transports serait responsable de près d’1/4 des émissions de gaz à effet de serre liées à l’énergie.
L’autre mauvaise nouvelle, c’est que les grosses disparités constatées sur la question de l’essence au plomb se retrouvent à d’autres niveaux. Encore une fois, nous sommes dans un modèle à deux vitesses. D’un côté, certains pays riches ont déjà bien amorcé la transition vers les véhicules électriques; c’est notamment le cas en Scandinavie. Mais à l’inverse, certains restent coincés dans un cercle vicieux; pour des raisons économiques, les pays en développement ont tendance à récupérer “des millions de véhicules d’occasion de mauvaise qualité exportés d’Europe, des États-Unis et du Japon”. Malheureusement, ils importent du même coup les problèmes d’environnement et de santé publique qui vont avec; bien souvent, ce sont donc les habitants de ces régions en développement qui payent le plus lourd tribut.
Une situation qu’il faudra absolument gérer dans les plus brefs délais, sans se reposer sur ces nouveaux lauriers. “Nous exhortons les parties prenantes à s’inspirer de ce succès énorme pour s’assurer que maintenant que nous avons des carburants plus propres, nous adoptions également des véhicules globalement plus propres”, explique Inger Andersen, Directrice exécutive du programme environnemental de l’ONU. “La combinaison de carburants et de véhicules plus propre peut réduire leurs émissions de plus de 80%”, insiste-t-elle.
Enfin, l’institution rappelle que si le plomb a désormais disparu de l’essence, cet élément hautement toxique et polluant reste présent dans d’autres objets du quotidien. C’est notamment le cas dans certaines batteries. Il faudra donc également travailler à se débarrasser autant que possible du plomb dans le reste de l’industrie.
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